La digitalisation, un paradoxe dans la construction (étude PlanRadar)
On entend souvent parler de la digitalisation dans le BTP français. Mais qu’en est-il à l’échelle mondiale ?
C’est une question sur laquelle se penche PlanRadar, plateforme de digitalisation des acteurs de la construction et de l’immobilier. En résulte une étude, menée auprès de 1 326 professionnels dans 15 pays.
Premier chiffre à noter : 77 % des sondés estiment l’introduction de nouvelles technologies dans leurs équipes ou au sein de leur entreprise difficile, voire très difficile. En France la moyenne grimpe de 4 points à 81 %, approchant la moyenne hongroise (84 %) et serbe (83 %).
« Cette situation s’illustre notamment par le manque d’investissements au cours des trois dernières années : à l’échelle mondiale, un peu plus de la moitié des entreprises (59 %) affirme avoir investi dans le BIM, seuls 28 % dans la réalité virtuelle, 26 % dans l’IA, 20 % dans l’impression 3D et 18 % dans la robotique », lit-on dans une synthèse de l’étude.
En France, le frein à la digitalisation est principalement d’ordre économique
Dans un monde du bâtiment et travaux publics marqué par des tensions (chute de la construction, hausses des prix…), il n’est guère surprenant de constater que l’investissement dans le digital est freiné par des raisons économiques.
En particulier en France, où un faible retour sur investissement (28 %) et une mise en œuvre trop coûteuse (21 %) sont principalement cités.
« En France, les acteurs de la construction et de l’immobilier restent persuadés d’un faible retour sur investissement et ce malgré les gains en matière de productivité que ces outils pourraient leur apporter sur du moyen-terme », confirme Sacha Atlani, Regional Manager France pour PlanRadar.
En effet, à en croire l’ensemble de sondés - tous pays confondus -, 95 % des utilisateurs d'un logiciel de gestion de la construction ont noté des économies, variant entre 10 et 30 % pour 35 % d’entre eux.
Chez 8 des 15 pays étudiés (Brésil, République tchèque, Pologne, Roumanie, Serbie, Slovaquie, Espagne et Royaume-Uni), le frein à l’investissement technologique est principalement lié une vision traditionnelle. Vision traditionnelle des participants à projet de construction, plus précisément. Le manque de formation et de profils numériques au sein des entreprises est également pointé du doigt. Pour preuve, 65 % des sondés ne relèvent aucune « augmentation des recrutements de professionnels du numérique dans leur entreprise ces dernières années ».
97 % des professionnels envisagent une augmentation de l'investissement
Pourtant, si les professionnels interrogés citent des obstacles à l’investissement, 97 % anticipent une augmentation de l'investissement dans les logiciels de gestion. Parmi les pays où l’engouement est le plus fort : le Brésil (96 %), l’Australie (89 %) mais également la France (85 %).
La plupart priorisent les logiciels de gestion de projets de construction ou immobiliers (77 %), le BIM (66 %, dont 77 % de professionnels français anticipant des investissements) ou les solutions tournées vers des engagements environnementaux (68 %). Côté intelligence artificielle et réalité virtuelle, l’enthousiasme est plus modéré, avec 43 % des répondants s’attendant à une croissance de ces investissements dans les trois prochaines années.
« 41 % des professionnels interrogés déclarent n’avoir remarqué aucun investissement en matière de BIM ni en matière de mesures numériques en faveur de l’efficacité énergétique (34 %). De plus, l’absence de mesures coercitives publiques ralentit la transition numérique dans certains pays comme en Croatie (24 %), en Hongrie (11 %), en Pologne (14 %), en Roumanie (13 %) et en Serbie (15 %) », est-il aussi écrit dans l’enquête PlanRadar
« Les résultats de notre enquête sont révélateurs des retours que nous avons du terrain : si le secteur semble engagé dans la transition numérique, les perspectives de changement sont toujours en deçà de ce que les crises nous imposent », conclut Sacha Atlani.
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock