Un bracelet pour prévenir les coups de chaleur sur chantier
L’intensité grandissante des périodes caniculaires impacte le confort d’été, que ce soit pour les usagers d’un bâtiment ou d’une infrastructure, que pour les professionnels qui les construisent.
« Les professionnels du BTP sont ainsi de plus en plus exposés au risque de coup de chaleur, qui correspond à une élévation de la température du corps au-delà de 39° C », observe l’Organisme de prévention des branches professionnelles du BTP (OPPBTP).
L’organisation ajoute : « Cette hausse de la température interne est un signal très faible qui peut échapper à la vigilance du professionnel qui ne ressentira pas le besoin de solliciter une action de prévention. Or, le coup de chaleur doit être identifié et traité rapidement pour ne pas entraîner des lésions organiques sérieuses voire fatales ».
Une expérience pour évaluer un bracelet détectant les coups de chaleur
C’est à partir de ce constat que l’OPPBTP, PRO BTP et la start-up Biodata bank ont conclu, en juin 2021, un partenariat. Le but ? Mener une étude commune visant à mesurer l'efficacité de la solution Heat Warning Watch CanariaTM, conçue par Biodata bank.
Il s’agit d’un bracelet intelligent estimant la température du corps – sans connexion de communication requise – et déclenchant une alarme visuelle et sonore, lorsque cette température augmente dangereusement. Commercialisé ce mois de mai, le Heat Warning Watch CanariaTM a pu être testé au total auprès de 880 salariés du BTP, répartis entre 53 entreprises, 13 métiers, et neuf régions.
Ainsi, 555 bracelets distribués ont pu être analysés (soit 75 %), et 6 932 257 données informations ont été recueillies. Celles-ci ont été évaluées tant sur le plan quantitatif – par le croisement de données environnementales (géographie, météo, etc.) et biométriques (âge, IMC, genre du porteur) – que qualitatif (questionnaire de retour d’expérience sur le bracelet).
Les professionnels du BTP travaillant à l’extérieur les plus en danger
Selon les conclusions dressées par le bilan de l’OPPBTP, PRO BTP et Biodata bank, une majeure partie des travailleurs du BTP exerçant à l’extérieur sont exposés au risque de coup de chaleur.
En témoignent les déclenchements d’alarmes, qui, dans le bâtiment, sont plus présentes chez les maçons (19 %). Les chauffeurs et conducteurs d’engins concentrent également le plus d’alertes dans les chantiers de canalisations (21 %) et de routes (31 %). « La majorité des engins observés le long de l’expérimentation sont équipés d’une cabine sans climatisation. Cela pourrait expliquer le niveau de température élevé dans la cabine, cumul de la température ambiante, de la température rayonnante de la structure métallique de l’engin et de la chaleur dégagée par le moteur) », note d’ailleurs l’étude.
La moyenne d’âge des porteurs comptant des alertes déclenchées est de 40 ans, avec un âge minimum de 16 ans et un âge maximum de 65 ans.
Pour ce qui est du poids, selon le bilan, l’indice de masse corporel (IMC) affecterait peu le déclenchement d’alarmes. Pour preuve : « Le regroupement des catégories surpoids, obésité modéré, obésité sévère et obésité morbide donne un total de 57 personnes ayant déclenché au moins une alarme, ce qui représente 21% des alarmes déclenchées », rapportent les partenaires de l’enquête. « Pour les catégories maigreur, obésité sévère et obésité morbide, le nombre de participants est trop faible pour avoir une valeur statistique fiable », abondent-ils.
Il en va de même pour le facteur sexe, qui « ne constitue pas une variable exploitable », étant donné que 98 % des participants sont des hommes et donc les 3 participantes sur 11 ayant déclenché l’alerte du bracelet, non-représentatives.
Le bracelet apprécié par la majorité des travailleurs du BTP
En ce qui concerne le retour d’expérience, plus de la moitié des répondants sont satisfaits par différents aspects du bracelet Heat Warning Watch CanariaTM.
En particulier la résistance de la solution aux frottements (96 %), aux chocs (99 %), à l’humidité (98 %) et son système de fermeture (98%). Les alertes sonores sont globalement bien perçues, mais davantage celles sonores (83 %) que visuelles (50 %). « Par ailleurs, l’absence de connectivité et de collecte de données personnelles anonymes par le dispositif a également permis de rassurer les entreprises et les salariés quant au respect du RGPD », souligne l’étude.
« Mieux cerner la question du risque thermique sur les chantiers, c’est comprendre son impact sur la santé, sur notre système de protection sociale et sur l’organisation des entreprises. C’est aussi anticiper et prévenir les difficultés dans un contexte de dérèglement climatique », défend David Antoine Malinas, responsable de la filiale française de Biodata Bank.
Et Mohamed Trabelsi, responsable du domaine EPI au sein de la Direction technique de l’OPPBTP de conclure : « Les visites sur le terrain menées dans le cadre de l’expérimentation pour assurer le suivi de la mise en œuvre du protocole ont également été l’occasion de sensibiliser les entreprises sur le risque lié aux fortes chaleurs et de leur présenter différentes solutions pour y remédier ».
Pour lire intégralement l’étude de l’expérience consacrée à la solution Heat Warning Watch CanariaTM, rendez-vous sur le site de l’OPPBTP.
Virginie Kroun
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