Amiante : les agents de la RATP sont-ils bien protégés ?
Après l'annonce choc, le 29 janvier dernier, du départ de 200 agents de la région Île-de-France travaillant dans la Tour Montparnasse suite à des lacunes dans les travaux de désamiantage, c'est au tour du syndicat CGT de la RATP de s'inquiéter de la sécurité de ses équipes.
Si l'amiante dite friable a été progressivement retirée des trains, notamment des plaques de frein, des années 70 à la fin des années 90, il subsiste des résidus, notamment dans des peintures. Présente dans plus de la moitié des rames des lignes du réseau RATP en Île-de-France (lignes 3, 3 bis, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 13, ainsi que les RER A et B), ces peintures, écaillées par endroit, présenteraient un risque d'émission de fibres d'amiante, selon le syndicat.
Les caisses des rames anciennes sont couvertes d'une peinture isolante contenant de l'amiante qui « se délite et peut libérer des fibres », leur traitement « n'est pas une activité neutre », estime Philippe Sudey, délégué du personnel (CGT) de l'atelier de maintenance Pleyel, à Saint-Denis, l'un des deux ateliers s'occupant de la ligne 13 en particulier.
Ce 6 février, le syndicat a réclamé « une protection maximale » pour les agents de maintenance de la ligne 13 chargés de traiter la peinture amiantée sous les rames de métro. Leur travail « doit être reconnu pour sa pénibilité et effectué par des volontaires », a-t-il expliqué.
La CGT accuse la RATP d'être dans le déni
Du côté de la RATP, on indique que le risque d'émission de fibres avec la peinture écaillée est « particulièrement réduit » et les mesures régulièrement réalisées sur son réseau « ont toujours montré l'absence de fibre d'amiante dans l'air des espaces souterrains ».
Accusée par la CGT d'être « dans le déni » et de « minimiser les risques » pour les agents et les usagers, la RATP précise que les syndicats sont associés depuis 2006 à une commission de suivi sur la prévention du risque amiante, réunie chaque année, et que l'amiante « disparaîtra au fur et à mesure du renouvellement du matériel roulant ».
D'autre part, le PDG de la RATP Pierre Mongin avait déclaré lors de ses voeux à la presse en janvier qu' « il n'y a absolument aucun risque pour les voyageurs de la RATP » et que la société de transport prenait « des précautions extrêmes pour nos salariés, dans les ateliers, lorsqu'il faut travailler sur ces résidus », ajoutant être d'une « sérénité absolue sur ces sujets d'amiante ».
Les protections existent, réplique-t-on du côté de la CGT, mais « les procédures ne sont pas respectées, les signalements d'écaillage ne sont pas correctement suivis », le « manque de transparence et d'information fait que le personnel est en stress. Les agents ne veulent pas bosser n'importe comment », selon les propos de Franck Bothier, représentant au CHSCT, le comité d'hygiène et de sécurité.
Selon la CGT, la RATP « veut obliger les agents de maintenance » à effectuer cette tâche et « retire du salaire à ceux qui refusent ».
Le syndicat affirme que cinq dossiers de reconnaissance de maladie professionnelle liée à l'amiante ont été déposés par des agents de l'atelier Pleyel depuis une dizaine d'années et que parmi eux, trois sont morts.
Selon les chiffres officiels de la RATP, deux agents de l'atelier décédés en 1998 et 2009 ont été reconnus victimes de l'amiante après avoir « pu être exposés à l'amiante avant que l'entreprise ne mette en place les premières mesures de prévention », notamment à partir de 1997.
C.T (avec AFP)
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