Construction et Covid-19 : la France parmi les pays européens les plus impactés
Débutée en Chine, le Covid-19 s’est rapidement propagé en Europe, obligeant la plupart des pays européens à se confiner pour enrayer l'épidémie. Villes désertiques, entreprises fermées, le confinement a eu des effets immédiats, et d’autres ne seront visibles qu’après la fin de la crise.
Eurostat a publié en début de semaine les chiffres de la construction en Europe, dans la zone euro, et par pays. Le secteur dès le début des mesures de confinement, a vu sa productivité chuter de 14,1 % en zone euro comparé au mois de février. En Europe, le constat, bien que légèrement meilleur, n’est pas plus rassurant : la productivité a diminué de 12 %.
Cette chute de la production avait en réalité débuté au mois de février (-0,5 % en zone euro et -0,2 % en Europe) bien que moins dramatique que celle du mois de mars. Les chiffres du mois d’avril, pas encore publiés, ne s’annoncent pas mieux, la reprise des chantiers ayant plutôt repris au mois de mai.
La dégringolade française
En France, l’arrêt des chantiers s’est fait remarqué par le silence environnant. La production du secteur a dégringolé, atteignant les -40,2 % au mois de mars, un triste « record » comme le souligne Eurostat. Si l’on compare le mois de mars 2020 à celui de l'année précédente, la France enregistre une chute de 41, 2 % de la production dans la construction. La « seconde économie de la zone euro » comme décrite par l’AFP, fait pâle figure à côté des autres pays européens.
En effet, d’autres pays autant touchés par l’épidémie s’en sortent mieux à ce niveau. L’Italie par exemple, qui s’est confinée avant la France, voit sa productivité diminuée de -35, 4 % par rapport à la même période en 2019. En Belgique, cette chute est moindre à -23, 2 %. En Allemagne et en Finlande, la production, au contraire, augmente (respectivement +5,1 % et +1,5 %), alors que le coronavirus n’a épargné aucun pays. Si l’on compare cette fois le mois de mars 2020 au mois de février 2020, la productivité de l’Allemagne augmente tout de même de +1,8 %, suivie par les Pays-Bas avec +1,5 %. La France, loin derrière, est toujours talonnée par l’Italie (-36, 2 %).
Alors, comment expliquer cet écart entre pays européens alors que tous ont été touchés par l’épidémie ? On peut avancer l’hypothèse de la gestion de crise. La France, confinée avant l’Allemagne, manquait cruellement de masques, de gels hydroalcoolique, le dé-confinement n’a donc été prononcé que pour le 11 mai. En Allemagne, le nombre de personnes infectées par le coronavirus est bien moins important et le gouvernement a opté pour l’obligation du port du masque mi-avril. C’est peut-être cette gestion de la crise qui a permis au pays de sortir plus vite du confinement et de relancer son activité économique. Toutefois Eurostat précise que les chiffres annoncés pour la France ne sont peut-être pas exact. L’Office européen des statistiques précise dans son classement que le chiffre reste de « faible fiabilité ».
J.B (avec AFP)
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