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L'incertitude de LCA-FFB pour 2020

Publié le 20 février 2020

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Lors d’une conférence de presse se tenant ce 20 février, LCA-FFB montrait le bilan de la construction de 2019, et annonçait les premières estimations de 2020. Des estimations bien loin d’être concrètes dans l'optique des changements réglementaires. Alors que le marché de la construction se tenait en équilibre en 2019, qu'en sera t-il pour 2020 ?
L'incertitude de LCA-FFB pour 2020 - Batiweb

Face à une projection des chiffres du bilan de la construction de 2019, Grégory Monod, Président de LCA-FFB, et Christophe Boucaux, Délégué général de la LCA-FFB, s’apprêtent à annoncer les premières bonnes nouvelles. En 2019, le marché de la maison individuelle a progressé de 5 %, soit 6 000 logements supplémentaires, à 125 600 ventes sur douze mois, après un recul plus important en 2018 de 11 % (-15 000 logements).

 

Ce redressement des ventes de maisons individuelles est dû à des « conditions bancaires historiquement exceptionnelles », avec des taux d’intérêt en baisse, et un « taux moyen de 1,13% », une durée de prêt de 227 mois en 2019 et un abaissement des apports des particuliers à 14 %, (25 % d’apport était demandé auparavant). « L’anticipation des primo-accédants modestes de la fin programmée du prêt à taux zéro (PTZ) » n’aurait pas tenu un rôle innocent dans cette reprise du marché, le pourcentage des ventes ayant bondi de 12 % au troisième trimestre 2019 avant de redescendre à +2,6 % au quatrième trimestre. Finalement, ces conditions viennent compenser la suppression de l’APL accession et le rabotage du PTZ neuf.

 

Cette reprise des ventes de logements s’est « concrétisée dans la grande majorité des régions », à l’exception de l’Île-de-France (-4 %) et de la Normandie (-5 %). Ce marché de la maison neuve, selon Christophe Boucaux, semble pérenne. lié « à la demande et à l’appétence des Français qui sont réelles et durables. Le Français dans sa grande majorité, rêve d’un idéal, celui de la maison individuelle où il peut réaliser ses projets de vie ».

 

Deux tiers des constructeurs représentent le marché des maisons neuves. Cette importance donnée à la construction de maisons individuelles neuves inquiète la LCA-FFB et Christophe Boucaux. Que va-t-il se passer si le secteur ne se porte pas bien en 2020 ? « À chaque fois qu’il connait une croissance ou une décrue, le marché du bâtiment s’en ressent. C’est lié au poids du volume des logements neufs, mais aussi au manque de solution alternatives, d’habitats autres que la maison individuelle ».

 

Maisons neuves en secteur groupé et logements collectifs

 

Après le marché de la maison individuelle, LCA-FFB fait un point sur les maisons neuves en secteur groupé. Le « segment de l’individuel groupé (…) ne pèse que pour un peu plus de 5 % de l’ensemble des ventes de la promotion immobilière ». Christophe Boucaux évoque une véritable « dégringolade » des ventes, avec une diminution d’un peu moins de 30 % des ventes (27,8 %).

 

Le secteur collectif subit lui un effet yoyo avec des ventes qui augmentent avant de diminuer pour ré-augmenter légèrement (0,4 % sur 1 trimestre, 1,1 % sur deux trimestres, 0,2 % sur trois trimestres…). Les mises en vente sur l’année ont diminué de 12,1 % alors que la demande est toujours aussi soutenue, « mécaniquement, les prix de ventes continuent d’augmenter » et le mètre carré atteint un coût moyen de 4 250 €.  

 

Des perspectives compliquées…

 

Quand est mis sur la table le sujet des perspectives pour l’année 2020, Grégory Monod, Président de LCA-FFB - jusqu’ici assis derrière l’écran de son ordinateur -, se lève. En effet, les prévisions de 2020 sont un sujet délicat.

 

Il rappelle, avant d’annoncer un quelconque chiffre, les difficultés que va rencontrer le secteur. On parle alors des recommandations du HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière) pour 2020, qui demande aux banques de ne plus accorder de crédit lorsque le remboursement de celui-ci excède les 33 % du revenu, et demande de limiter la durée des crédits à 25 ans (alors que seuls 7,9% des ménages surendettés accèdent à la propriété). Puis, les difficultés du Bale IV sont ajoutées (des apports plus importants seront certainement demandés par les banques), ainsi que les premiers effets du ZAN (Zéro Artificialisation Nette). Bref, tout cela « crée de grandes incertitudes ». Presque à mi-mots, on nous annonce alors le chiffre tant attendu : « une stabilité autour des 125 000 ventes de logements, en deçà des moyennes de long terme constatée ».

 

Les autorisations de logements neufs devraient chuter de 1,7 % en 2020, et les mises en chantier de 2 %. Des chiffres peu réjouissants.

 

LCA-FFB nage en eaux troubles

 

« Chaque année il y a toujours quelque chose qui se passe ». Grégory Monod laisse les chiffres de côté et s’attaque aux 5 enjeux majeurs de 2020 de LCA-FFB : « Les divers gouvernements ont toujours compris l’enjeux de la politique du logement. De nouveaux challenges s’offrent à nous, et nous devons prendre le temps d’en discuter ».

 

Discuter d’abord du ZAN, une « transposition d’une ligne directive européenne avec un atterrissage normalement prévu en 2050 », dont les directives sont pour le moment trop compliquées à appliquer. « En France, on aime bien anticiper les choses, on aime être bon élève et on prévoit un atterrissage plus rapide ». Un atterrissage qui pourrait bien finir en crash prématuré. Gregory Monod regrette cette précipitation du gouvernement « il ne faut pas que le couperet tombe de manière brutale », une injonction présentant bien la crainte de LCA-FFB, à laquelle, pour toute réponse, le président de la fédération demande une réunion de tous les acteurs, et principalement des élus locaux, les plus à même à résoudre ce problème selon ses dires. Il rappelle que « construire des logements ne rend pas le sol imperméable, ni ne détruit systématiquement la biodiversité ».

 

Dans les grandes lignes des projets gouvernementaux en approche, Grégory Monod évoque également la RE 2020. La LCA-FFB reconnait le poids du bâtiment dans les consommations d’énergie, mais les effets indésirables inquiètent trop. « La RE 2020, ça fait longtemps qu’on en parle, ça fait longtemps qu’on travaille dessus. On ne souhaite pas retrouver ce qu’il s’est passé avec la RT 2012 qui a affecté les logements ». Le président de LCA-FFB l’avoue, « la dimension carbone, c’est quelque chose qu’on a encore du mal à maîtriser ».  À plusieurs reprises, les deux intervenants évoqueront les difficultés liées au manque d’information sur la RE 2020. Tous deux parlent de premières lignes directives connues avant l’été, mais, sourire aux lèvres, n’y croient pas vraiment. « On voudrait savoir là où va être mis le curseur pour la RE 2020. Il faudrait qu’on puisse calculer les coûts de cette règlementation. Tant que nous n’avons pas les contours, c’est difficile pour nous de dire qu’on veut du moins 10 %, moins 20 %, moins 30 % (d’émissions) ». Sans chercher à cacher l’information, les deux hommes reconnaissent qu’ils sont dans une zone floue, et que l’avenir du bâtiment reste incertain : « on se rend compte que les impacts potentiels, on ne sait pas les mesurer. On parle d’une échéance assez sportive à atteindre, en 8 mois, on doit former et mettre au point des produits de façon à ne pas créer des ruptures entre aujourd’hui et demain ».  

 

Julie Baranton 

Photo de une : ©J.B

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