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« Au pire de la crise, on était montés à près de 2 400 € la tonne de PVC » (Veka)

Publié le 12 octobre 2023

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Alors que le groupe Veka vient d’annoncer la construction d’un centre logistique en Bourgogne et d’une nouvelle ligne de co-extrusion sur son siège de Thonons-les-Bains, Emmanuel Demesmay, directeur général de Veka France, revient pour nous sur l’actualité plus générale du marché de la fenêtre PVC, entre conjoncture compliquée dans le neuf, et plus optimiste pour la rénovation, qui représente 70 % du marché de la menuiserie en France.
« Au pire de la crise, on était montés à près de 2 400 € la tonne de PVC » (Veka) - Batiweb

Il y a un an et demi, le groupe Veka faisait face aux hausses de prix et pénuries de matières premières. Où en est-on aujourd’hui ? Les hausses de prix se sont-elles calmées ?

 

Emmanuel Demesmay : Ça s’est calmé puisque le prix du PVC avait été multiplié par presque 2,5, donc on est redescendus à des niveaux plus faibles. On a des indices qui nous disent que le prix normal que l’on connaissait ces dernières années, c’était 1 000 ou 1 100 € la tonne, et aujourd’hui on est autour de 1 600 €. Au pire de la crise on était montés à près de 2 400 €. Donc on est toujours sous tension, mais c’est un peu plus vivable.

Mais ce qui était vrai au mois de juillet - qui était une tendance baissière et on imaginait que ça allait baisser tranquillement jusqu’au mois de décembre - s’est avéré faux puisqu’au mois d’août on a eu une stagnation, et au mois de septembre une légère ré-augmentation. Donc les choses changent très vite.

 

Quelles sont les prévisions au niveau du chiffre d’affaires et de la conjoncture ?

 

E.D. : Je pense que le groupe Veka devrait atterrir à peu près à 1,6 milliard d’euros en 2023, là où on avait fait 1,8 milliard en 2022. On est plutôt sur un marché qui aurait tendance à être en baisse en 2024, surtout dans la partie neuf, pour laquelle on sait que les permis de construire sont en baisse depuis plusieurs trimestres. 

Au niveau européen, on constate une baisse d’activité dans nos métiers, qui peut aller de 15 à 20 % en fonction des pays. En France, on est légèrement en augmentation, de l’ordre de 5 %, mais c’est beaucoup grâce à de nouveaux volumes et à de nouvelles acquisitions de clients plutôt qu’à de la croissance de clients existants.

Jusqu’à présent on a été protégés par l’État par rapport au prix de l’énergie. C’est ce qui nous différencie aussi par rapport à d’autres pays. On n’a pas eu d’électricité qui a flambé de 40 %. Le fait que l’énergie augmente fait que les Français vont vouloir isoler leur logement, donc on reste dans un secteur où la demande est censée rester forte, parce qu’on veut faire des économies d’énergie, il y a quand même une volonté de diminuer notre impact écologique, cela transpire partout dans la société. Donc je pense que, même si notre marché risque d’être en baisse au niveau global, j’ai bon espoir que ce soit des baisses relativement raisonnables.

Il faut aussi se rappeler que l’on parle de baisses, mais par rapport à des années 2021 et 2022 de rebond après Covid qui ont été exceptionnelles. On ne pouvait pas rester à ces niveaux d’activité. On revient à une certaine forme de normalité.


Quel devrait être l’impact de la crise de la construction neuve sur votre activité ? Pourra-t-elle être compensée par la rénovation énergétique, avec un budget MaPrimeRénov’ en hausse pour 2024 ?

 

E.D. : La partie neuf représente 30 % du marché français, contre 70 % pour la rénovation. 

En 2024, la partie neuf risque d’accuser une baisse de 30 à 50 %. La rénovation souffre moins que le neuf, donc déjà c’est bien que la plus grosse part de notre marché baisse moins.

 

Qu’est-ce que vous pensez des débuts de la REP Bâtiment ? Est-ce qu’elle a eu un impact sur les hausses de prix ?

 

E.D. : Je ne pense pas qu’il y ait eu un impact sur le prix final du produit, puisque l’éco-contribution c’est moins d’un euro par fenêtre à ce jour. Par contre, il y a eu une vraie prise de conscience de la part des acteurs qu’il faut s’inscrire dans une démarche de recyclage et d’économie circulaire.

 

Pouvez-nous présenter Veka Recyclage et Veka Recycle ?

 

E.D. : Veka Recyclage existe depuis 30 ans. On sait mécaniquement prendre une vieille fenêtre PVC et après X opérations en ressortir un PVC qui est utilisable dans les nouvelles fenêtres, donc dans une boucle fermée. Cela nous permet d’intégrer de la matière recyclée dans nos profils depuis 15 ans, avec jusqu’à 70 % de matière recyclée

Veka Recycle, c’est un concept, une ligne de produits. C’est une dizaine de profils qui contiennent 70 % de matière recyclée, et qui représentent la majorité de ce que l’on produit.

 

Y aura-t-il un jour des profils 100 % recyclés ?

 

E.D. : Cela existe déjà, mais ce n’est pas homologué. Si on prend un outil d’extrusion classique et qu’on intègre que de la matière recyclée à l’intérieur, cela devient un profil 100 % recyclé, sauf que c’est une matière qui n’est pas homologuée par le CSTB. Il faudra rajouter une couche de laquage ou de plaxage sur la fenêtre, pour la rendre résistante aux intempéries et aux UV. Mais quand on doit faire un traitement en plus sur un produit, on perd de nouveau en recyclabilité et sur le bilan carbone.

Une autre problématique, c’est que si on voulait faire 100 % de recyclé, il faudrait avoir le gisement de vieilles fenêtres. Or aujourd’hui on en démonte 1 million par an, et on fabrique 6 millions de fenêtres PVC, donc il y a un gap entre ce qu’on est capables de collecter en anciennes fenêtres, et ce que l’on souhaite réintégrer.

La fenêtre PVC a l’avantage d’être résistante dans le temps, donc celle qu’on a posé il y a 20-30 ans reste encore utilisable. Dans 10 à 15 ans, on aura jusqu’à 5 millions de fenêtres PVC à démanteler et à recycler pour en faire des nouvelles.

 

Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : Veka

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