8 propositions pour massifier la rénovation énergétique des logements
Il y a deux ans, Benoît Bazin, directeur général du groupe Saint-Gobain, appelait à mettre en œuvre un « plan Marshall » pour la rénovation sur le salon Batimat.
Cette année, l’édition 2024 a été l’occasion pour Saint-Gobain de dévoiler les résultats d’un travail mené avec une vingtaine d’acteurs et organisations professionnelles du bâtiment et de l’immobilier (FNAIM, FFB, CAPEB, UNSFA…).
Réunis au sein de trois groupes de travail, tous ces acteurs publient un livre blanc contenant 8 propositions-phares pour accélérer la rénovation énergétique des logements en France. Ce livre blanc a été remis à Valérie Létard, ministre du Logement et de la Rénovation urbaine.
Le premier groupe de travail, présidé par Loïc Cantin (président de la FNAIM), s’est intéressé à la rénovation énergétique des copropriétés. Parmi les priorités identifiées : renforcer la formation des acteurs impliqués dans ce type de rénovation en copropriété (syndics), mais aussi accompagner les copropriétaires à 360° dans leur démarche, et planifier ces rénovations dans la durée.
Le deuxième groupe de travail, lui, s’est penché sur l’accélération de la rénovation dans les territoires. L’idée : privilégier l’échelle du bloc communal et l’avis des élus pour qu’ils puissent mettre en œuvre leur politique de rénovation des logements.
Enfin, le troisième groupe de travail a planché sur la structuration d’une offre de rénovation énergétique globale et performante.
Résoudre le problème du financement
Lors de la conférence de présentation, Thierry Fournier, directeur général adjoint de Saint-Gobain, a souligné que 78 % des propriétaires envisageaient des travaux de rénovation énergétique, notamment pour réduire leurs factures d’énergie, mais que le reste à charge important restait le principal frein pour la plupart d’entre eux.
Alors que 60 % des Français vivant dans une passoire thermique n’auraient pas accès au crédit pour financer leur rénovation énergétique, le DG adjoint estime qu’il faudrait « mobiliser les banques », voire les contraindre en les obligeant réglementairement.
Simplifier et stabiliser les aides
La simplification et la stabilité des dispositifs d’aides tels que MaPrimeRénov’ sont également une priorité pour ne pas décourager les ménages.
Pour rappel, fin septembre, près de 30 acteurs ont envoyé une lettre ouverte au Premier ministre pour lui demander de maintenir l’aide MaPrimeRénov’ en l’état après le 31 décembre 2024.
À propos de la rénovation mono-geste, Thierry Fournier a de son côté estimé qu’il ne fallait pas être « dogmatique ». « Ce sera plus compliqué si on ne commence pas par faire l’enveloppe, mais au bout du bout, on avance », a-t-il jugé.
Autre piste : favoriser les rénovations d’ampleur lors de la mutation d’un bien, et ce notamment pour les maisons individuelles considérées comme des passoires thermiques.
Fiabiliser le DPE
Enfin, Thierry Fournier a rappelé la nécessité de fiabiliser le diagnostic de performance énergétique (DPE).
« Ce diagnostic, il est scientifiquement biaisé et il est politisé avec des facteurs de correction qui sont rajoutés pour créer des enjeux budgétaires », a-t-il regretté. Alors que l'on recense de nombreuses erreurs avec des résultats différents selon les diagnostiqueurs, le DG adjoint de Saint-Gobain estime que ces derniers devraient pouvoir « engager leur responsabilité civile ».
« Arrêtons de procrastiner. Faisons les choses simples. Montrons ce qui se fait de bien dans les territoires. Valorisons les bonnes pratiques. On se retrousse les manches et on arrête l'instabilité réglementaire permanente qui fait que personne ne prend une décision », a résumé le DG adjoint de Saint-Gobain.
Et de conclure : « Quand on arrête de penser le financement de la rénovation énergétique comme un coût, c'est un investissement sociétal pour le bien de la France ».
Propos recueillis par Claire Lemonnier
Photo de une : C.L.