L'international, relais de croissance des géants du BTP entre 2011 et 2013
Pour cette nouvelle publication, outre les majors européens autrefois étudiés de façon exclusive, les huit outsiders continentaux ont été ajoutés au panel des sociétés interrogées par Mazars. Ainsi en 2013, les premiers et les seconds ont réalisé 23% de leur activité en dehors de la zone Europe. Ce chiffre était de l’ordre de 18 % en 2011.
« A travers cette nouvelle étude, Mazars a souhaité mettre en exergue les facteurs de cette internationalisation du marché du BTP », déclare Olivier Thireau, Associé et responsable du pôle Construction et Ingénierie chez Mazars.
Une année 2013 plus difficile
Et ce dernier de poursuivre : « le développement des activités des groupes européens hors d’Europe était l’un des principaux enseignements de l’édition précédente, et nous avons voulu, cette fois-ci, analyser dans le détail la façon dont ces groupes s’inscrivent dans cette dynamique, et la réalité que recouvre leur extension géographique. »
Premier constat, les grands groupes européens ont amorti le choc en 2012, avant de subir une année 2013 plus difficile, surtout en ce qui concerne les outsiders (baisse de 5 % de leur chiffre d’affaires en 2013). In fine, les majors réalisent 29 % de leur activité hors d’Europe et les outsiders seulement 16 %.
Ainsi le français Eiffage, encore peu présent hors d'Europe, a affirmé « sa volonté d'expansion en ciblant particulièrement les marchés de l'Afrique et du Moyen-Orient, dont certains à risque, avec une progression de 44 % de l'activité hors d'Europe entre 2011 et 2013 », souligne l'étude.
Grâce au rachat de l'allemand Hochtief, l'espagnol ACS , a quant à lui vu son activité hors d'Europe progresser de 13 points aux alentours de 75 %, contre +12 points et +11 points respectivement pour ses compatriotes Acciona et Ferrovial, lesquels « s'éloignent d'un marché domestique encore en difficulté ».
Les PPP et concessions, secteur le plus lucratif
L'autre relais de croissance des géants du BTP sur la période repose sur les partenariats public/privé (PPP) et les concessions d'infrastructures, seul secteur où les grands groupes européens du secteur ont amélioré leur marge d'exploitation entre 2011 et 2013, tandis que la rentabilité de leurs autres activités se dégradait.
Ce pôle d'activité est aussi de loin le plus lucratif, avec une marge moyenne de 24,7 %, en hausse de 1,8 point, pour un chiffre d'affaires en progression de 0,8 %, selon l'étude, qui porte sur les 15 leaders européens du BTP.
Car a contrario, leurs autres secteurs d'activité ont vu leur marge, déjà moindre, s'éroder : elle n'a été que de 2,7 % dans le secteur du BTP (en baisse de 1,5 point) de 3,1 % dans la route (construction, entretien, -0,6 point), de 5,7 % dans les services relatifs à l'énergie, l'environnement et l'eau (-0,5) et de 8,3 % dans l'immobilier (-0,1).
En Europe, le groupe français Vinci est leader de la concession autoroutière avec ses branches Vinci Autoroutes et Vinci Concessions et sa marge opérationnelle, aux alentours de 30 %, est l'une des plus élevées du secteur avec celle d'Eiffage (un peu en-deçà de 40 %), relève Mazars. En Europe, seul Ferrovial fait mieux avec une marge opérationnelle d'environ 50 % en 2013, tandis que les britanniques Balfour Beatty (18 %) et Carillion PLC (25 %), ainsi que le néerlandais Royal Bam Group (aux alentours de 0 %) font moins bien.
Des « charges financières élevées » pour les PPP/concessions
En contrepartie, l'activité PPP/concessions comporte des « charges financières élevées », note l'étude. « Dans un contexte de crise des dettes souveraines, ce secteur pourrait bénéficier de l'intérêt des pays afin de limiter leurs investissements », estime le cabinet.
« Les taux de marge de ce secteur sont variables selon les pays », poursuit l'étude, notant que « les groupes français et espagnols bénéficient notamment de la privatisation des autoroutes ».
En France un vif débat s'est ouvert sur les tarifs des péages appliqués depuis la vente des concessions autoroutières à de grands groupes privés en 2006, l'Autorité de la concurrence pointant une rentabilité des sociétés concessionnaires de 20 % ou plus. Le ministre de l'Économie a promis de faire « baisser les tarifs là où ce sera possible ».
Cette étude est basée sur les documents de référence et présentations des sociétés étudiées, ainsi que les données publiées par la Fiec (Fédération de l'industrie européenne de la construction) et par la société Xerfi.
A. LG
© Thomas R.