À Paris et à Clermont-Ferrand, des quartiers se renouvellent
Entre construction achevée et réhabilitation en cours, des nouveaux projets réhabilitation de quartiers ont donné des nouvelles ce jeudi 6 avril.
À Clermont-Ferrand, la « muraille de Chine » en cours de destruction
On la surnomme « la muraille de Chine », mais elle se situe à Clermont-Ferrand et ne sera plus que décombres d’ici peu. L’une des plus longues barres d’immeubles d’Europe - 320 mètres de long -, situé le plateau du quartier Saint-Jacques, se fait peu à peu grignoter par une pelle à bras de 110 tonnes, depuis le lancement de sa destruction par le maire PS de la ville Olivier Bianchi, ce jeudi 6 avril.
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Pour l’élu, il s’agit d’une « mutation du paysage urbain », consistant à déconstruire 14 bâtiments qui composent l'ensemble d'ici l'été, en dehors des fondations.
Une étape dans la rénovation du quartier de Clermont-Ferrand
Dominant Clermont-Ferrand et à proximité du centre, la barre d’immeubles a été bâtie durant les années 60 et a accueilli jusqu’à 1000 habitants. « C’était le paysage des Trente Glorieuses : construire vite des bâtiments pour pouvoir loger le plus vite possible ces ouvriers-paysans qui ont accompagné l'industrialisation du pays », raconte Olivier Bianchi. « Aujourd'hui, ce n'est plus la même temporalité, les enjeux sont des enjeux de transition, de végétalisation, de nature en ville, d'une attention particulière à la mixité sociale » , a-t-il ajouté.
Ainsi, les gravats seront balayés au profit d’un parc urbain de 3,5 hectares, avec un belvédère construit dans la continuité d'une coulée de lave, face au Puy-de-Dôme et à la cathédrale de la ville. « Le but est de reconnecter la ville haute et la ville basse », a indiqué Sébastien Roussel, paysagiste au cabinet D&A, responsable du projet. Et au milieu, un parc en pente douce, sur un dénivelé de 32 mètres et accessible aux mobilités réduites, ouvrira 24h/24.
Un vaste projet d’aménagement pour un budget de 12 millions d’euros, financé majoritairement par l’agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU). Le maître d'ouvrage Assemblia - qui s’est chargé d’accompagner le relogement des habitants - aura toutefois un reste à charge de 750 000 euros.
La démolition s’inscrit plus largement dans la rénovation du quartier, qui prévoit la création de 270 logements et la réhabilitation de 327 autres habitats.
De quoi répondre à la crise du logement prégnante à l’échelle nationale, et probablement aux ambitions Quartiers 2030 affichées par le gouvernement.
Inauguration du premier quartier parisien visant le zéro carbone
Ce mardi 4 avril, Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France, annonçait un nouveau plan d'aménagement pour une région IDF plus résiliente. Quelques jours plus tard, ce jeudi 6 avril l’« Îlot Fertile », ensemble de quatre bâtiments érigés entre deux axes ferroviaires sur une friche industrielle de la porte d'Aubervilliers (Paris, 19ème), était inauguré par la maire PS Anne Hidalgo.
Lancé en 2019 et achevé en 2022, le chantier a fait partie de la première vague d’appels à projet Réinventer Paris, émis en 2014 par l’ex-adjoint à l'urbanisme Jean-Louis Missika, également présent à l’inauguration. Lors des premières esquisses en 2016, l’« Îlot Fertile » affichait déjà à l’époque une grande ambition : être le premier quartier visant le zéro carbone en exploitation
De la pierre de taille majoritairement francilienne et des faux planchers réemployés
« C’est le plus grand chantier en pierre massive construit depuis Haussmann », s’est réjoui l'architecte de l'agence TVK Antoine Viger-Kohler. Certes les rez-de-chaussée des bâtiments sont édifiés en béton bas carbone, mais les façades des étages - représentant près d’un tiers du bâti (10 000 m2 sur 35 000 m2) - ont puisé en majeure partie dans le bassin francilien de pierre massive. Le reste vient d’Espagne.
Dans l’idée de limiter son empreinte carbone, le projet de l’« Îlot Fertile » a équipé ses bureaux de 6 000 m2 de faux planchers issus du réemploi et reconditionnés. Car outre 440 logements - social, intermédiaire, libre, jeunes travailleurs, résidence étudiante -, le nouveau quartier comprend 7 000 m2 de bureaux, un hôtel, une auberge de jeunesse ainsi qu’un centre sportif privé.
« Ce morceau de ville va permettre aux gens de vivre bien », a souligné la maire PS Anne Hidalgo, puisqu’il inclut des aménagements de renaturation : rue piétonne végétalisée, terrasses plantées de potagers et d'arbres fruitiers et abris pour les animaux (oiseaux, chauve-souris, insectes) mais également un mur en pierres sèches pour les lézards. Le tout couvert par des panneaux photovoltaïques
Conçu par le promoteur Linkcity et d’autres filiales de Bouygues Construction (Habitat Résidentiel, Construction Privée, Habitat Social, Brézillon et Elan), ce nouveau quartier a nécessité un budget de plus de 200 millions, dont plus de 100 millions de travaux.
Virginie Kroun (avec AFP)
Photo de Une : Adobe Stock