Chômage partiel dans le BTP : qui sont les plus touchés ?
88 % d’activité en moins dans la construction durant les premières semaines de confinement et 75 % de perte d’activité vers la fin de cette période : le coronavirus a fait des dégâts et laisse des séquelles dans le secteur du BTP. La CAPEB, la FFB et les CERC (observatoires régionaux de la construction) affirment que 72 % des chantiers du bâtiment étaient ré-ouverts le 15 mai, et que 37 % ont un niveau d’activité normal, ce qui permet de maintenir l’activité de 76 % des salariés et des intérimaires. Mais la crise sanitaire a tout de même créé une fracture au sein du secteur.
Les intérimaires plus impactés
Au 11 mai 2020, date du déconfinement de l’hexagone, 1 410 964 salariés du secteur de la construction étaient encore concernés par des demandes de chômage partiel. Pour ces employés, cette situation crée un état de stress, notamment sur la question budgétaire, entre la perte de salaire, le paiement des loyers, des factures et des achats essentiels. Si ce n’est pas le secteur le plus touché par les demandes de chômage partiel, il n’est pas non plus le plus épargné, puisque 11 % des salariés de la construction font l’objet de ces demandes.
Cependant ces demandes ne correspondent pas au nombre réel d’employés placés en activité partielle. 776 292 salariés étaient effectivement en chômage partiel, ce qui représente tout de même 60 % des salariés pour qui la demande de chômage avait été effectuée en mars.
Mais c’est la population précaire qui est la plus durement touchée par cette mesure de chômage. Même si les statistiques données par les organismes et fédérations du bâtiment soulignent que « 76 % des ETP d’avant crise sanitaire sont en activité au 12 mai 2020, contre 57 % au 5 mai 2020 », les salariés, selon leurs contrats, n’ont pas tous vécus cette crise de la même façon.
On dit par exemple qu’un contrat en CDI assure une place dans l’entreprise, et même dans une situation exceptionnelle, ce « on dit » ne déroge pas à la règle. 73 % des intérimaires se sont retrouvés au chômage partiel, quand seulement 16 % des salariés d’une entreprise l’étaient.
Du côté des entreprises cette fois le constat s’inverse. Les plus petites entreprises (de 1 à 9 salariés) sont celles ayant eu le moins recours à l’activité partielle (18 %), notamment pour préserver un minimum d’activité et tenter d’assurer une stabilisation de la situation économique de l’entreprise. Les entreprises de 20 salariés et plus sont celles ayant eu le plus recours au chômage partiel (28 %).
Les groupes plus importants, malgré une activité sans doute plus dynamique que les TPE, n’ont pas hésité à mettre une partie de leurs salariés au chômage partiel. Pourtant, c’est surtout chez les artisans que l’on redoute la faillite, le Syndicat des Indépendants (SDI) recensait, tous secteurs confondus, que 77 % des TPE déclaraient être en impasse de trésorerie deux mois après le début du confinement.
La part des salariés en activité par région montre elle aussi une différence selon la géographie. Mais ces résultats doivent être utilisés avec la plus grande prudence, car cette part ne dépend pas uniquement de l’activité habituelle des régions, mais aussi des foyers de contamination.
Une confiance dans la reprise, oui mais…
Heureusement la confiance des entreprise sur leur chance de reprise d’activité est bonne. 58 % sont plutôt confiants et 9 % sont persuadés de leur reprise. Cependant 25 % des ces entreprises émettent des doutes quant à leur retour sur le marché. Loyers, factures, manque de matériels, ces problèmes jouent une part importante sur la reprise du BTP.
Les entreprises ayant le plus confiance dans leur reprise sont les entreprises de 1 à 9 salariés, et de 10 à 19 employés. Elles sont 60 % à être « plutôt confiantes ». Les plus grosses structures (20 salariés et plus) sont moins rassurées : 56 % croient à leur reprise d’activité. Chez les artisans et auto-entrepreneurs (0 salarié), cette confiance diminue encore, avec seulement 49 % plutôt confiants.
J.B
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