De la montagne à l’industrie, Jarnias élargit ses horizons en 2022
Décidément, 2022 est synonyme de croissance externe pour Jarnias, qui rassemble 250 collaborateurs et 50 millions d’euros de chiffre d‘affaires prévisionnel. L’entreprise spécialisée dans les travaux en hauteur et d’accès difficile sur les monuments historiques a d’abord fait l’acquisition d’Acro BTP en janvier.
Basé à Passy, dans la Haute-Savoie (74), le groupe est expert dans la même discipline, mais plus spécifiquement en zone montagneuse.
Et le périmètre continue de s’élargir ce mardi 22 mars, avec l’entrée de Profil au capital de Jarnias. Établie à Marseille (13), la société compte 65 collaborateurs dont 50 cordistes, travaillant sur 1 200 chantiers par an, dédiés notamment à l’industrie, au nucléaire et au génie civil.
Deux acquisitions permettant au groupe Jarnias « de gagner non seulement en taille mais surtout en expertises », se réjouit son PDG, Xavier Rodriguez.
Miser sur la complémentarité des compétences
Malgré le niveau de prouesse technique et physique, les travaux en hauteur et d’accès difficile diffèrent d’un environnement à un autre.
Ainsi les clients de tels services font appel à l’expertise « en montagne pour des sécurisations de falaise, des stabilisations de terrain, des travaux au-dessus de 2000 mètres (...) Et puis dans les milieux industriels, ils nous contactent pour la maintenance multi-technique, ils font appel à notre compétence liée aux soudures de tuyauterie haute pression sur les sites nucléaires. Et sur les monuments historiques, ils ont besoin de notre capacité de pouvoir intervenir sur cordes sur des opérations ponctuelles ou de grande envergure pour couvrir des clochers, pour pouvoir intervenir en maçonnerie, pour faire de la taille de pierre, pour réparer des charpentes. Donc c’est un métier d’accès, mais c’est un métier de polycompétence », nous rappelle Xavier Rodriguez.
Et cette poly-compétence qui allie l’accès et les métiers du bâtiment chez Jarnias, AcroBTP et Profil ouvre vers la voie vers des évolutions et mutualisations de projets. C’est le cas par exemple d’AcroBTP, qui exerce en zone montagneuse et affronte donc quatre mois de baisse d’activité en période hivernale, compte tenu des conditions météorologiques rudes. Afin d’optimiser les équipes, certaines « sont venues faire leur premier chantier de sécurisation de falaise à Paris, aux Buttes-Chaumont, l’hiver dernier », nous livre le PDG de Jarnias.
Pareil pour l’équipe de Profil, que Jarnias a aidé dans la réalisation de couvertures techniques. « Une grande partie de nos métiers, c’est d’installer des bâches, pour assurer des hors-d’eaux, pour assurer des confinements, ce qu’on a fait avec Notre-Dame-de-Paris, juste après l’incendie », nous raconte son dirigeant.
« La complémentarité des métiers du groupe nouvellement constitué permet à l’ensemble des clients et partenaires de trouver toute la palette des activités - montagne, urbaines, industrielles – quel que soit l’environnement », abonde l’intéressé.
Le bond semble haut et prometteur pour Jarnias, qui a plutôt l’habitude d’œuvrer sur des monuments historiques, du Panthéon à la tour Eiffel. Cette dernière a d’ailleurs fait l’objet de nombreux travaux. On compte notamment l’installation d’un nouveau système de refroidissement moins énergivore conçu par Honeywell en janvier. Un équipement complété par une nouvelle antenne radio, hissée au sommet le 15 mars par Jarnias, agrandissant de six mètres le monument parisien. L’ensemble de compétences de Jarnias, anciennes comme récentes, pourraient bien s’illustrer sur ce monument historique. « Un des derniers chantiers que j’ai réalisé en tant que chef de chantier, c’était d’assurer la continuité du service en eau, du deuxième au troisième étage, avec des cordons chauffants. Et puis on a installé des éoliennes sur la toiture », témoigne Xavier Rodriguez.
Une diversité d’expertises, certes, mais qui peine à recruter, à l’image de toutes les entreprises du BTP. Et Jarnias ne fait pas figure d’exception, comptant 100 postes ouverts. Le groupe tend donc à attirer de la main d’œuvre, mais à sa propre façon : suppression de la période d’essai pour créer un climat de confiance, bonne fourchette de salaires, mais aussi perspectives d’évolution, en partie grâce à la formation.
Jarnias a en effet lancé une formation d’initiation aux travaux urbains (ITU) et un programme intégrant des femmes dans les métiers des cordes. Une démarche inclusive, car « la première qualité qu’il faut avoir pour travailler dans le groupe Jarnias, c’est d’avoir envie », soutient son PDG.
Virginie Kroun
Photo de Une : Jarnias