Grand Paris : « C’est un territoire à reconstruire »
En quoi le Grand Paris est un territoire en pleine mutation ?
Michel Leprêtre : C’est surtout un terrain, un territoire à reconstruire. Quand vous avez un taux de chômage de plus de 40 %, c'est qu'il y a quelque chose à faire. Un territoire, ça vit parce qu'on a de l'activité économique, parce qu'on y habite, mais aussi parce qu'on y travaille aujourd'hui.
Aujourd'hui, il y a un déficit de ce point de vue, il faut qu'on y travaille et j’ajoute qu’aujourd'hui se pose la question pour tout le territoire de participer à une réponse environnementale.
Comment se traduit cette transition du point de vue des infrastructures ?
M.L : Aujourd'hui, il y a des difficultés logistiques sur le territoire, des difficultés de conséquences de la logistique. Je ne dis pas qu'il faut supprimer la logistique, je dis qu'il faut la transformer.
C'est comme la question du tertiaire. Aujourd'hui, les bâtiments du tertiaire impactent l'environnement. Il faut créer des conditions pour les construire autrement. Comme il faut créer les conditions pour se déplacer autrement. C’est ce qui est aujourd'hui en chantier avec l'arrivée de la ligne 14, et demain la ligne 15, et après-demain la ligne 18.
Et quelles perspectives pour les mobilités douces ?
M.L :Les communes travaillent beaucoup sur ces questions des mobilités. Le problème, c'est qu'aujourd'hui il y a des trous dans les réseaux, dans la fluidité de ces réseaux.
Les collectivités locales souvent apportent des réponses mais elles apportent un bout de réponse. Aujourd'hui, je travaille à connecter tous les réseaux de circulation en vélo. Parce que chaque ville a créé son réseau avec des ambitions propres et fortes. Là, il faut que ce réseau soit créé pour pouvoir faciliter demain les déplacements en vélo ou en véhicule léger.
Donc il y a des réponses qui existent potentiellement que tout le monde connaît. Je me bats pour que ces réponses ne soient pas repoussées dans le calendrier, comme l’a envisagé par exemple le ministre de l'Économie sur les passoires thermiques.
La loi industrie verte a été adoptée en juillet dernier. En quoi la réindustrialisation de la France est une opportunité pour le Grand Paris ?
M.L : Quand on est obligé d'aller acheter à l'autre bout du monde, donc de transporter des matériaux, on participe à une complexité environnementale.
Aujourd'hui, réindustrialiser un territoire c’est des réponses dans le domaine de l'emploi et de la formation. Mais c'est aussi des réponses environnementales. Quand on inaugure des usines de production automobile ou d’accessoires automobiles dans le nord de la France ou dans l'est de la France, on contribue à cela.
Le territoire offre du foncier disponible pour cela, pour tout type de réponse industrielle dont on a besoin. J’ai la chance d’avoir le territoire où il y a le plus de foncier disponible en région parisienne. Donc utilisons cela ensemble pour créer les conditions de développement économique vertueux.
Sur le Grand Paris, y a-t-il des zones d'attractivité qui permettent de répondre à cette problématique ?
M.L : Dans le cadre du programme « Territoires d'industrie », on a identifié cinq morceaux de territoire. Que ce soit la zone des Ardoines, que ce soit l'aéroport de Paris, que ce soit à Villeneuve-Saint-Georges ou Villeneuve Triage, l’ancienne zone de tri. Pourquoi pas d'ailleurs créer un renouveau du frêt. Mais pas du frêt comme on l'a connu il y a 50 ans, du fret plus moderne.
Et puis vous avez Choisy-le-Roi, les anciennes usines Renault, où l’on réparait et remettait à neuf des moteurs. Ces locaux sont vides. Il faut s'en saisir pour créer une activité économique industrielle, productive.
Après il faudra travailler de manière contrainte pour que cette activité soit connectée. Devant l'usine dont je parle, il y a la Seine, il y a le train, donc il y a tout pour sortir des solutions vertueuses. C'est un mot qui m'obsède, la vertu.
Le président de l'intercommunalité Grand-Orly Seine Bièvre en dit plus sur la mutation de son territoire dans une interview Batiradio : |
Propos recueillis par Antoine Arthur et retranscrits par Virginie Kroun
Photo de Une : LinkedIn - Michel Leprêtre