La construction représente près d'un quart des faillites d'entreprises
Pour la troisième année consécutive, la France affiche un taux de croissance inférieur à 1 % avec 0,4 % en 2014, entraînant machinalement les entreprises dans une spirale de défaillances. Les PME (avec un chiffre d'affaires entre 250 000 et 2 millions d'euros) restent soumises à une forte hausse des défaillances : +3,7 % en 2014 (contre +7,2 % en 2013 et 6,4 % en 2012). Elles représentent ainsi 21 % des défaillances en France, soit plus de 13 000 entreprises par an.
Et les chiffres ne sont guère plus encourageants pour les plus grandes entreprises, celles dotées d'un chiffres d'affaires de plus de 15 millions d'euros, puisque sur les douze derniers mois, jusqu'à fin septembre, plus de 180 grandes entreprises françaises ont fait défaut.
« Les défaillances des grandes entreprises représentent un chiffre d’affaires cumulé de 8,9 milliards d’euros et un poste fournisseur cumulé de 1 milliard d’euro », analyse Nicolas Delzant, président du Comité Exécutif d’Euler Hermes France. « Le ralentissement de la consommation des ménages, face à une forte tension sur les prix et des marges déjà réduites, ont eu raison d’une trésorerie déjà affaiblie depuis plusieurs années.»
Une région sur deux connaît une hausse des défaillances
A l'échelle régionale, ce phénomène connaît une hausse supérieure à 1 % dans la moitié des régions, avec une progression supérieure à 6 % dans trois d'entre elles : Corse, Haute-Normandie, et Limousin.
Au total, quinze régions continuent d’afficher des volumes de défaillances supérieurs à ceux de 2009, avec un bilan particulièrement défavorable en Haute-Normandie (+24%) et en Champagne Ardenne (+11%).
L'Île-de-France n'est plus épargnée par la poussée des défaillances : +2,5 % sur les douze derniers mois. Elle concentre ainsi près d'une faillite sur cinq.
La construction mal en point
Plusieurs secteurs affichent des défaillances en léger repli sur les 12 derniers mois, ce qui n'est pas le cas pour la construction qui connaît même un rebond préoccupant en 2014.
« La construction est un secteur clé dans notre économie, pesant pour 5% du PIB, 25% de l’investissement et plus de 5% de la population active en France. Or, elle représente également près d’un quart des faillites et sa situation semble se dégrader fortement depuis quelques mois. Sa sortie de crise est essentielle et requiert des mesures de soutien adaptées, pour à la fois relancer les grands travaux, les rénovations de logements et la construction de logements neufs », commente Nicolas Delzant.
Les volumes des défaillances dans les autres secteurs avoisinent les points hauts observés depuis depuis 2000.
La procédure de sauvegarde peu utilisée
« Depuis sa mise en place en 2007, la sauvegarde est encore assez peu utilisée. Ce rempart qui devait donner du temps à l’entreprise pour trouver un nouveau souffle décolle difficilement : déjà fortement fragilisées, 90 % entreprises qui entrent en procédure collective peinent à trouver une issue favorable et finissent en liquidation judiciaire », explique Maxime Lemerle.
Sur la période 2006-2011, plus de 70 % des entreprises entrées en redressement judiciaire suite à de premières difficultés ont finalement subi une liquidation judiciaire. De même, 40 % des procédures de sauvegarde ont fini en liquidation, avec ou sans passage par un redressement judiciaire.
En 2015, le rebond de la croissance (+ 0,8 % en prévision) lié à l'investissement des entreprises et un léger regain du dynamisme du commerce extérieur, ne sera pas suffisant. Les observations sur une longue période montrent qu’il faut en moyenne +1,7% de croissance du PIB pour enclencher un véritable reflux des défaillances.
C.T