« Le béton armé a été en grande partie inventé, promu et développé en France », rappelle Franck Hammoutène, Président de Bétocib, dans l’avant-propos d’un ouvrage venant de paraître et intitulé « Peaux de béton - 65 architectures contemporaines ». C’est la réglementation qui selon lui a favorisé ce matériau en imposant des garanties et assurances à long terme.
Le
béton est
« un matériau sinon artisanal, du moins toujours "sur mesure" (qui) peut être coffré sur place ou au contraire préfabriqué ». Il est relativement
facile à utiliser, disponible partout, et abordable.
« Ses variations sont innombrables, des nouvelles formes, textures et couleurs apparaissent à partir d’assemblages ou de compositions différentes », ajoute le président, qui est aussi l'architecte entre autres de l'extension de l'hôtel de ville de Marseille.
« C’est à Marseille qu’un nouveau chapitre [du béton] va être écrit, lorsque Le Corbusier met en chantier l’Unité d’habitation, qui sera achevée en 1952. La rugosité des surfaces, les traces des planches de coffrage et des lits de coulée superposés, qui résultent du travail des entreprises successives, le conduisent à revendiquer la beauté du béton "brut" », écrit dans le même livre Jean-Louis Cohen, Architecte-historien enseignant à l’Institute of Fine Arts de New York.
L’âge mûr du béton poète
« La richesse sémantique du béton se manifeste dans ces bâtiments, avec toutes ses contradictions. Apparemment ennobli lorsqu’il est rapproché des surfaces de pierre, comme à La Jolla [expériences de béton armé à Los Angeles par Irving Gill], il reste en même temps presque prolétarien dès lors que les marques du procès de travail sont laissées visibles », poursuit Jean-Louis Cohen, qui livre en préface une
histoire condensée du matériau, de ses premières utilisations dans la rome antique aux
bétons haute performance d'aujourd'hui.
« D’une jeunesse traditionnellement structurelle, en passant par une adolescence architec-tonique, nous le découvrons aujourd’hui d’un âge mûr, totalement éclectique, capable de nous étonner », écrivent pour leur part Philippe Deprick et Giovanni Lelli, architectes et membres de Bétocib. « Le béton a muté. Il a quitté son rocher de matériau inerte et sans âme, uniquement constitué d’une force et d’une gravité, pour voguer désormais vers de nouveaux horizons sans cesse à découvrir, avec finesse et légèreté. »
« Peaux de béton - 65 architectures contemporaines »
200 pages environ / Disponible aux Editions Dunod