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Elisabeth Borne, une Première ministre de taille pour les professionnels du BTP ?

Publié le 17 mai 2022

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Après trois semaines de mystère, le nom du nouveau, ou plutôt de la nouvelle occupante de Matignon était révélé ce lundi 16 mai. Elisabeth Borne a été désignée Première ministre, en charge de la planification écologique. Poste pour lequel l'ancienne ministre des Transports, de la Transition écologique et solidaire ainsi que du Travail pourrait avoir l’étoffe. Les représentants du bâtiment voient d’ailleurs en elle une interlocutrice de taille. Mais est-ce le cas de ses opposants politiques ?
Elisabeth Borne, une Première ministre de taille pour les professionnels du BTP ? - Batiweb

C’est la fin d’un suspense qui s’est poursuivi sur les trois semaines après le second tour des élections présidentielles.

Elisabeth Borne échangeait officiellement sa place de ministre de Travail contre celle de la Première ministre, lors d’une cérémonie de passation de pouvoir, ce lundi 16 mai. Elle succède ainsi à Jean Castex, qui remettait le même jour sa démission. 

Plusieurs bornes ministérielles au compteur

 

Prendre les manettes de Matignon est la concrétisation d’une longue ascension dans la fonction publique pour cette polytechnicienne de 61 ans. Parcours qui commence en 1987, lorsqu’elle intègre le ministère de l'Équipement, en tant que cheffe du bureau des effectifs et l’organisation. Elle occupe également au sein de ce même ministère, la fonction de chargée de la sous-direction des chemins de fer, pour la direction des Transports Terrestres, de 1996 à 1997.

Entre-temps, elle devient, en 1989, secrétaire générale du schéma directeur d’Île-de-France à la direction régionale de l’équipement. L’ingénieure générale des Ponts et Chaussées sort des sentiers battus en prenant le poste conseillère technique en charge de la programmation et du développement universitaire, au cabinet du ministre de l’Éducation Nationale, entre 1991 et 1993, auprès de Lionel Jospin, puis de Jack Lang. 

En 1993, elle entame une incursion de trois ans dans le logement, chez Sonacotra - renommée Adoma –, filiale de CDC habitat, en qualité de directrice technique. En 2002, l’ingénieure générale des Ponts et chaussées est de retour sur les rails, en occupant pendant cinq ans le poste de directrice de la stratégie de la SNCF.

Elisabeth Borne poursuit son aventure dans la construction, en tant que directrice des concessions chez Eiffage de 2007 à 2008, et ensuite au poste de directrice générale de l'urbanisme à la mairie de Paris, sous Bertrand Delanoë, de 2008 à 2013. 

Après avoir été préfète de Poitou-Charentes, puis de la Vienne entre 2013 et 2014, Elisabeth Borne s'ouvre plus largement à l’écologie. Elle devient en effet directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l'Écologie, durant le mandat de François Hollande. Poste qu’elle quitte pour occuper celui de présidente directrice générale de la RATP, jusqu'en 2017.

Mais la percée d’Elisabeth Borne en tant que ministre commence véritablement dès les premières heures du premier quinquennat Macron. De 2017 à 2022, elle est tour à tour ministre des Transports, de la Transition écologique et du Travail, dans les gouvernements d’Edouard Philippe et de Jean Castex. 

Une expérience polyvalente, profitable aux dossiers du BTP

 

Maintenant aux commandes de Matignon, Elisabeth Borne est la deuxième femme – après Edith Cresson en 1991 – à être désignée Première ministre depuis le début de la Ve République. Parmi les dossiers qui l’attendent sur son bureau, il y a bien évidemment la composition du gouvernement – dont les noms sont dévoilés au compte-goutte –, mais pas seulement. 

La nouvelle occupante de Matignon aura pour mission de défendre une majorité LREM à l’Assemblée nationale. D’ailleurs, pour les législatives, Elisabeth Borne maintient sa candidature, dans la 6e circonscription du Calvados, selon franceinfo. 

Lors de sa passation de pouvoir avec Jean Castex, Elisabeth n’a pas non plus manqué d’évoquer la « situation internationale » provoquée par la guerre en Ukraine. Le conflit continue d’ankyloser les rapports diplomatiques, se propageant jusqu’aux pénuries et à la flambée des prix des matières premières et de l'énergie

Mais surtout, le gouvernement Borne aura comme priorité de prendre à bras le corps le « défi climatique et écologique ». Car au-delà de chapeauter les douze futurs ministres, Elisabeth Borne sera chargée de « la planification écologique ».

Sujet on ne peut plus important dans les mutations du BTP. Le secteur doit déjà composer avec les lois Climat et Résilience et AGEC, la RE2020, le dispositif France Rénov ou bien la REP bâtiment, dispositions pour la construction et la rénovation mises en place durant le premier quinquennat Macron. Sans compter l’ambition du mix énergétique, défendu par le président Emmanuel Macron à Belfort, en février dernier

Toutefois, la transition écologique tant rêvée du BTP fait face à de nombreux freins contextuels, entre pénuries et hausse des prix des matériaux et manque de main d’œuvre. Deux gros dossiers pour les artisans du bâtiment, avec lesquels la Première ministre a pu se familiariser, en qualité de ministre du Travail. 

Sur le papier, l’expérience et la polyvalence d’Elisabeth Borne peuvent convaincre les acteurs du bâtiment. Pour preuve, la Capeb voit en la nouvelle Première ministre « une interlocutrice de choix pour les échanges à venir notamment sur la représentativité des TPE ». 

La FFB, quant à elle, « sera aux côtés de la nouvelle Première Ministre pour intensifier le combat en faveur de l’emploi, de l’activité et de la transition énergétique », assure son président Olivier Salleron. 


Au sein du sérail politique, Anne Hidalgo et Valérie Pécresse, candidates PS et LR à la présidentielle 2022, ont transmis également à Elisabeth Borne leurs félicitations.

Connue pour son tempérament zélé, Elisabeth Borne a toutefois la réputation d’être discrète. Le risque d’être effacée par un président comme Emmanuel Macron attire les critiques de l’opposition politique. 

Côté RN, Marine Le Pen s’insurge. « Emmanuel Macron démontre son incapacité à rassembler et la volonté de poursuivre sa politique de mépris, de déconstruction de l'État, de saccage social, de racket fiscal et de laxisme », tacle-t-elle sur Twitter.

Les railleries ne manquent du côté Jean-Luc Mélenchon. Selon le candidat LFI, « une nouvelle saison de maltraitance sociale et écologique commence. Élisabeth Borne incarne la continuité de la politique du président de la République ». Il invite toutefois à un débat avec la Première ministre, sur la politique sociale, écologique et économique à venir.

Sur l’environnement, la nouvelle Première ministre en charge de la planification écologique devra collaborer deux futurs ministères : un de la planification énergétique, un autre de l’aménagement écologique.

Reste à savoir, si la création d’un ministère dédié au bâtiment, naîtra à part - comme le souhaitent nombre de représentants professionnels du BTP - ou au sein de l’une de ces structures.

 

Virginie Kroun
Photo de Une : Twitter @Elisabeth_Borne

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