Construction métallique : +19 % de CA en 2022
Sérénité. C’est le mot qui ressortait de la dernière conjoncture du Syndicat français de la construction métallique (SCMF), présentée ce mardi 6 décembre. Le premier bilan de cette année 2022 enregistre une production annuelle d’environ 768 000 tonnes.
La construction métallique enregistre également +19 % de chiffre d’affaires (contre +6,5 % en 2021), tiré par les hausses des prix des matières premières, et notamment de l’acier. Une situation qui s’était pourtant calmée courant 2021, avant de repartir de plus belle avec le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le SCMF n’avait pas manqué d’ailleurs de faire part de son inquiétude sur ce retour de flamme inflationniste, lors de sa conjoncture au mois de mars. Il faut dire que la flambée des prix des aciers (+140 %) dépassait celle des autres ressources sur l’année 2022. De 800 euros au kilogramme, le coût a grimpé à 2 100 euros avec le début du conflit, avant un effet de lissage à 1 200 euros sur les derniers mois.
Heureusement, « le marché a été tendu mais on jamais manqué d’acier. On a toujours été approvisionnés. On a peut-être attendu un mois ou deux pour certains produits, mais je n’ai pas connaissance d’ateliers qui ont fermé », nous rapporte Roger Briand, président du SCMF.
Une dynamique portée par le privé et le bâtiment industriel
« L’activité reste assurée par l’investissement privé. Heureusement, les investissements publics sont en évolution, avec les travaux du Grand-Paris - avec toutes les gares et les lignes 17 et 18 -, les Jeux Olympiques, et les requalifications des centres-villes, qui viennent développer une commande publique atone ces dernières années », précise Roger Briand.
Sans surprise, la construction métallique demeure fortement représentée dans le bâtiment industriel (59 %). On note cependant que la catégorie « Autres bâtiments » gagne du terrain (7,71 % en 2022, contre 6,28 % en 2021), dynamisée par les bâtiments de bureaux, de commerces et de stockage.
Côté bâtiments agricoles, silos et trémies, la construction métallique semble régresser (12,85 % en 2022, contre 13,43 % en 2021). « C’est une activité fluctuante, qui dépend pas mal des subventions publiques pour les agriculteurs. Les hausses des prix de l’acier ont freiné un peu la réalisation. Mais maintenant, la mise en place de panneaux photovoltaïques sur les hangars va sûrement se redévelopper », décrypte Christine Le Nouy, déléguée général du SCMF.
La tendance des carnets de commandes progresse, s’établissant à environ 6 mois, avec un tonnage mensuel s’établissant au global à environ 15 000 en septembre 2022. Soit un peu plus qu’en septembre 2021 (à peine 12 000 tonnes), bien que la courbe 2021 surpasse celle de 2022, dont les résultats d’octobre, novembre et décembre restent inconnus.
La capacité de production s’élève à environ 80 %, indiquant une bonne santé économique pour la construction métallique.
Toujours des problèmes de recrutement dans la construction métallique
Côté défis industriels, Roger Briand a rappelé la neutralité carbone vers laquelle tend la construction métallique, d’abord en particulier par le fort potentiel de réemploi et de recyclabilité de l’acier, tout en gardant ses performances techniques.
« Il est souvent avancé que la production d’un kilo d’acier émet deux kilos de CO2. Et pourtant le marché propose des aciers permettant d’obtenir les fameuses FDES, bien plus performantes en émissions de CO2 », évoque le président du SCMF. « Le Xcarb, l’acier produit par Arcelor, indique des émissions de l’ordre de 0,3 kilo de CO2 par kilo d’acier produit. Les premières FDES du CTICN établit que des aciers courants du marché permettent d’atteindre des émissions d’1,3 kilo de CO2 par kilo d’acier », illustre-t-il notamment. Sans compter un autre levier : le verdissement des procédés de production, avec le recours aux énergies renouvelables par exemple.
Mais le plus grand défi du SCMF demeure dans le recrutement. Représentant 20 000 professionnels, le syndicat chiffre ses besoins en recrutement à 20 000 emplois sur les quatre années à venir. Des opérations séduction ont déjà été menées comme la semaine nationale des journées portes ouvertes des constructeurs métalliques en octobre dernier. Pour la troisième année consécutive, l’image d’une profession de plus en plus automatisée et robotisée a été mise en avant auprès des collégiens et lycéens.
« Le manque de formations pour ces métiers contraint d’ailleurs les entrepreneurs à concevoir des formations internes comme à multiplier les contrats d’alternance », observe le SCMF. Ce qui nous amène à une autre ambition de la filière : la création des « écoles de production », à l’image celle lancée par l’entreprise SERRU de Château Gonthier, accompagnée par les pouvoirs publics.
Virginie Kroun
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