Face aux pénuries et hausses de prix, Hexaôm se diversifie
Mercredi 21 septembre, Hexaôm, spécialiste des travaux en maison individuelle, publiait ses résultats du premier semestre 2022. Sur cette période, le groupe enregistre un chiffre d’affaires de 549,1 millions d’euros, soit une hausse de 9,9 % à périmètre constant.
La croissance est portée par l’activité construction de maisons, s’élevant à 426,1 millions d’euros (+10,4 %). Le reste est partagé entre la rénovation B2C (26,4 millions, soit +8,6 %), l’aménagement foncier (16,6 millions d’euros soit +181,4 %), ainsi que la promotion (31,3 millions d’euros, soit +17,2 %).
« Ce qui nous pénalise, c’est la rénovation B2B et c’est une filiale en particulier, qui s’appelle l’Atelier des Compagnons », relève Antoine Vandromme, directeur général adjoint d’Hexaôm. Le chiffre d’affaires dans ce poste recule à 48,6 millions d’euros (-14,4 %). Un chute expliquée par des problèmes conjoncturels, liés aux hausses actuelles des prix des matériaux. Sans compter des des problèmes d'organisation interne, avec des méthodes de travail à revoir suite à la période de forte croissance. « On est en train de remettre de l’ordre dans cette société », complète Antoine Vandromme.
Construire, un jeu d’équilibriste entre approvisionnement et maîtrise des marges
Il faut dire qu’à eux deux, Berval et Hexaôm cumulent 200 ans d’existence. De véritables « mamies rock’n’roll » de la maison individuelle, comme décrit avec humour Antoine Vandromme.
« Des crises, on en a connus, et même des guerres mondiales. On est toujours passé à travers parce qu’on a su anticiper, et puis on a toujours mené plusieurs métiers en même temps et actionner les bons leviers au bon moment », raconte l’intéressé.
Une image d’ancienneté, mais aussi de leader, qui a rassuré les fournisseurs en période de pénuries. Hexaôm a donc pu anticiper ses approvisionnements en matériaux, comme en main d'œuvre, tout en maîtrisant les marges du groupe, en particulier dans l’activité construction.
Les prix à la vente ont augmenté dès le printemps 2021, avec des augmentations de 2 à 3 % tous les deux à trois mois, sur les marques Hexaôm concernées. À tel point que les maisons sont devenues plus chères de 20 %, qu’avant la crise des matériaux, alors que selon les index BT 01, la hausse est estimée à 7 %.
Parmi ces marques : Maisons Berval et Maisons Évolution. Face aux hausses de prix, les points de veille sont triples, selon le président des deux marques, David Lacroix. Le premier consiste à recaler les prix de ventes aux hausses des coûts. « Le deuxième point, c’est anticiper les hausses qu’on va avoir à l’avenir. Tous les produits qui vont être en cuisson, donc les tuiles, les briques, les carrelages, pour ne citer qu’eux, on sait déjà qu’il va avoir de l’augmentation au courant l’année 2023. La seule façon de se protéger, c’est d’indexer nos contrats aux BT01 », précise David Lacroix.
Il ajoute : « La troisième sécurité sur les pénuries, c’est d’avoir des durées de contrat qui ne soient pas trop optimistes, fantaisistes, et qui tiennent compte aussi des réalités de marché des matériaux ».
Mais il n’y a pas que les prix des matériaux impactés par la guerre en Ukraine, il y a aussi le crédit à l’achat. David Lacroix note des « remontées à cause de la période inflationniste et les taux directeurs de la BCE. Donc à la fois les taux augmentent, et le taux d’usure devient handicapé. Parce que comme on est en forte remontée des taux chaque mois et que le taux d’usure est basé sur une moyenne trimestrielle, et bien mathématiquement quand ça augmente chaque mois, quand vous faites la moyenne d’un trimestre, le dernier mois est toujours supérieur à la moyenne. De fait, le calcul du taux d’usure n’est pas adapté à une forte période inflationniste », décrypte David Lacroix.
Afin d’accompagner les ménages primo-accédants, particulièrement touchés, Hexaôm propose différents outils : service de courtage en ligne, prêt d’1 % du BPCE bonifié, voire une cagnotte en ligne pour permettre aux proches des primo-accédants de se cotiser.
Objectif 30 % de CA en rénovation dans trois ans
Selon le dernier bilan d’Hexaôm, 72 % du chiffre d’affaires reste la construction en maison individuelle. Le groupe tend pourtant à se diversifier : promotion immobilière, aménagement foncier, ainsi que rénovation.
Le spécialiste de la maison individuelle a déjà activé ce dernier levier en 2015, mais a décidé de passer à la vitesse supérieure, alors que la rénovation de passoires thermiques devient une priorité dans le parc immobilier français. « Aujourd’hui, la rénovation, c’est 18 % du chiffre d’affaires. D’ici trois ans, ce sera au moins 30 % », nous expose le DG adjoint de Hexaôm.
Le groupe vendra dès 2023 des solutions d’économie d’énergie. « On est pas sur l’extension, on est pas sur la déco, on est sur un système de relation client très digital où on va simuler ce qu’il faudra faire pour leur maison pour atteindre telle ou telle étiquette. Au début c’est très théorique, et ensuite on passe à une relation en présentiel, avec une analyse de ce qu’il faut faire dans la maison, avec des packs de prestations déjà imaginés », nous détaille Antoine Vandromme.
Prestations confiées à tout un réseau d’artisans, avec qui les marques d’Hexaôm ont passé des contrats pluriannuels. C’est le cas de Maisons Berval, qui s’est déjà mis à proposer ces solutions. « Et on amplifie parce qu’on est en cours de recrutement pour étoffer les équipes à partir d’octobre », nous précise son président. D’autant que face aux pénuries de main d'œuvre, le groupe Hexaôm a lancé le dispositif Hexaprogress, par lequel sont formés des technico-commerciaux et ingénieurs en bureaux d'études.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de une : LinkedIn - David Lacroix et Antoine Vandromme