Artisanat du bâtiment : après 4 ans de baisse, l'activité repart enfin
Depuis maintenant 4 ans, les artisans du bâtiment espéraient une amélioration ou tout du moins une stabilisation de leur activité. En ce début d'année 2016, l'activité frémit enfin et passe dans le vert, sur l'ensemble du secteur. Du jamais vu en 15 trimestres consécutifs de baisse, selon la note de conjoncture présentée ce jeudi par la Capeb. L’ensemble des corps de métiers est concerné par la reprise, comprise entre 0,5 % et 1,5 %, mais ce sont les travaux de maçonnerie qui progressent le plus avec une hausse de 1,5 %.
« Après trois années qui avaient débuté par une baisse de l’activité (-3 % en 2013, -1,5 % en 2014, -3 % en 2015), 2016 commence sous une météo plus clémente avec une croissance de l’activité globale de 1 % au premier trimestre », se réjouit la Confédération de l'Artisanat et des Petites Entreprises du Bâtiment.
Ainsi, ce premier trimestre est littéralement porté par l'activité en construction neuve (+1,5 % contre -6 % au premier trimestre 2015).
Plus de 351 200 logements neufs ont été commencés en février 2016 (en cumul sur 12 mois), soit une hausse de 2,5 %. Le nombre de permis de construire déposés est également en augmentation (+7,7 % sur 12 mois).
Le neuf bénéficie du dynamisme du logement collectif (+7,1 % sur un an), à l’inverse des logements individuels purs ou groupés et des logements en résidence, en recul sur la même période.
« Pour l’ensemble de mes collègues, je veux espérer qu’une tendance positive se consolidera dans les mois à venir avec la hausse à ce jour constatée de 7,7 % du nombre de permis de construire grâce à l’effet de la prolongation du dispositif Pinel et du renforcement du PTZ+, commente Patrick Liébus, président de la CAPEB. Deux mesures que nous saluons mais dont les effets ne nous permettent pas de revoir pour le moment à la hausse nos prévisions annuelles », précise-t-il toutefois.
L'activité entretien-rénovation enregistre une progression, grâce au dynamisme du marché de la performance énergétique (+0,5 % au 1T). Cela s'explique notamment par les campagnes de commmunication du gouvernement sur les aides disponibles pour les ménages, telles que le Crédit d’Impôt sur la Transition Énergétique (CITE), l’ECO PTZ et les travaux d’Amélioration de la Performance Énergétique des Logements (APEL)
Les travaux d’amélioration des performances énergétiques du logement représentent ainsi 26 % de l’activité de l’entretien-rénovation de l’artisanat du Bâtiment.
Allongement des carnets de commandes de 10 jours
Autre signe encourageant pour l'artisanat du bâtiment : l'allongement des carnets de commandes qui gagnent 10 jours de plus par rapport à 2015 et représentent 76 jours de travail au premier trimestre 2016.
« Après 15 trimestres de baisse, la reprise globale de l’activité pour l’artisanat du Bâtiment est un signe encourageant pour l’ensemble du secteur ! Le gouvernement doit maintenir le cap et poursuivre ses efforts pour redonner confiance aux ménages, dont le taux d’épargne atteint aujourd’hui son plus haut niveau. L’augmentation des montants des crédits accordés à ces derniers pour l’achat d’un logement neuf témoigne d’une effervescence positive sur le marché de la construction. Il en va de même concernant la progression en volume des travaux d’APEL. Mais cela ne sera pas suffisant, car pour pouvoir bénéficier de cette dynamique de reprise, les chefs d’entreprise artisanale vont plus que jamais avoir besoin du soutien des banques et autres partenaires financiers ! », rappelle Patrick Liébus, président de la CAPEB
En effet, les besoins de trésorerie bien que stables restent élevés. 45 % des entreprises continuent de déclarer un besoin de trésorerie qui est en moyenne égal à 20 000 €.
Des retards de paiement sont encore constatés pour 78 % des entreprises, voire augmente pour une entreprise sur deux. Pour résoudre ce problème, plus de la moitié compte d'abord sur ses propres moyens, en procédant à des relances.
« Même si de nombreux indicateurs sont passés au vert, rien n’est acquis. Dans ce contexte, certaines dispositions du projet Sapin II sont extrêmement dangereuses. Elles porteront un gros coup à nos métiers, dans un secteur qui continue de souffrir de nombreux cas de concurrence déloyale », s'inquiète Patrick Liébus.
Le redressement de l'activité de l'artisanat reste « fragile », rappelle la Capeb, et « doit continuer à être soutenu par des politiques d’accompagnement pérennes et simples, en faveur des ménages et des artisans », conclut-elle.
C.T
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