La FFB prévoit -5,5 % d’activité pour le bâtiment en 2024
À l’occasion de la conférence de presse trimestrielle de la Fédération Française du Bâtiment (FFB), Olivier Salleron, son président, a d’emblée dépeint le tableau : en 2024, l’activité du bâtiment entrera en récession.
Une baisse d’activité qui devrait s’intensifier dans le neuf
Après +1,7 % en 2022, l’activité du bâtiment enregistre une baisse de 0,6 % en 2023. La fédération est encore plus pessimiste pour 2024, prévoyant -5,5 % pour l’activité globale du bâtiment, encore «tirée vers le bas par le logement neuf, qui représente 30 % de l’activité bâtiment », a souligné le président de la FFB.
Dans le détail, la fédération prévoit une baisse d’activité de 14,6 % dans le neuf. Les permis de construire chuteraient de 12 %, et même de 17 % pour le logement individuel, et les mises en chantier de 16 %, soit un niveau historiquement bas.
Source : Fédération Française du Bâtiment (FFB)
Olivier Salleron a estimé que cette crise devrait durer « deux ans minimum si rien n’est fait », et que 150 000 emplois dans le bâtiment étaient toujours menacés d’ici 2025, avec 90 000 salariés en moins dès 2024.
Des inquiétudes concernant la réforme de MaPrimeRénov’
Côté amélioration-entretien, la FFB anticipe un « tassement » de l’activité, qui devrait reculer d’un point, avec +1,6 % en 2024, contre +2,6 % en 2023.
En cause : la réforme de MaPrimeRénov’. Alors que la rénovation globale deviendra obligatoire pour les passoires énergétiques, certains ménages qui avaient prévu de ne faire qu’un seul poste de travaux (isolation, changement de fenêtres ou autre) seront désormais dans l’obligation de réaliser d’autres gestes, tels que le changement de leur chauffage, les obligeant à rajouter 10 000 ou 15 000 euros dans leur budget travaux pour pouvoir bénéficier de l’aide.
Par ailleurs, la FFB regrette l’obligation de recourir à un Accompagnateur Rénov’, alors que seuls 300 MAR seraient prêts, selon la fédération, au lieu des 2 500 prévus par le gouvernement. La FFB craint ainsi un risque de ralentissement de l’activité, pénalisée par ce retard.
Olivier Salleron a toutefois salué la création de « MaPrimeAdapt’ », dotée de 500 millions d’euros pour l’année 2024, et qui doit entrer en vigueur dès le 1er janvier. Mais aussi le plan « ÉduRénov’ », qui doit permettre de rénover les 30 000 écoles - notamment primaires - grâce à un budget de 30 à 40 milliards d’euros prévus sur 10 ans.
PTZ, Pinel, REP… les demandes de la FFB
En conclusion, le président de la FFB a rappelé les demandes de la fédération, réclamant notamment un prêt à taux zéro (PTZ) à 40 % sur tout le territoire, et un retour à la version 2022 du Pinel, qui était plus avantageuse.
Enfin, la fédération a exprimé ses critiques envers la mise en place de la Responsabilité Élargie du Producteur pour les produits et matériaux de construction (REP PMCB), remontant la « grogne » de nombreux artisans et entrepreneurs du bâtiment, selon lesquels le service ne serait pas à la hauteur. La FFB a également souligné que les barèmes des éco-contributions n’étaient toujours pas connus pour 2024, alors que la fédération avait demandé une publication 9 mois à l’avance pour permettre aux professionnels du bâtiment de mettre à jour leurs devis.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock