AMI rénovation biosourcée : 11 chantiers lauréats en Bretagne
La Fédération Bretonne des Filières Biosourcées ([FB]2), soutient les chantiers biosourcés. Après un appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur la construction biosourcée conclu fin 2021, la structure a lancé un nouveau, avril dernier, avec des partenaires et des filières adhérentes. Parmi elles : la Fibois Bretagne, le collectif Paille Armoricain, le collectif des Terreux Armoricains, Lin et Chanvre en Bretagne, l’association ECIMA, l’association nationale des Couvreurs Chaumiers...
Le thème de cet AMI : « Rénover avec les matériaux biosourcés et la terre crue ». Il est soutenu par le fonds européen Feder, la Direction régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement (DREAL) de Bretagne, l’Agence de la transition écologique (Ademe) et la région Bretagne, avec le réseau Batylab.
11 projets ont été retenus par le jury, parmi les 13 collectivités locales et structures publiques ayant candidaté. À la clé : un accompagnement gratuit jusqu’à la fin de chantier, comprenant la « mise à disposition des compétences et savoirs de la fédération et de ses filières adhérentes ».
Dans les Côtes d’Armor, des cas d’école
La majeure partie des projets est répartie entre deux départements bretons. D’abord celui des Côtes d’Armor, qui compte quatre chantiers de bâtiments dédiées à la petite enfance et à la jeunesse.
À Kergrist-Moëlou, l’école Les écureuils de Tal Ar c’Hoad, a opté pour divers matériaux biosourcés et locaux (fibre de bois, chaux-chanvre, peinture aux algues…). L’idée : affirmer le projet pédagogique de l’établissement, tourné vers la nature.
La Maison des jeunes et de la culture, dans le quartier Balzac à Saint-Brieuc, a été incendié lors émeutes de juin 2023. Sa réhabilitation inclut des matériaux biosourcés et une logique d’économie circulaire, de manière à devenir « un laboratoire urbain du territoire, en termes de réemploi et d’éco-conception » pour de futurs projets.
Pour réunifier deux crèches sur son territoire, Dinan Agglomération envisage une jonction entre partie neuve et rénovée. Un chantier qui devrait intégrer des murs à ossature bois ou de la laine de bois. Via l’AMI, l’établissement souhaite trouver des professionnels bien formés à ces matériaux à l'application des biosourcés.
Rendons-nous ensuite à Lannion, où l’école de Woas Wen - structure des années 1960 - subira une rénovation et une extension de 3600 m2. L’espace regroupera une école maternelle, une école élémentaire, ainsi qu’un centre de loisirs avec piscine. Le tout à énergie positive et en faisant la part belle au biosourcé.
Autre type de bâti en chantier à Ploufragan : le siège de Terre d'Armor Habitat, érigé dans les années 80. Sa réhabilitation prévoit « un réagencement des espaces intérieurs et des circulations, la démolition d’un bâtiment secondaire, ainsi que la construction d’une surélévation, soit 2 200 m2 à rénover ». Les matériaux biosourcés seront couplés à une démarche de réemploi et de recours à des matériaux locaux.
Le patrimoine réinventé en Ille-et-Vilaine
Deuxième département représenté dans le palmarès de l’AMI : l’Ille-et-Villaine.
Premier exemple avec le groupe scolaire Les Boschaux à Saint-Armel, dont les travaux impliquent différents typologies de bâti, entre le plus ancien datant de 1910 et le plus récent des années 2000. Un projet d’extension a été amorcé en 2021, tandis qu’une rénovation se fera en site occupé. Cette seconde phase puisera dans le bois, les isolants à base de fibres végétales, la terre crue disponible sur site.
À Rennes, le bâtiment du rectorat la Région académique Bretagne aura le droit à une réhabilitation thermique globale et l'aménagement des espaces extérieurs. La zone concernée s’étend sur 8 000 m2, avec 3 bâtiments datant des années 1970. « Le choix des matériaux biosourcés et géosourcés constituent également un intérêt et une opportunité si un scénario de surélévation légère du bâtiment se dessinait », est-il précisé dans la fiche projet.
On relève surtout des chantiers sur des bâtiments patrimoniaux. Notons le presbytère Petit-Fougeray, daté du 18ème siècle, où la collectivité veut installer la mairie au rez-de-chaussée et des logements locatifs aux étages. Le jardin attenant accueillera une salle des associations. Des professionnels spécialistes des bâtiments anciens devront intervenir, en employant des biosourcés compatibles avec la maçonnerie en pierre.
La ville de Langan, de son côté, compte un bâtiment cachant sous une robe d’induit une structure en bauge, classé Patrimoine bâti d’intérêt local de niveau 3 étoiles. Leur projet consiste à la fois à rendre visible l’architecture de pierre et de terre crue, et y aménager trois logements sociaux. « Les bâtiments bauges étant moins courants dans le parc de la maîtrise d’ouvrage, elle a souhaité bénéficier d’un accompagnement spécifique sur ce type de bâti ainsi qu’une vue d’ensemble des filières biosourcées et terre crue pour le réhabiliter au mieux », lit-on dans la présentation du projet.
Dernier projet patrimonial : l’ancien prieuré de Betton, dont la construction remonte 14ème siècle. Un arrêté de péril a été émis à son encontre en 2010, ce qui a nécessité des solutions pour renforcer le mur du bâtiment. Pour « respecter la nature de l’édifice et de son histoire », le choix de la commune s’est vite porté sur le biosourcé.
Un projet du Morbihan lauréat
Le Morbihan compte également un projet lauréat de l’AMI, dans la commune de Surzur. Sa crèche en construction intègre des matériaux biosourcés, que la collectivité compte appliquer dans la restructuration et la rénovation énergétique d’un bâtiment de 2003.
Le but : mutualiser un accueil de loisirs et une garderie, en répartissant les enfants par tranches d’âge, et doter le personnel de locaux adaptés. La Ville souhaite « monter en compétences, notamment sur une opération de rénovation, et atteindre un niveau « remarquable » en termes de poids des biosourcés au m2 », indique la [FB]2.
Virginie Kroun
Photo de Une : Structure en bauge à Langan (35) - ©Espacil