Des maisons de plus de 100 m2 construites en moins de deux mois
« Je fais partie de ce berceau de gens qui cherchent des nouvelles techniques pour demain, afin de construire de manière plus simple, plus rapide, moins coûteuse mais sans perdre l'objectif de performance », résume d'emblée Renaud Sassi, président de l'entreprise Logelis qui revendique la création d'un nouveau système constructif qui réunit toutes ses qualités.
Fruit de deux ans et demi de R&D et de plusieurs millions d'euros d'investissements, ce système s'inspire d'une idée allemande. « J'ai rencontré un allemand qui réalisait des maisons sur l'eau en panneaux composites. J'ai trouvé la technologie intéressante mais il n'avait pas réussi à l'industrialiser », explique Renaud Sassi qui se lance à son tour dans ce défi.
Après plusieurs prototypes invalidés, l'entrepreneur s'oriente vers un système constructif « Low Tech, c'est-à-dire facilement réplicable par tous » et construit deux prototypes de 100 m2 « à la fois low cost et de haute qualité, c'est là tout le paradoxe ».
Son concept repose sur des panneaux à base de ciment fibré des deux côtés dans lesquels sont injectés du polyuréthane à haute densité pour assurer le confort thermique. Sur une dalle classique existante, un rail aluminium est posé avec des encoches dans lesquelles viennent s'emboîter ces panneaux pré-fabriqués en usine. « On pose un panneau, puis un poteau et ainsi de suite... et on fixe tout ça sur une ossature bois. En dix jours, nous sommes hors d'eau, hors d'air, c'est d'une simplicité étonnante », affirme l'entrepreneur qui a breveté son concept et fait réaliser des tests concluants par le bureau d'études Ginger CEBTP.
Les finitions vont ensuite très vite car tout est fait en amont, en usine, notamment la pose des fenêtres et des portes, l'électricité et la plomberie. A l'arrivée le panneau supporte 33 tonnes en compression, assure une bonne étanchéité à l'air et une isolation thermique importante, selon le président. « Quelles que soient les régions, nos prototypes passent la RT 2012 grâce à une excellente isolation et malgré l'utilisation de radiants électriques ».
15 % moins cher qu'une maison traditionnelle
En termes de délais, l'entreprise s'engage sur un mois et demi de construction pour un coût 15 % moins cher que le prix de revient d'une maison traditionnelle car elle réalise 30 à 40 % d'économie sur la main d'oeuvre. L'objectif premier de l'entreprise est d'atteindre le marché des primo-accédants en proposant des logements accessibles à tous, dont la construction rapide peut également intéresser les zones tendues. « Nous pouvons réaliser tous les types de maison, du collectif à la maison d'architecte. Il n'y a qu'à recalpiner nos panneaux », souligne le président.
Persuadé qu'un marché se dessine pour son entreprise en France, Renaud Sassi n'a d'ailleurs pas hésité à investir. L'entreprise va bientôt déménager dans un atelier de 6 000 m2 à Roman-sur-Isère (contre 700m2 actuellement) et disposera en avril d'une nouvelle presse industrielle de 38 m de long, afin d'assurer la production d'une maison par jour. Les premiers retours sur le produit sont d'ailleurs encourageants « Nous sommes en contact avec des grands promoteurs connus, les gens semblent intéressés et beaucoup de personnes sont venues visiter notre usine », assure Renaud Sassi.
Y compris à l'international : « Nous avons failli démarrer notre production au Maroc, car notre produit est adapté aux pays en développement qui manquent souvent d'engins de chantiers. Nous recevons notamment des demandes de l'Algérie et du Mali. Mais nous sommes attentifs à démarrer et réussir d'abord en France. Ensuite, nous créerons des systèmes allégés pour l'Afrique afin que les personnes puissent se les approprier plus facilement et que notre technologie soit presque en open source », précise-t-il.
Pour l'heure, deux maisons mitoyennes près d'Orléans sont en cours de construction et déjà vendues. Les premières d'une longue série ?
Claire Thibault
© Logelis