L'importance de l’acoustique lors des aménagements des espaces de travail
Inévitablement, toutes les entreprises auront besoin de systèmes audio et vidéo, appelant le marché à se repositionner pour, en plus du réaménagement des salles de réunions hybrides existantes, prendre en compte la qualité audio des espaces de travail en construction ou qui seront construits.
Ce problème, William Zadnik, ingénieur chez Shure, fabricant de microphones et d’équipements audio, le constate au quotidien : « Sur site, il y a souvent des plaintes de système d’installation de visioconférence. Mais le problème ne vient pas de la captation audio ou d’une bande passante réseaux, ce problème ne vient uniquement du fait que la salle n’est pas adaptée à l’usage. Elle est adaptée pour une réunion présentielle, mais pas du tout pour une réunion hybride ».
En effet, certaines salles design et esthétiques peuvent amplifier naturellement les bruits parasites existants. À titre d’exemple, les murs de verres ou les parois lisses, renvoient l’écho et n’absorbent pas le son. Ainsi, certains bruits indésirables, comme le froissement d'un papier ou le bruit d'un clavier, peuvent encore plus dégrader la qualité audio de l’interlocuteur.
« Si l'on discute pour un projet de construction, mais qu’on ne se comprend pas en partie à cause de bruits parasites, on rajoute des délais bêtement et inutilement », souligne l'ingénieur. « C’est un eunjeu essentielcar il faut que même à distance la voix de notre interlocuteur soit claire, comme s’il était dans la même pièce », ajoute-t-il. Car tous les efforts des entreprises pour se doter d’une technologie performante « peuvent être réduits à néant si l’acoustique de la salle n’est pas à la hauteur ».
Architectes et acousticiens, une collaboration cohérente ?
Ce problème acoustique peut être « pallié », selon William Zadnik. Il explique : « L’idéal serait de s’orienter vers d’autres choix de matériaux. Il faudrait peut-être penser à gérer le plafond, avec l’installation d’un plafond acoustique, qui va enlever les réverbérations. Ou alors utiliser une moquette plutôt que de mettre du marbre », poursuit-il.
Car aujourd’hui le plus grand problème, c’est le taux de réverbération dans les salles. « On a pas de filtre magique, de processing pour pouvoir séparer le son direct et le son réfléchissant ». Un problème mécanique qui pourrait être réglé facilement, et qui serait très peu coûteux lors de la conception.
Cet enjeu peut également se traiter lors d’une réhabilitation. Mais pour cela encore, il faudrait que les architectes et les acousticiens coopèrent. « Un acousticien va essayer de trouver la solution la plus performante, et pas nécessairement la solution la plus jolie. Mais en travaillant avec les architectes et les architectes d’intérieur, on peut trouver une solution qui est à la fois fonctionnelle, acoustiquement performante et jolie », développe l'ingénieur. « Sans pour autant devenir acousticiens, les architectes doivent être formés au plus tôt à cette problématique », conclut-il.
Propos recueillis par Marie Gérald
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