Les convecteurs, grands oubliés du projet de loi Climat et Résilience selon Équilibre des Énergies
Actuellement examiné par les sénateurs, le volet « Se Loger » du projet de loi Climat et Résilience rassemble des mesures et ambitions importantes en termes de rénovation énergétique. Elles ont notamment pour cible près de cinq millions de logements classés en F et G. D’ici 2028, ces passoires énergétiques devraient être interdites à la location si elles ne sont pas rénovées.
Autre axe : l'interdiction de chaudières fioul neuves dans les logements. Mais qu’en est-il des convecteurs électriques ? Voilà un sujet sur lequel l’association Équilibre des Énergies interpelle les pouvoirs publics.
Installés dans les années 70-80, les vieux convecteurs sont la cause d’inconfort, de consommations et de factures élevées ainsi que d’un impact sur la puissance de pointe, bien qu’ils aient recours à une énergie décarbonée. Actuellement, les habitations qui en sont équipées sont évaluées entre 6 et 7 millions, dont 2 millions parmi les 4,8 millions de passoires thermiques.
Leur remplacement, tout comme celui des chaudières à fioul, est « un défi majeur à la fois pour la transition énergétique et pour l’urgence sociale. Or, le rythme de rénovation de ces logements est insuffisant », affirme Brice Lalonde, président de l’association Équilibre des Énergies et ancien ministre de l’Environnement.
Un système complexe à remplacer
Remplacer les vieux convecteurs par des pompes à chaleur (PAC) ou réseaux de chaleur peut être une première solution. Mais pour l’association, entreprendre ces travaux de rénovation sera impossible dans certains immeubles sans circuits d’eau.
« Dans ces cas, la seule solution pour moderniser le système de chauffage est d’installer des radiateurs performants en les accompagnant des gestes d’isolation nécessaires », explique l’association. Selon elle, ces radiateurs ont déjà fait leurs preuves lors de la vague de froid en 2018, durant laquelle 50 000 radiateurs connectés auraient régulé les consommations et les factures, en maintenant la température à 17°C, soit 2 à 3 C° de moins que la température de consigne.
Commercialisé depuis plus de dix ans, cet appareil serait un complément pertinent à certaines énergies renouvelables (chauffage au bois, chauffe-eau thermodynamique, panneau photovoltaïque…). Seul hic : les radiateurs performants ne bénéficient d'aucune aide publique, peut-être car ils restent injustement confondus avec les vieux convecteurs.
Afin de rémédier à cette « lacune de la politique de rénovation », l’association Equilibre des Energies appelle les pouvoirs publics à mettre en place une aide dédiée au remplacement des convecteurs par des radiateurs intelligents. Une action complétée par un amendement soutenu par les sénateurs Les Républicains, souhaitant que le gouvernement se prononce d’ici six mois sur le remplacement des vieux convecteurs électriques dans les logements F et G.
Selon l’association, « la création d’une telle aide combinée aux aides existantes pour renforcer l’isolation ou pour moderniser le mode de production d’eau chaude, incitera les Français à engager des rénovations exemplaires tant sur les émissions de CO2 que sur les consommations d’énergie ».
Virginie Kroun
Photo de une : Adobe Stock