Artisanat du bâtiment : une « remontée historique » au T2 2021 selon la Capeb
Une rentrée pleine de bonnes nouvelles, c’est ce qu’annonce d’emblée Jean-Christophe Repon, président de la Capeb, lors de la présentation des chiffres de l’artisanat du bâtiment au second trimestre 2021.
L'activité renoue avec ses niveaux d'avant-crise
Cette période enregistre, d’un point de vue conjoncturel, une croissance de +37 %, par rapport au second trimestre 2020. Dans le détail, la tendance haussière se constate dans la construction neuve (+30 %), marquée par une augmentation de +9,6 % des logements autorisés à la construction, et encore plus dans l’entretien-rénovation (+42 %).
Considéré comme « moteur du développement » de l’artisanat du bâtiment, par Alain Chouguiat, directeur des affaires économiques de la Capeb, ce dernier segment est porté par l’ascension fulgurante de la rénovation énergétique (+47 %). Dans l’ordre, l’activité globale et les deux segments cités ont connu respectivement une tendance annuelle de +11,3 %, +10,3 % et +13,9 % (dont 11,9% pour la rénovation énergétique).
Des résultats à nuancer toutefois avec le contexte du premier confinement et de reprise partielle et graduelle lors du second trimestre 2020. Toutefois, lorsque l’on met en parallèle les chiffres du marché du premier semestre 2021 à ceux du premier semestre 2019 - plus représentatifs - on note tout de même une hausse de l’activité globale de +0,5 %, avec une évolution de + 2,2 % dans l’entretien-rénovation (dont +3,3 % pour la rénovation énergétique), alors que la croissance est en général de « + 1 % quand tout va bien » commente Alain Chouguiat. La construction neuve, quant à elle, ne connait qu’une légère baisse (-1,8 %).
Il va sans dire que l’artisanat du bâtiment est bel est bien « en reconstruction » selon le président de la Capeb, et qu’il renoue « avec son niveau d’avant crise », voire le dépasse, selon le directeur des affaires économiques.
Une croissance équilibrée, tant par territoire que par corps de métiers
Durant ce second trimestre, la hausse de l’activité artisanale dans le bâtiment oscille entre +32 % et +40 % sur l’ensemble des régions, comparé au second semestre 2020. Cinq régions se démarquent toutefois : les Hauts-de-France (+40 %), l’Occitanie (+40 %), la Bourgogne-Franche-Comté (+39 %), ainsi que la Bretagne et l’Auvergne-Rhône-Alpes (+38 %). Face à la moyenne nationale de 37 %, la progression du la région PACA est en léger retrait (+32 %).
Même tendance pour les corps de métiers, avec une progression variant de +30 % à +42 %. En tête se trouve l’aménagement-décoration-plâtrerie (+42 %). La hausse en maçonnerie, elle, est plus modérée (+30 %), dépassée par la menuiserie serrurerie (+40 %), la couverture-plomberie-chauffage (+39 %) ainsi que l’électricité (+40 %).
Trésorerie, carnets de commandes… D’autres indicateurs positifs
D’autres points indiquent un bon rétablissement de la santé économique de l’artisanat du bâtiment. D’abord, la trésorerie des entreprises, qui est en nette amélioration pour 34 % des entreprises, contre 5 % déclarant une détérioration au deuxième trimestre 2021. Les besoins en trésorerie diminuent également, avec 4 % d’entreprises en faisant état, contre 30 % au même trimestre de l’année dernière. Le nombre de jours de carnets de commandes s’élève d’ailleurs à 111 jours en juillet dernier, contre 83 un an auparavant.
Par ailleurs, les chiffres du T1 2021 enregistrent une hausse des créations d’entreprise de 15,6 %, et une baisse des défaillances de 31,3 %. Sur ce dernier point, les chiffres sont « à prendre avec précaution » avertit Alain Chouguiat, « parce qu’on a des enregistrements de commerce qui ont un peu gelé, il y a un an. Je pense que tout n’a pas été recensé au niveau des défaillances. Et puis mécaniquement, quand il n’y a pas eu d’activité, situation liée au confinement, je pense que ce chiffre va augmenter au prochain trimestre ».
Côté emploi, ce sont les chiffres du T1 2021 qui indiquent une hausse de 6,4 % des recrutements dans les TPE, soit 18 000 salariés en plus par rapport au T1 2020. Sans compter, que le BTP est le secteur de l’artisanat qui recrute le plus dans l’apprentissage, d’après les derniers chiffres du baromètre MAAF-ISM. Toutefois, selon la Capeb, le dynamisme économique renforce le besoin en main d’œuvre qualifiée. Ainsi, au premier trimestre, 18 % des entreprises ont cherché à embaucher et 14 % y sont parvenues. Si l’embauche reste en croissance, la confédération prévoit 25 000 recrutements au sein des entreprises artisanales du bâtiment pour l’année 2021.
Encore de nombreux freins à lever…
En raison du contexte incertain de la crise sanitaire, il a été difficile pour la Capeb de projeter l’évolution de l’activité. L’organisme patronal présage toutefois, pour l'ensemble de l'année 2021, une hypothétique hausse de 8 à 10 % de l’activité globale face aux chiffres récents, mais reste vigilant face aux fluctuations de la crise.
En outre, le recrutement reste une préoccupation majeure, et la Capeb souhaite initier plusieurs propositions, prochainement présentées au gouvernement, afin d’accroitre l’attractivité du secteur. Booster la mobilité intersectorielle, accompagner la montée en compétence des artisans, favoriser la formation, revaloriser les salaires… Telles sont les solutions envisagées par l’organisme, qui évoque également un plan digital.
Les aides gouvernementales, qui permettent entre autres aux entreprises de financer la création d’un site, ne suffisent pas d’après la Capeb, qui considère que la transition digitale devrait aller plus loin. Son président envisage notamment un laboratoire de start-ups, qui proposeraient des solutions digitales permettant de gérer les différents aspects du métier d’artisan, pour plus d’efficacité et de modernité.
Modernité que la confédération encourage également à travers la transition environnementale du secteur, en particulier par la stabilité des aides publiques et l’amélioration de leur compréhension par la profession, comme par les particuliers. C’est le cas notamment de la qualification RGE, concernant laquelle Jean-Christophe Repon constate un « désamour de l'artisan » en raison de la complexité des démarches associées. « Nous, notre but, avec le dispositif Chantier par Chantier, c’est de ramener de plus en plus de gens », précise-t-il.
Autre point d’inquiètude de la Capeb : la crise des matériaux, à cause de laquelle 76 % des entreprises artisanales du bâtiment déclarent une hausse des prix et 57 % des ruptures d’approvisionnement. « Les entreprises, dans leur grande majorité, n’ont pas pu répercuter l’impact de la hausse des matériaux, cette situation présente une réelle menace : risque d’une baisse du chiffre d’affaires, d’un écrasement des marges, d’une réduction de leur capacité d’investissement et d’une diminution de leur rentabilité. Il est important que cette situation soit partagée par l’ensemble des acteurs de la filière, de l’amont à l’aval, il en va de la pérennité du secteur. A ce titre, la Capeb attend beaucoup de la médiation des entreprises », ajoute Jean-Christophe Repon.
Virginie Kroun
Photo de une : Capeb