Emploi et handicap ne font pas encore bon ménage. Si les entreprises, et notamment les grands groupes, semblent faire des efforts de plus en plus conséquents pour l’embauche des personnes en situation de handicap, les obstacles restent nombreux, notamment en raison de préjugés qui persistent. C'est ce que révèle la première enquête du Club Handicap & Société réalisée avec le concours de l'institut IPSOS auprès de 298 dirigeants et responsables ressources humaines d’entreprises de plus de 10 salariés.

Les résultats présentés le 10 décembre dernier à la Maison de la Chimie, à Paris soulignent notamment plusieurs paradoxes en matière d'emploi de personnes handicapées.

L'emploi des personnes handicapées « difficile » dans la Construction

Ainsi, si les mentalités ont incontestablement évolué positivement en matière d’image du handicap et de son intégration dans l’entreprise, dans les faits, le taux d’emploi des personnes handicapées reste faible (3,5 % selon cet enquête), bien loin de l’objectif officiel (6 %) et même si une (courte) majorité des dirigeants (58 %) conçoit que cet objectif est réaliste.

De plus, il ressort de l'étude que le regard sur le handicap est polarisé sur le fauteuil roulant, alors que l’on sait qu’il s’agit d’un handicap très minoritaire (500 000 personnes) sur le nombre de personnes handicapées.

Par ailleurs, le fait que les handicaps physiques, pourtant les plus simples à « compenser », fassent partie des handicaps jugés les plus difficiles à intégrer témoignent d’une méconnaissance des moyens techniques existants et parfois d’un surdimensionnement des besoins de mobilité. Ainsi dans le secteur de la construction, 86 % des dirigeants considèrent que l'emploi d'une personne en situation de handicap est quelque chose de « difficile ». Pourtant, ils sont dans le même temps 59 % à considérer l’objectif d’obligation d’emploi d’au moins 6% de personnes handicapées pour les entreprises de plus de 20 salariés « réaliste ».

Potentiel d'emploi des personnes handicapées

En outre, l'étude met en évidence le potentiel d’emploi de personnes handicapées par les entreprises, bien que « le passage à l’acte est jugé difficile par la très grande majorité des dirigeants (80 %) ». Ainsi, précise le document, « il existe un vivier d’entreprises pour l’emploi de personnes handicapées (en particulier celles de moins de 20 salariés) à juger la proportion importante dans la présente enquête des dirigeants d’entreprise n’employant pas de salarié handicapé à ce jour mais considérant que cela reste possible (près des 2/3), certains sous certaines conditions.»

Enfin, les résultats ont permis d’identifier des leviers d’action pour favoriser l’embauche de personnes handicapées parmi lesquels comptent notamment la simplification des aides financières. ou encore « l’institution de périodes d’essai spécifiques afin de rassurer l’employeur potentiel pour l’inciter à essayer l’embauche d’une personne handicapée ». D'après l'étude, ce sont les entreprises les plus importantes ou celles appartenant au secteur du commerce et de la Construction (36 %) qui auraient recouru davantage aux aides.

Une prochaine étude menée auprès des salariés

Pour rappel, en France, la population handicapée représente 8 millions de personnes en France, mais près de 12 millions éprouvent une gêne ou des difficultés dans le quotidien.

La vocation du Club Handicap & Société de la mutuelle Intégrance est de venir en aide et de soutenir des projets innovants d’accès aux soins et d’intégration des personnes handicapées, malades et dépendantes et de faire émerger des pistes nouvelles de réflexion et de solidarité.

C'est dans ce cadre que le Club Handicap & Société s'est doté d’un outil d’observation à vocation barométrique en vue d’alimenter sa réflexion sur les thèmes évoqués précédemment. Cette première thématique « Handicap et Entreprise », était composée d'une enquête qualitative réalisée auprès d’experts du secteur (responsables associatifs, responsables de structures dédiées à l’emploi) ainsi qu’une enquête quantitative auprès de dirigeants et responsables d’entreprise. Elle sera complétée en 2015 par une deuxième étude menée cette fois-ci auprès des salariés handicapés.

A. LG
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