La rénovation d'un bâtiment de La Samaritaine annulée par le tribunal
Le tribunal administratif a estimé que la juxtaposition du nouveau bâtiment prévu par LVMH, plus particulièrement sa façade ondulante exclusivement réalisée en verre, et d'immeubles parisiens en pierre, variés mais traditionnels, apparaissait dissonante. « Il ne ressort pas (...) des pièces du dossier que les ondulations de la façade reproduisent le rythme des bâtiments de la rue de Rivoli comme le soutiennent les auteurs du projet », ont considéré les juges administratifs.
L'association Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France (SPPEF) avait déposé un recours devant la justice pour contester les permis de construire accordés fin 2012 au groupe de luxe LVMH, propriétaire du lieu, par la mairie de Paris. Elle s'inquiétait notamment de la transformation du bâtiment et du respect des règles d'urbanisme.
Mauvais pour les projets de rénovation à Paris
Un premier jugement, rendu le 11 avril, avait validé le permis de construire de l'Ilot Seine, la partie de ce gigantesque ensemble qui jouxte le fleuve parisien. Le jugement rendu mardi concerne l'Ilot Rivoli, c'est-à-dire la partie qui jouxte la rue de Rivoli.
En juillet, le tribunal administratif de Paris, saisi en référé, avait rejeté le recours de l'association, qui s'était ensuite pourvue devant le Conseil d'Etat. Le 5 mars, la plus haute juridiction administrative avait annulé l'ordonnance de juillet et renvoyé l'affaire devant le juge des référés du tribunal administratif de Paris, qui s'est prononcé en deux temps, le 11 avril et mardi.
La Samaritaine a fait part de sa plus vive surprise « à la lecture d'un jugement reposant exclusivement sur des considérations esthétiques et donc entièrement subjectives portant sur l’oeuvre d'un architecte parmi les plus réputés au monde, lauréate du prix Pritzker équivalent pour l'architecture du prix Nobel ». Elle considère que ce jugement constitue « un précédent préoccupant pour tout projet de rénovation à Paris un tant soit peu novateur ».
Un investissement d'environ 460 millions d'€
Pour la Ville de Paris « cette décision est susceptible de priver Paris de la place qu’elle doit défendre sur la scène architecturale internationale. C’est la raison pour laquelle la Ville fait appel de ce jugement ». L’agence d’architectes SANAA, récompensée en 2010 par le Pritzker Price, le Nobel de l’Architecture, a remporté ce projet qui s’inscrit dans le gabarit global des constructions de la rue de Rivoli. Le projet implique un investissement d'environ 460 millions d'euros et plus de 2100 emplois.
B.P (avec AFP)