Guerre en Ukraine : la FFB alerte sur un retour en force des pénuries et hausses de prix
Après des pénuries et une inflation alarmante des prix des matériaux de construction durant l’année 2021, « cela commençait à revenir à la normal », nous explique la Fédération Française du Bâtiment (FFB). Malheureusement, les conflits entre la Russie et l’Ukraine « viennent à nouveau fouetter les entreprises qui avaient déjà été grignotées par la hausse des prix des matériaux, suite à cette première vague ».
3 ressources essentielles impactées par le conflit
La seconde vague inflationniste déclenchée par la guerre en Ukraine impacte notamment trois ressources essentielles pour le bâtiment. D’abord tout ce qui concerne l’acier, dont celui dédié à la construction (armatures, ronds à béton...). « Or le principal fournisseur est un fournisseur italien [Riva, NDLR], qui lui-même se fournissait en Russie et en Ukraine. Compte tenu de la situation, il n’y a plus du tout de production en Russie et en Ukraine sur les produits en acier », nous confie la FFB.
L’acier plat, nécessaire à la fabrication d’engins de chantier, tels que les grues, marque également un coup d’arrêt. Ce qui peut freiner la productivité de chantier en cas de panne ou stock insuffisant de matériels.
Autre composant touché de plein flouet par l'inflation : l’énergie, et plus particulièrement le gaz. « Quand vous fabriquez des tuiles, des briques, du carrelage… Il faut les chauffer à hautes températures. Et on les chauffe comment ? Et bien avec du gaz », souligne la FFB. Du coup, la production de ces matériaux se retrouve également bloquée, « parce que le prix est beaucoup trop important pour pouvoir être intéressant économiquement. Les fournisseurs ne vont pas produire des matériaux à perte », ajoute la fédération.
Troisième ressource en ligne de mire : le carburant, et cela « touche aussi bien les artisans que les plus grandes structures, et quel que soit le métier » selon la FFB.
Dans le bâtiment, le gros-oeuvre est bien le premier corps de métier le plus frappé par ces pénuries et hausses des prix des matériaux. « S’il n’y a pas d’armatures pour créer du gros-œuvre, le chantier va être arrêté, donc c'est l’ensemble de la filière qui va prendre du retard », s’inquiète la fédération.
À situation d’urgence, mesures d’urgence
Pour l’heure, la FFB n’a pas d’estimation précise des conséquences supplémentaires de la guerre en Ukraine sur les pénuries de matières premières. Une chose sûre, elle n’augure rien de bon, alors que la première vague entraînait déjà une inflation d’environ 12 %.
« Les artisans et entrepreneurs du bâtiment, qui ont porté l'économie au cours des derniers mois sont dans une situation déjà tendue, et ne pourront pas tenir sans mesures exceptionnelles », alerte Olivier Salleron, président de la FFB.
La fédération appelle donc les pouvoirs publics à adopter des mesures d’urgence, à commencer par un gel des prix de l'énergie et des carburants. Elle demande également une mesure transitoire de baisse du taux de TVA sur les carburants, et une prise en charge intégrale de l’activité partielle qui découlerait de pénuries.
Côté marchés publics, la FFB recommande une prise en compte systématique des demandes d'indemnisation, d'avenants aux marchés, tout comme une non-application des pénalités de retard. Face à l’imprévisibilité de l’inflation, tant sur les marchés publics que privés, une autre proposition incite les maîtres d’ouvrage à la re-négociation des prix, « aussi longtemps que durera le conflit », précise la fédération.
Virginie Kroun
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