Rénover les quartiers : 4 priorités identifées
Le Club de l'Amélioration de l'Habitat (CAH) a organisé, mercredi 2 février, un webinaire intitulé « Rénover les quartiers : quelles priorités ? », avec l'intervention d'Emmanuelle Wargon, ministre du Logement, Rollon Mouchel-Blaisot, préfet et directeur du programme Action Coeur de Ville, Marjolaine Meynier-Millefert, députée et présidente de l'Alliance HQE, ou encore Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable.
En tout, pas moins de 9 intervenants ont pris la parole afin d'évoquer des pistes pour la rénovation des quartiers, et plus largement des villes.
Afin de massifier ce type de rénovation de grande ampleur, les intervenants ont identifié 4 priorités : changer de maille, réinventer la gouvernance, déployer le numérique, et innover et industrialiser. Ces quatre thématiques ont ainsi constitué le fil conducteur du webinaire.
Penser à l'échelle de l'îlot ou du quartier
Dans un premier temps, les participants sont revenus sur le succès de la rénovation énergétique des logements, notamment dans le cadre de MaPrimeRénov', et ont appelé à élargir cette politique de rénovation à l'échelle de l'îlot et du quartier, voire de la ville entière, et non plus simplement du logement ou de la copropriété.
Au travers d'une vidéo, le directeur du programme Action Coeur de Ville a notamment souligné le défi de la requalification des quartiers de gares et des entrées de ville, parfois qualifiées de « France moche ».
Faire confiance aux élus locaux
Pour accélérer ces rénovations, favoriser les partenariats public-privé et faire confiance aux élus locaux ont été identifié comme des évidences.
« Il faut donner la main aux élus locaux. On a besoin d'un chef d'orchestre qui, sur le périmètre large, mène la danse et embarque tout le monde », a synthétisé Philippe Pelletier, président du Plan Bâtiment Durable.
« La ville, c'est d'abord politique. D'ailleurs dans l'étymologie du mot politique, il y a le mot ville, du grec polis. Donc si on veut changer la ville, c'est par définition politique », a de son côté rappelé Pierre-André de Chalendar, président du groupe Saint-Gobain.
Pour évoquer ces ambitions et gestes politiques, les intervenants sont nombreux à avoir fait référence à l'audace du baron Haussmann. Pierre-André de Chalendar a toutefois nuancé, soulignant que ce type de projets d'ampleur seraient aujourd'hui certainement bien moins acceptés par la population et les riverains.
S'appuyer sur les outils numériques et les données
Dans une troisième partie, les participants sont revenus sur les nouveaux outils numériques, insistant avant tout sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'une « fin en soi » mais plutôt d'un moyen, au service de l'efficacité.
Le président du groupe Saint-Gobain a jugé que l'adoption de la maquette numérique était « trop lente ». Marjolaine Meyner-Millefert a quant à elle estimé que le BIM avait encore parfois du mal à répondre aux pratiques des artisans du bâtiment. Les organisateurs ont toutefois évoqué le déploiement du QIM (Quartier Intelligent Modélisé).
Toujours sur cette thématique des outils numériques, Érick Lajarge, en charge de la coordination territoriale du Cerema, a insisté sur la nécessité de « maîtriser la donnée », pour l'utiliser comme un « outil d'aide à la décision ». « Cette donnée doit servir au développement de politiques publiques et à la compréhension des enjeux des territoires quand on analyse des flux, de la mobilité etc. », a-t-il précisé.
Le directeur d'Action Coeur de Ville a abondé en ce sens, soulignant que les données permettent notamment de connaître l'attractivité des villes, comme par exemple au travers du Baromètre de l'immobilier des villes moyennes.
Enfin, les intervenants ont rappelé l'importance de l'innovation et de l'expérimentation. Rollon Mouchel-Blaisot a ainsi appelé à « faire des villes moyennes une terre d'expérimentation ».
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock