Le maintien intégral de MaPrimeRénov’ pour le chauffage bois réclamé
En plus de la création de « Ma Prime Logement Décent », le budget 2024 de l’Anah prévoit le maintien de l’aide MaPrimeRénov’ pour le chauffage bois. Seulement, le montant de l’aide diminue de 30 % à partir d’avril 2024.
Une décision gouvernementale qui avait déjà laissé un goût doux-amer du côté du Syndicat des énergies renouvelables (SER). Pour l’organisation, il semble nécessaire de « maintenir une aide sur l’acquisition des appareils seuls utilisant le bois comme combustible ».
Un avis partagé avec la fédération des installateurs de poêles et de cheminées (FIPC) et l’association nationale du chauffage au granulé de bois Propellet. Ces dernières ont d’ailleurs adressé, ce vendredi 15 décembre, une lettre au président de la République Emmanuel Macron.
Un danger pour la filière bois énergie, comme pour les ménages
Les deux représentants de la filière bois énergie entendent bien défendre l’intérêt du chauffage bois dans le mix énergétique, tant défendu par l’occupant de l’Élysée.
Certes, la FIPC et Propellet applaudissent l’ambition d’une politique énergétique plus indépendante, plus vertueuse. Elles pointent cependant du doigt des incohérences en termes de fléchage des aides.
« Il est aujourd’hui incompréhensible que l'État envisage de réduire de 30 % le montant des aides accordées au chauffage au granulé de bois à travers MaPrimeRénov' alors qu’elles sont maintenues voire augmentées pour les autres énergies. Cette décision pourrait avoir des conséquences dévastatrices pour une filière que l’Etat exhortait encore l’an dernier à intensifier sa mise à disposition de combustible et d’installations de chauffage », lit-on dans leur communiqué.
Les deux organisations réclament donc le maintien intégral du dispositif MaPrimeRénov’ en 2024 pour les appareils de chauffage au granulé. D’autant qu’il en va de la santé économique de la filière bois, dans son intégralité.
« Moins d'appareils au granulé installés mettra en péril les usines françaises de granulé (représentant 85 % de la consommation, d’où l’argument de souveraineté) et stoppera les nouveaux projets d'usines de granulé, dont le développement avait été largement encouragé par l'État il y a quelques mois à peine. Nous rappelons également que le granulé est une composante essentielle de la prospérité des scieries françaises et de la filière bois en général. Filière qui est aujourd’hui le premier employeur de France avec 440 000 emplois directs et indirects. Fragiliser cette industrie dans une période de crise économique, qui va très certainement entrainer une hausse mécanique du chômage en 2024, serait irresponsable », argumentent la FIPC et Propellet.
Et de souligner cependant que « confrontés à des contraintes de pouvoir d’achat, ils vont avoir un accès réduit à une énergie performante, locale, circulaire, souveraine, renouvelable, décarbonée, créatrice d‘emploi et économique ».
L’obligation du DPE à reporter
Autre inquiétude exprimée : l’obligation d’un Diagnostic de Performance Énergétique (DPE) par les ménages afin de recevoir les aides. Si le document est nécessaire pour mesurer l’efficacité énergétique des bâtiment, il représente « un frein à l’engagement de travaux par les ménages et un coût additionnel non négligeable », estiment la FIPC et Propellet. Sans compter des anomalies liées à sa mise en pratique, avec notamment un « nombre limité de prestataires formés pour réaliser ces DPE »
« (…) La filière du chauffage au bois a déjà dû faire face à un lancement approximatif et mal préparé de MaPrimeRénov' en 2020, avec des problèmes persistants encore trois ans après. Imposer le DPE dès 2024 sans une préparation adéquate conduira à une catastrophe pour cette filière », abondent les organisations.
Propellet et la FIPC demandent donc de reporter cette obligation au 1er janvier 2025 au plus tôt, afin de garantir « une mise en oeuvre efficace du dispositif »
Virginie Kroun
Photo de Une : Adobe Stock