Innovation : Quelle dynamique pour les PME et start-ups européennes ?
Afin de répondre aux objectifs nationaux à horizon 2050, le secteur de la construction a engagé sa nécessaire transition énergétique, environnementale et numérique. Évoluant avec cette mutation, les manières de construire laissent aujourd'hui davantage d'envergure au développement technique et innovant de nouvelles solutions. Et c’est là que les PME et start-ups du secteur entrent en jeu.
En effet, ces dernières constituent un potentiel considérable en matière d’innovations puisqu'elles représentent 99 % des entreprises du secteur en Europe et 83% de l’emploi total. Pour le Fonds de dotation Cercle Promodul/INEF4, qui œuvre à la réussite des transitions énergétique, environnementale et numérique du bâtiment, l'innovation suppose toutefois « une nécessaire collaboration intersectorielle ».
Partant de ce constat, le fonds de dotation a mis à disposition une analyse tirée des résultats du projet européen H2020 METABUILDING, en se concentrant en priorité sur six pays : l'Autriche, l'Espagne, la France, la Hongrie, l'Italie ainsi que le Portugal. Initié en juin 2020 et financé par la Commission Européenne, ce projet vise à encourager et financer l’innovation des PME et start-ups du secteur de la construction, croisé avec quatre autres secteurs : le numérique, l'économie circulaire, les solutions fondées sur la nature, et la fabrication additive. L’objectif ? Soutenir financièrement les collaborations européennes entre PME et start-ups.
Le numérique et l'économie circulaire, des secteurs dynamiques
Selon le rapport d’étude, le positionnement des PME et start-ups européennes des quatre secteurs semblent suivre une dynamique « sensiblement similaire » que ce soit en termes de logiques d’idées ou de projets.
Les secteurs du numérique et de l’économie circulaire restent néanmoins les plus largement sollicités, tandis que les sujets relatifs aux solutions fondées sur la nature et la fabrication additive suscitent un intérêt moins marqué. En effet, sur les logiques d’idées - appels à projet appelés SEED qui ont pour objectif d’évaluer la faisabilité d’idées de projets, d’opportunités d’innovation - 148 dossiers ont été déposés pour le secteur du numérique et 145 pour le secteur de l'économie circulaire, contre seulement 96 pour les solutions fondées sur la nature et 56 pour la fabrication additive.
En termes de logique de projets - appels à projets intitulés GROW & HARVEST qui permettent d’évaluer le niveau de maturité d’une technologie ou d'une innovation - 40 dossiers ont été déposés pour le numérique, et 23 pour l’économie circulaire, contre respectivement 18 et 17 pour les deux secteurs restants.
En France, le rapport note que cette dynamique reste similaire, avec cependant un intérêt légèrement plus marqué pour le secteur de l’économie circulaire. 37 dossiers ont été déposés sur une logique d’idées tandis que seulement 33 et 30 dossiers ont été déposés pour le numérique et les solutions fondées sur la nature.
« Le positionnement de ces structures, européennes comme françaises, est donc aujourd’hui clairement marqué selon les secteurs, même si l’on note un net détachement des dossiers numériques en termes de logique de projets, et donc une maturité et pertinence plus marquée car plus proches d’une éventuelle mise sur le marché », analyse le rapport.
Beaucoup d’idées, mais peu de projets financés
A ce stade-là, on observe une grande tendance générale et un net attrait des PME et start-ups européennes pour le secteur du numérique et de l’économie circulaire. Toutefois, en se concentrant seulement sur le numérique, le rapport distingue des structures portugaises, puisque 33% de leurs idées sont récompensées par les jurys, contre 23% pour les structures françaises et 17 % pour les espagnoles.
En termes de logique de projets, ce sont les PME et start-ups espagnoles qui marquent davantage leur positionnement sur le secteur, avec 53 % de dossiers déposés, suivi cette fois par les structures italiennes (30 %).
Quant au secteur de l’économie circulaire, l’étude remarque une nette opposition entre les PME et start-ups espagnoles et françaises en termes d’idées, expliquant ainsi que l'Espagne possède le plus fort taux de dossiers proposés, mais que ce sont les dossiers français qui sont les plus récompensés (38%, contre 29% pour l’Espagne).
En termes de projets, ce sont les structures françaises qui se positionnent comme celles ayant proposé le plus de projets innovants (35 %), suivies de près par les structures italiennes (30 %). Mais ce sont ces dernières qui se voient le mieux récompensées puisque 100 % des projets italiens positionnés sur l’économie circulaire ont perçu un financement.
Le rapport constate également que le secteur dédié aux solutions fondées sur la nature est, de façon globale, dominé par les PME et start-ups autrichiennes et françaises, avec respectivement 31 % et 23 % d’idées innovantes proposées. Cependant, il note, pour ces deux pays, une certaine difficulté dans la concrétisation du passage de l’idée au projet : les idées innovantes sont récompensées, mais la proposition de projets structurés ne l’est pas.
Enfin, le positionnement des pays sur le secteur de la fabrication additive est, quant à lui, moins marqué. Les structures françaises, espagnoles et portugaises se positionnent comme ayant proposé le plus d’idées innovantes (11 %). Sur les logiques de projets, ce sont les PME et start-ups finlandaises qui verront la totalité de leurs projets proposés financés.
« L’innovation, ce n’est pas seulement impulser une idée » note l’étude. « C’est avoir la capacité de transformer cette idée en projet ». Et les données du rapport révèlent que, bien souvent, les projets ne suivent pas les idées.
Marie Gérald
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