Réseau routier : lente dégradation pour peu d’investissements
Demande des investissements désespérément. Voilà l'état d'esprit de l'Union routière de France (URF) dans une étude publiée ce mardi 6 février.
En 2022, les administrations publiques ont consacré 15 % de leurs dépenses de fonctionnement et d'investissement à la route, contre 57 % au ferroviaire. 15,7 milliards d'euros ont été dépensés dans les routes. Ce qui revient à une baisse de 10,4 % par rapport à 2012.
Pourtant, toujours selon l’URF, la route a engrangé 47,8 milliards d'euros de recettes pour l'État et aux collectivités en 2022.
« On ne parviendra pas à décarboner les transports si on ne s'occupe pas de la route »
Les recettes publiques apportées par le réseau routier dépassent celles récoltées grâce aux énergies renouvelables à la même période. Et ce alors que la circulation routière représente 37,8 % des émissions de CO2 de la France en 2019, et la voiture particulière 15,7 % selon le service public des données et études statistiques (SDES).
La circulation routière cristallise-t-elle encore des tensions entre finances et environnement ? « On n'oppose pas les modes de transport entre eux, chacun a sa zone de pertinence », estime Thierry Archambault, président de l’URF.
« Il faut accentuer les investissements et les rendre plus efficaces. On ne parviendra pas à décarboner les transports si on ne s'occupe pas de la route », défend-il.
Une « lente dégradation des chaussées » à désamorcer
Le représentant des acteurs économiques de la route et de l'automobile souligne un autre enjeu : l’état des chaussées. L’union cite l'enquête annuelle de l'Observatoire de la route, selon qui une « lente dégradation des chaussées constatée par le passé » se poursuit sur le réseau national routier.
Des travaux d’amélioration ont été quand même constatés, notamment en 2021 sur « les chaussées dans le plus mauvais état ». D’après la même étude, l'état des chaussées des départements s'est amélioré « lentement », suite à une dégradation en 2019. Le plan de sauvegarde des routes nationales lancé en 2018 par le gouvernement n'y peut-être pas pour rien.
Il n’empêche que « les dépenses liées à la maintenance de la route sont en chute significative, et encore plus si on ajoute l'inflation », juge Jean-Pierre Paseri, président de Routes de France, représentant les industriels de la route.
« Les montants mis sur le ferroviaire sont un rattrapage du sous-entretien passé. Il faut mettre de l'argent sur la route sinon on aura le même sous-investissement dans quelques années », poursuit-il.
Pour ce qui est de la sécurité routière, le nombre de morts baisse de 3 % sur les routes de France en 2023, comparé à l’année précédente. Entre 2019 et 2023, le repli est de 2,3%.
Virginie Kroun (avec l’AFP)
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