Défaillances d'entreprises : le BTP enregistre la plus forte hausse au T2 2021
Altares publie les chiffres des défaillances d'entreprises au deuxième trimestre 2021. Sur cette période, le groupe a recensé 6 587 défaillances, soit +14,2 % comparé à un an plus tôt.
Alors que l'on dénombrait 12 347 défaillances au deuxième trimestre 2019, le bilan reste deux fois inférieur depuis le début de la crise, en raison des aides massives de l'Etat et de la politique du « quoi qu'il en coûte ».
Dans le détail, sur les 6 587 défaillances recensées au deuxième trimestre 2021, on dénombre 4 927 liquidations judiciaires directes (+14,5 %), 1 495 entreprises placées en redressement judiciaire (+14,7 %), et 165 procédures de sauvegarde (+3,1 %).
Altares note que le taux de liquidations directes, estimé à 75 %, reste au-dessus de la moyenne habituelle, et que les entreprises qui se présentent au tribunal sont dans une telle situation qu'il est déjà trop tard pour leur proposer une alternative.
Les TPE de moins de 6 salariés sont les plus touchées, avec 89 % des procédures.
Le BTP, secteur particulièrement touché
Le secteur du bâtiment est particulièrement concerné puisqu'il concentre un quart des défaillances, et enregistre la hausse la plus importante, avec une moyenne de +37 %. Dans le détail, on enregistre +50 % de défaillances dans le gros œuvre, et même +88 pour la construction de maisons individuelles ! Cette hausse reste en revanche plus contenue pour le second œuvre (+30 %), et les travaux publics (+24 %).
Tous secteurs confondus, on constate également des diparités régionales : l'Île-de-France, la Provence-Alpes-Côte d'Azur étant les régions enregistrant la plus forte hausse des défaillances, avec respectivement +37,3 % et +36,9 %. Suivent ensuite l'Auvergne-Rhône-Alpes (+17,8 %), le Centre Val de Loire (+17 %), et les Pays de la Loire (+16,6 %). Inversement, la Nomandie, la Bretagne et les Hauts-de-France s'en sortent mieux, avec respectivement -24 %, -21 % et -11 %.
Le nombre d'emplois menacés passe en revanche en-dessous de la barre des 20 000, alors qu'il était à plus de 43 000 au deuxième trimestre 2020. Chaque entreprise défaillante menace désormais en moyenne 3 emplois, contre 7,5 au deuxième trimestre 2020.
Une évolution dépendante de l'épidémie, des aides de l'Etat, et des pénuries de matières premières
Reste à savoir qu'elle sera l'évolution avec la fin des aides de l'Etat. Selon Thierry Millon, directeur des études Altares, « sauf retour d’une épidémie persistante, les perfusions financières devraient être débranchées dans les prochaines semaines. Pour autant, cela ne devrait pas déclencher sur les trois derniers mois de l’année une forte poussée des défaillances et un retour au niveau de 2019. En effet, la médiation et le traitement à l’amiable des retards de paiement devraient être encore privilégiés, limitant d’autant le recouvrement forcé et les assignations », explique-t-il.
Il s'inquiète en revanche davantage des pénuries et hausses de prix des matières premières, risquant de mettre les trésoreries des entreprises sous tension. « Si elles devaient perdurer sévèrement au-delà de l’été, ces hausses pèseraient alors sur les marges et pourraient contrarier sérieusement la reprise voire compromettre la pérennité des PME et ETI fragiles », résume-t-il.
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock