Attribution de logement en Île-de-France : les discriminations raciales persistent
Dans une enquête dont les résultats ont été dévoilés ce mardi 7 mai, SOS Racisme constate que les personnes d'origine maghrébine ou d'Afrique subsaharienne n'ont qu' « une chance sur deux », par rapport à une personne d'origine « française ancienne », d'obtenir un logement.
Des discriminations de la part de propriétaires
Ce chiffre fait suite à un testing mené par l’association, qui a réalisé 250 tests depuis octobre en envoyant des demandes à des annonces postées par des propriétaires privés sur les sites immobiliers de type Le bon coin et PAP. L’association a ensuite mesuré le taux de retours positifs (proposition de visite, demande de pièces complémentaires...).
Selon cette enquête, les profils « d'origine française ancienne » ont obtenu le plus grand nombre de retours positifs (48%), suivis de près par les personnes d'origine asiatique (46%). Le taux de réponse diminue en revanche pour les profils d'Outre-mer (31%), maghrébins (15%) et d'Afrique sub-saharienne (12%), selon l’association.
« Cela signifie que plus d'une personne sur deux peut potentiellement se voir refuser la visite d'un logement ou l'accès à un logement en raison de son origine présumée, et ce bien qu'elle remplisse toutes les conditions de solvabilité », souligne SOS Racisme.
« Le taux de réponse est encore plus bas pour les jeunes actifs et les étudiants, mais là aussi les discriminations en raison de l'origine sont réelles et se retrouvent dans les mêmes proportions, quel que soit le prix du loyer », ajoute l’association.
… régulièrement appliquées par les agences immobilières
Autre test réalisé : l’association a appelé 90 agences immobilières d'Île-de-France en se faisant passer pour un propriétaire fictif souhaitant sélectionner les dossiers en écartant « les profils dits arabes ou noirs afin d'éviter les problèmes de voisinage ».
Même si plus de la moitié d'entre elles a rappelé que la loi interdit toute forme de discrimination, « 51% des agences immobilières acceptent des pratiques discriminatoires, 27% d’entres elles acceptant de procéder à cette sélection et 24% laissant le propriétaire la faire lui-même », constate SOS Racisme.
Face à ces résultats, l’association réclame l’instauration d’un dossier anonyme et une formation obligatoire à la non-discrimination pour les professionnels de l’immobilier, ainsi qu’un renforcement des sanctions pénales.
Estimant ces discriminations « beaucoup trop nombreuses et récurrentes », le ministre de la Ville et du Logement Julien Denormandie a indiqué qu'il recevrait « les acteurs, les agences immobilières, les associations de propriétaires mais aussi le défenseur des droits pour continuer de trouver des actions complémentaires qui permettent de lutter contre ces discriminations »
Ian Brossat, adjoint (PCF) au Logement à la mairie de Paris a également réagit ce jeudi 9 mai, jugeant « inacceptable » que certains réseaux donnent suite et accompagnent une demande explicitement discriminatoire et raciste d’un propriétaire. Ce dernier a rappelé que les personnes se rendant coupables de ce genre de discrimination encouraient jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Incriminé, le réseau ERA Immobilier réagit
« ERA Immobilier impose, tout au long de l’année, des formations sur la déontologie et l’éthique professionnelle auprès de ses franchisés et rappelle ouvertement qu’aucune discrimination ne peut être tolérée », ajoute le réseau.
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C.L (avec AFP)
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