La CFDT joue la carte du symbole en vue d'ouvrir des négociations sur le compte pénibilité
Puis, tandis qu'une sono crachait le bruit assourdissant de marteau-piqueurs, l'un d'entre eux a dénoncé au micro « l'indifférence et le lobbying indécent » du patronat qui ont un prix, « le prix du sang ».
Postures inconfortables, bruit, chaud, froid
« La CFDT ne veut plus fleurir les tombes des salariés du BTP! » ou encore « La manutention de charges lourdes, les vibrations mécaniques, les postures inconfortables, le bruit, le chaud, le froid... c'est dans le BTP! », pouvait-on lire sur des panneaux en référence aux facteurs de pénibilité dont les décrets d'application ont été repoussés d'une année, à janvier 2016, sous la pression du Medef et de la Fédération française du bâtiment.
« La FFB voulait enterrer le compte pénibilité car elle disait que la loi était inapplicable », a indiqué à l'AFP Jean-Marc Candille, secrétaire national de la FNCB-CFDT, qui se plaint de ne pas avoir eu « une seule réponse » aux demandes formulées pour ouvrir les négociations. Selon lui, les employeurs ne communiquent que par voie de presse, où « ils annoncent que c'est une loi inapplicable et qu'ils ne l'appliqueront pas, ce qui est proprement scandaleux et indécent pour les salariés du bâtiment ».
Pour la CFDT, le patronat fait preuve de mauvaise foi. « Il existe un outil, l'OPPBTP (une instance paritaire de prévention de santé), qui offre les moyens pour mettre en oeuvre cette loi », juge Jean-Marc Candille.
Si facteurs applicables en 2016
La Fédération du bâtiment, qui avait jugé le dispositif « coûteux, complexe, destructeur d'emplois », avait estimé avoir été « entendue » par le gouvernement début juillet après l'annonce par le Premier ministre Manuel Valls du report partiel de la loi.
L'ouverture d'un compte pénibilité permet aux salariés d'obtenir des points pour se former, travailler à temps partiel ou partir plus tôt à la retraite. La mesure sera applicable à partir du 1er janvier 2015 pour environ un million de travailleurs exposés à quatre facteurs de pénibilité: le travail de nuit, le travail répétitif, en horaires alternants ou en milieu hyperbare (comme les travaux sous-marins). Les six autres facteurs (postures pénibles, manutentions manuelles de charges, agents chimiques, vibrations mécaniques, températures extrêmes, bruit) ne doivent entrer en vigueur que le 1er janvier 2016.
A. LG (avec AFP)
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