« Le DPE, c’est de la collecte de données et la création d’une forme d’observatoire » Bertrand Leclercq
Que pensez-vous du nouveau DPE ?
Bertrand Leclercq : Ce DPE, sur lequel nous avons été consultés parmi tant d’autres, est très positif et va dans le bon sens. Il y a des efforts importants en termes de pédagogie et de compréhension de l’information par le consommateur lambda. La nouveauté qui m’a marqué, ce sont les conseils pour améliorer la performance de son logement, notamment avec des scénarios de travaux. Il y a tout un chapitre qui conseille des améliorations de performances, avec des travaux de toiture, d’isolation des murs ou bien de changement du système de production de chauffage. Pour chacun, on vous indique ce qu'il vous fait gagner en classification énergétique. Certes cela reste une approche rapide et macroéconomique des préconisations. Mais cela implique davantage les diagnostiqueurs dans l’élaboration de cette feuille de route, que le particulier n’a plus qu’à dérouler derrière.
Le nouveau DPE sera obligatoire sur toutes les annonces immobilières dès 2022. Pensez-vous que les diagnostiqueurs sont assez nombreux ?
Bertrand Leclercq : Il devrait y avoir un dossier ministériel très précis pour accompagner les diagnostiqueurs dans cette démarche. Et puis il y a les logiciels qui sont prêts pour les aider. Je ne connais pas le nouveau dimensionnement actuel, mais j’imagine que ce nouveau DPE va demander un travail d’élargissement du réseau et de formation de ces professionnels.
Incontestablement, les agences immobilières seront aussi en première ligne dans le cadre de ce nouveau DPE. Notamment face à un logement ayant une mauvaise note énergétique : elles seront obligées de comprendre cette évaluation et d’être force de proposition pour conseiller leurs clients concernant les travaux à engager pour l’améliorer.
Selon vous, ce nouveau DPE sera-t-il facilement réalisable ?
Bertrand Leclercq : Il y a une volonté d’aller plus loin et d’être plus strict dans le diagnostic. Notamment avec la méthode 3CL, qui devrait permettre une meilleure harmonisation des résultats obtenus, reposant sur la facture de consommation annuelle que le diagnostiqueur aurait vue, et pas sur une fiche déclarative du propriétaire actuel. Après, il ne faut pas perdre de vue que cela reste des consommations conventionnelles, donc basées sur la performance théorique d’une chaudière, d’une rénovation, de la qualité d’un bâti… Pour moi, il faut vraiment qu’on mesure la réalité de l’efficacité des travaux d’amélioration de performance d’un logement, tout comme la politique publique, qui met beaucoup d’argent pour des dispositifs bien pensés tels que MaPrimeRénov'.
Selon une étude Flatlooker, 75 % des logements analysés ces derniers mois auraient un DPE différent. Qu'en pensez-vous ?
Bertrand Leclercq : Les changements de classification sont normaux et je pense qu’il va vite falloir arrêter de comparer l’avant-après réforme. Après, il y a la question délicate des fameuses passoires thermiques qui vont être interdites, et là c’est normal qu’elle soit aussi sensible. Mais les changements vont dans le bon sens, même s’ils sont contraignants.
Que peut apporter l'outil Qlik, et plus largement le numérique ?
Bertrand Leclercq : Le DPE, c’est de la collecte de données et la création d’une forme d’observatoire. C’est là qu’on a besoin d’outils pour exploiter et traiter ces résultats. Chacun des diagnostiqueurs bénéficient de logiciels qui harmonisent ces méthodes de calculs et restituent les résultats sous forme de fichiers avec un format identique. Ces derniers peuvent être centralisés dans un observatoire national du DPE.
L’outil Qlik s’appuie sur cet observatoire pour croiser en masse ces informations avec des données que nous avons tirées de nos logements dotés de notre certification NF Habitat et de leur performance énergétique. Ça nous sert déjà à démontrer, chiffres à l’appui, qu’un logement certifié a une meilleure performance que les logements non certifiés. On les restitue également à nos clients promoteurs immobiliers et bailleurs sociaux, qu’on accompagne pour trouver les points d’amélioration de qualité du logement. En particulier sur la performance énergétique, qui concentre 20 % des failles dans les projets de construction et rénovation. La collecte de ces données permet d’établir notre référentiel, qui regroupe des moyennes nationales et régionales, auxquelles les professionnels peuvent comparer leurs opérations et élaborer leur cahier des charges.
Cet outil peut-il tirer des données de tout mode de consommation énergétique, même les plus anciens (chaudières à charbon, fioul…) ?
Bertrand Leclercq : Dans le cadre du projet de loi Climat et Résilience, il y a un dispositif qui s’appelle le carnet d’information du logement, qui devrait être obligatoire dans les logement neufs et rénovés. L’un des objectifs de ce document, c’est de stocker tout l’historique d’un logement, dont la mesure de consommation qui concerne tous les modes consommation, y compris ceux recourant au charbon.
J’ajoute qu’heureusement, à côté, pour le gaz et l’électricité, le compteur Linky et son petit frère Gazpar relèvent toutes les trente minutes les chiffres réels de consommation et pas de consommation conventionnelle théorique. Cela nous fait un champ d’observation fantastique sur l’efficacité des travaux de rénovation énergétique. On passe toutefois avant par un recueil de consentement, par lequel le particulier autorise Qualitel à accéder à ces données de consommation.
Quels autres dispositifs Qualitel met en place dans le cadre de cette réforme ?
Bertrand Leclercq : On a un outil numérique nommé Cléa, où l'on communique des actualités et conseils autour du logement, dont actuellement sur la sortie du nouveau DPE. Nous avons également beaucoup de choses du côté de la RE2020, pour laquelle nous organisons des sessions d’information et de formation à destination de professionnels.
Propos recueillis par Virginie Kroun
Photo de Une : Bertrand Leclercq