Artisanat du bâtiment : en AuRA la rentabilité des entreprises s’effondre
Alors qu’en février dernier, près de 40% des chefs d’entreprises de l'artisanat du bâtiment situés en région Auvergne-Rhône-Alpes observaient un bon niveau d’activité, aujourd’hui les données, recueillies auprès des artisans du bâtiment de la région, reflètent en l’état actuel un marché plutôt tendu.
Un marché en souffrance
39 % des chefs d’entreprises déclarent rencontrer des difficultés au niveau de leur activité, soit 13 points de plus qu’au trimestre précédent et +19 points sur une année. En particulier pour les couvreurs-zingueurs, les carreleurs et les agenceurs-cuisinistes. Toutefois, ce chiffre est nuancé puisque 34% des entreprises ressentent un marché entre bon et très bon, mais ce chiffre reste en diminution de 7 points par rapport au quatrième trimestre 2021.
De plus, l’allongement des carnets de commande dû aux pénuries de matériaux et matières premières que subissent les entreprises, entraîne une baisse de leur chiffre d’affaires : 16% des entreprises constatent une perte de chiffre d’affaires (+7 points). Les entreprises travaillant dans l’isolation (20%) et les énergies renouvelables (18%), notamment, voient leur CA augmenter, contrairement à 29% des couvreurs-zingueurs et des carreleurs dont le CA diminue.
Côté trésorerie, directement impactée par la hausse des prix des matériaux et du carburant, 19% des entreprises (charpentier, électriciens, menuisiers…) la trouvent bonne ou très bonne, soit une baisse de 9 points par rapport au trimestre précédent. Elle demeure cependant correcte pour 50% des entreprises.
Trois difficultés majeures pour les artisans
Amplifiées par le conflit ukrainien, les entreprises artisanales du bâtiment sont confrontées à des difficultés d’accès au marché. Des difficultés majeures, selon la Capeb, qui se confirment ce trimestre en trois points.
Une problématique de matériaux et de matières premières, en premier lieu. Les artisans sont confrontés à des difficultés d’approvisionnement et de pénurie de matériaux associées à une hausse constante des prix des matières premières et du carburant, qui influent fortement sur leurs marges.
En effet, près de la moitié des entreprises de l’artisanat du bâtiment (49%) voient encore leurs marges se détériorer ce trimestre. Un chiffre en augmentation de 19 points. « Cette situation peut s’expliquer par la hausse des prix des matériaux et du carburant que les entreprises ne peuvent pas répercuter sur les factures », commente la Capeb AuRA. « Les fournisseurs ont de leur côté renforcé leurs conditions de commandes qui complexifient leurs relations », ajoute-t-elle.
Des disparités apparaissent également sur le territoire. Dans la Loire, 68% des entreprises constatent une baisse de leurs marges et dans le département du Cantal, seules 6 % voient leurs marges augmenter.
Les entreprises doivent également faire face à une problématique de main-d’œuvre : les artisans ne parviennent pas à recruter une main-d’œuvre qualifiée pourtant elles sont 21 % à souhaiter recruter. Avec cette importante pénurie de main-d’œuvre, l’apprentissage est largement envisagé ce trimestre. 29 % des artisans souhaitent prendre un apprenti (+22 points par rapport au trimestre précédent).
Enfin, dans un contexte géopolitique tendu, « les comportements des clients ont évolué », note la Capeb, expliquant ainsi que « ceux-ci continuent de multiplier les devis pour trouver le prix le plus bas et certains renoncent à réaliser leurs travaux ».
Marie Gérald
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