En Ukraine, la construction du nouveau sarcophage de Tchernobyl se poursuit
Classée au niveau 7, grade le plus élevé sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES), la catastrophe a eu de lourdes conséquences en ex-URSS. Les Nations Unies estiment d’ailleurs à 8 millions, le nombre de personnes qui ont été exposées aux radiations en Biélorussie, en Russie et en Ukraine à cause de l’exposition résiduelle continue.
Au lendemain de l’explosion, les autorités russes ont fait construire, en six mois, un bâtiment « sarcophage » autour du réacteur accidenté. Le but : minimiser la dispersion de matières radioactives, empêcher tout élément naturel de pénétrer à l’intérieur du réacteur et poursuivre l’exploitation du réacteur n°3 de la centrale, mitoyen du réacteur accidenté.
Renforcer le sarcophage
Mais si la durée de vie du bâtiment était estimée à 30 ans, la structure a rapidement présenté des fissures. Les risques d’effondrement se sont alors multipliés, menaçant d’exposer à l’air libre les 190 tonnes de combustible du réacteur contenues dans le sarcophage.L’urgence était donc à l’intervention pour éviter une nouvelle catastrophe et pour remettre aux normes le bâtiment. Des travaux ont été menés en 1999, en 2001 puis en 2005 afin de stabiliser la cheminée de ventilation, renforcer les structures en béton ou encore pour réduire les entrées d’eau de ruissellement dans le sarcophage.
En 2005 aussi, l’Ukraine a lancé un appel d’offres pour la conception d’une enceinte de confinement autour du « sarcophage » recouvrant le réacteur n°4, un concours remporté par le groupement « Novarka » constitué à parts égales (50/50) de Vinci Construction Grands Projets et Bouygues Travaux Publics.
Un chantier titanesque
Dans un communiqué, Novarka explique tout l’enjeu du projet qui comprend « la conception et la construction d'une enceinte de confinement en forme d'arche qui viendra coiffer l'actuel sarcophage ». La nouvelle arche a pour objectifs le confinement des matières radioactives, la protection des travailleurs sur site et la protection du sarcophage existant contre les agressions climatiques.L'enceinte de confinement, en forme d’arche, est composée d’une ossature métallique de 25 000 tonnes (36 000 tonnes équipée). D’une hauteur de 108 mètres de haut, soit la hauteur d’un immeuble de 30 étages, elle mesure 162 mètres de long pour une portée de 257 mètres. « Ce qui revient à pouvoir couvrir le Stade de France, ou la statue de la liberté, ou encore la surface au sol de la tour Eiffel », détaille le groupement.
Fondée sur deux longrines en béton, l’arche a été assemblée à l’ouest du réacteur accidenté, dans une zone de montage spécialement aménagée. Située à 330 mètres de distance du réacteur, le site a été « remblayé, sur une hauteur moyenne d’un mètre avec des matériaux sains, et recouvert en partie de dalles en béton ».
Les segments de la structure ont été pré-assemblés au sol puis reliés entre eux par des contreventements avant que le bardage ne soit installé sur la partie centrale. Les seconds éléments de l’arche ont eux été connectés à cette partie centrale par un système de charnières.
Des tours, conçues pour hisser des charges de plus d’un millier de tonnes, ont permis de procéder au premier levage. Ces dernières ont ensuite été déplacées vers leur dernière position, pendant l’acheminement des pieds de l’arche.
Une mise en route prévue pour 2017
Fin 2016, « une fois les tests et finitions réalisés, l’arche sera glissée sur 300 mètres à l’aide de vérins jusqu'à sa position finale » pour une mise en service fin 2017, indique Novarka. L’enceinte disposera d’équipements et d’installations qui permettront les opérations futures de démantèlement du réacteur n° 4.La membrane de l’arche sera fixée pour rendre l’enceinte hermétique. « Positionnés au-dessus du sarcophage, l’arche et les murs tympans seront connectés aux structures existantes » précise le groupement.
Le réacteur endommagé sera ainsi totalement isolé de l’extérieur. L’enceinte a été conçue de façon à durer 100 ans et à résister à des températures comprises entre - 43° et + 45°, une tornade de classe 3 ou encore un séisme d’une intensité maximale de 6 sur l’échelle de Mercalli.
Chiffres clés : - 1220 ouvriers ukrainiens - 220 collaborateurs expatriés de 21 nationalités différentes pour l’encadrement du projet - 60 personnes sur le site sont dédiées uniquement à la radioprotection Fiche technique : - Maître d'ouvrage Chernobyl Nuclear Power Plant (ChNPP), entreprise publique officiellement investie de l’assainissement du site de Tchernobyl. - Maître d’œuvre Project Management Unit (PMU), équipe commune composée de représentants du ChNPP et de Bechtel. - Groupement conception-construction Novarka, groupement composé à 50/50 de VINCI Construction Grands Projets et de Bouygues Travaux Publics. - Les Régulateurs : SNRIU (sécurité nucléaire) et les organismes rattachés aux ministères - La Banque : BERD. Elle administre le fonds des pays donateurs et prend les décisions majeures en accord avec les Autorités et le Maître d’Ouvrage - Investissement : l'enceinte de confinement (New Safe Confinement) représente environ un milliard et demi d'euros d’investissement, montant alloué au Chernobyl Shelter Fund (CSF). |
R.C
Photo de une : © Novarka