Prix de l’électricité : la filière du solaire se dit « bouc émissaire »
Le ministre du Budget, François Baroin, a confirmé mercredi l'augmentation de 3% des tarifs de l'électricité attendue début 2011, qui doit « alléger le fardeau financier pour EDF du rachat de l'énergie solaire ». EDF a l'obligation d'acheter l'électricité solaire à un tarif supérieur à celui du marché en application du Grenelle. C'est ce soutien aux énergies vertes en application du Grenelle qui fragiliserait les comptes d'EDF.
Le gouvernement a donc accepté un amendement permettant de relever la « contribution au service public de l’électricité » (CSPE). Cette taxe, payée par chaque consommateur, finance notamment le développement de l'électricité photovoltaïque et représente 5 % du montant total de la facture en énergie des particuliers. « L’environnement n’a pas de prix, mais il a un coût. Il faut l’assumer quand on apporte son soutien à une politique », a glissé le ministre du Budget, François Baroin, pour justifier cette hausse.
L’électricité solaire faussement accusée
Les réactions ne se sont pas fait attendre. Parmi elles, l’association des professionnels de l’énergie solaire (Enerplan), qui présente la filière comme bouc émissaire. « Laisser entendre que le déficit de la Contribution au Service Public de l’Electricité, 1,6 milliard d’euros à fin 2010, serait à mettre à la charge du coût d’achat de l’électricité solaire relève de l’injustice » indique Enerplan dans un communiqué. Pour l’association, le déficit de CSPE qui prospère depuis quelques années, n’est pas grevé par le développement de l’électricité en France. Les derniers chiffres de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) le prouvent, toujours selon Enerplan. « Le photovoltaïque, avec moins de 800 MW connectés d’ici fin 2010, ne devrait guère peser dans la CSPE que pour 120 M€ cette année, selon la CRE » précise le communiqué.
Enerplan souhaite « une approche transparente des enjeux financiers, de façon holistique pour prendre en compte l’ensemble des externalités, non liées au coût du développement de la production électrique d’origine renouvelable, qui alourdiront la facture électrique des Français ». Avant de conclure que « la part du photovoltaïque dans la CSPE coûtera en 2010 à un ménage moyen (qui consomme 3500 kWh/an) moins d’un euro par an, et guère beaucoup plus en 2011 : nous sommes très loin de la nécessité d’augmenter le prix de l’électricité de 3 à 4 % pour financer les kWh solaires ».
Bruno Poulard