Crise énergétique : le déploiement du thermique électrique à améliorer (Gifam)
Pensez-vous les objectifs de sobriété énergétique par le gouvernement sont atteignables ?
Eric Baudry : Le dernier objectif de sobriété énergétique présenté par le Gouvernement ce jeudi 6 octobre pointe une ambition de réduction de 10 % de l’ensemble des consommations d’énergie. Cette position vient compléter les objectifs de long terme qui visent une neutralité carbone de la France à l’horizon 2050 et une réduction de 40 % des consommations d’énergie.
Pour ce qui concerne les logements, le principal effort concerne les logements chauffés au gaz et au fioul, qui nécessitent une migration vers les solutions électriques dont les énergies renouvelables (EnR) qui permettent, sur fond d’indépendance énergétique, une réduction des consommations (en euros) et une diminution massive des émissions de carbone.
Ces objectifs de sobriété paraissent atteignables avec une prise de conscience de l’enjeu énergétique, une connaissance de ce que l’on consomme ainsi qu’une information claire sur les produits et solutions existantes.
Si la diminution d’un degré dans les logements permet une réduction de 8 % de sa consommation d’énergie, le remplacement d’un appareil de chauffage électrique des années 1980 par un appareil de dernière génération permet d’atteindre jusqu’à 30 % d’économies sur sa facture d’énergie, pour la seule production de chauffage et d’eau chaude sanitaire.
Selon vous, à l’approche de l’hiver, quelles solutions thermiques semblent les plus appropriées aux enjeux énergétiques (et climatiques) de la France ?
Eric Baudry : Le premier enjeu consiste, pour chacun d’entre nous, à modifier son comportement d’usage de son logement et savoir maîtriser son confort et ses consommations.
Pour ce faire, et au périmètre de la représentation du Gifam, il existe plusieurs solutions techniques. Les appareils de dernière génération sont dotés de différentes technologies d’intelligence : la détection de fenêtre ouverte, qui permet de réduire la consommation de l’appareil avant de l’arrêter, la détection d’occupation d’une pièce (absence, présence et mouvement), qui permet d’adapter la consommation lorsque la pièce n’est pas occupée. Enfin, la fonction d’auto-apprentissage, permet au consommateur de s’affranchir de la programmation avec un système qui apprend des habitudes d’occupation du logement et ce, pièce par pièce sur un programme de 15 jours.
Parmi les avantages, on peut relever la simplicité d’installation et d’utilisation. Il s’agit d’une technologie réactive dans sa montée en température et dans son pilotage, permettant de maintenir sur 1/10e de degré près la température de confort choisie par l’utilisateur.
Aujourd’hui, ces appareils offrent des dimensions et des designs multiples, qui s’adaptent à toutes les configurations du logement. On retrouve également de nouveaux matériaux (acier, verre, lave...) et des coloris qui permettent un très grand choix de personnalisation.
Seul bémol, la disponibilité des professionnels de l’installation. Actuellement, l’on constate que les délais sont de 8 à 12 semaines pour la pose des appareils.
Est-ce que les pénuries de matières premières et d’énergies actuelles ne représentent pas un frein à la production de ces équipements ?
Eric Baudry : La contrainte sur l’approvisionnement des matières premières se desserre et retrouve un peu d’oxygène depuis la fin du printemps, ce qui permet une reprise normale de l’activité industrielle.
L’essentiel des productions étant réalisées en France ou dans les pays frontaliers, les fabrications ne sont pas dépendantes de fournisseurs étrangers.
La question des approvisionnements en composants électroniques et semi-conducteurs se règle progressivement grâce à l’anticipation des fabricants du Gifam, qui ont su adapter leurs commandes de composants et la mise en production des cartes électroniques.
Des progrès à faire de la part des pouvoirs publics pour encourager la dynamique de ces solutions électriques ?
Eric Baudry : Les appareils de chauffage électrique comme les chauffe-eau électriques ne bénéficient d’aucun dispositif ou avantage fiscal. Seul le chauffe-eau thermodynamique est éligible à MaPrimeRénov’. Une campagne d’incitation au remplacement des équipements, portée par le gouvernement ou l’Ademe pourrait amplifier les informations diffusées par le Gifam et ses membres.
L’intégration des appareils de chauffage électrique au dispositif MaPrimeRénov’ serait assurément un déclencheur au remplacement des appareils anciens. L’âge moyen du parc est supérieur à 20 ans.
Quelles actions le Gifam met en œuvre pour accompagner, ménages, comme les installateurs, en cette crise énergétique ?
Eric Baudry : Le Gifam informe régulièrement les fédérations et syndicats d’installateurs. Côté consommateurs, le Gifam diffuse ses informations sur les technologies de chauffage électrique et de production d’eau chaude sanitaire, notamment grâce à des prises de paroles régulières dans la presse et des publications sur ses réseaux sociaux.
Par ailleurs, le Gifam a récemment lancé une campagne de sensibilisation autour des écogestes. L’occasion de rappeler l’importance de la gestion et de l’abaissement des températures en cas d’absence ou d’inoccupation d’une pièce. Nous recommandons par ailleurs au sein du Gifam, l’usage de la connectivité pour disposer d’une information fiable et précise à tout moment.
Cette campagne sera renforcée - avant et durant la période hivernale – et rappellera notamment les bons réflexes à adopter en matière de gestion de ses appareils de chauffage et plus largement de ses équipements électroménagers.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Eric Baudry - Gifam