Projet de décret sur le préventif anti-termite : une incohérence pour les applicateurs
Depuis le 1er novembre 2007, la réglementation impose de nouvelles mesures pour protéger les constructions neuves contre les risques d’infestation par les termites souterrains. Ainsi, dans les départements où ont été publiés un arrêté préfectoral déclarant tout ou partie du département infesté par les termites ou susceptible de l’être à court terme, tous les bâtiments neufs doivent être protégés contre l'action des termites. Une barrière anti-termites, à titre préventif, doit être installée.
Carte detaillant les départements termités en France
Un maillage large pris selon le principe de précaution sur lequel propose de revenir Cécile Duflot suite à la concertation « Objectifs 500 000 », dans un souci de simplification réglementaire pour « rendre les règles proportionnelles aux enjeux ». Il a donc été proposé d'affiner la maille du zonage de la réglementation « termites » pour les bâtiments neufs et éviter une approche purement administrative.
Une annonce qui a étonné la plupart des applicateurs spécialisés dans les traitements anti-termites, comme Julien Drouchaux, dirigeant d'Axxion, qui est devenu le porte-parole d'une trentaine d'applicateurs du Grand Ouest. « Ce qui nous a le plus étonné dans cette annonce, c'est que personne de notre secteur, comme le FCBA ou Qualibat, n'a fait partie du groupe de travail « Objectifs 500 000 », et que l'on puisse proposé ça ! » peste Julien Drouchaux.
Le curatif ou le préventif ?
L'arrêté du 27 juin 2006 modifié, relatif à l’application de articles R.112-2 à R.112-4 du code de la construction et de l’habitation, a provoqué la confusion entre le curatif et le préventif à l'époque. « Nous nous sommes tous tournés vers le préventif en faisant passer notre activité préventive de 10%-20% à 70% en 2012. Ce gros travail de sensibilisation nous a permis d'embaucher et voilà que cette décision tombe et remet ce modèle en question » se désole Julien Drouchaux.
Ce chef d'entreprise a surtout du mal à comprendre pourquoi la prévention termite se retrouve visée « alors qu'elle ne représente que 0,06 % du coût de la construction (400 € aujourd'hui contre environ 1000 € il y a six ans) quand on sait qu'un traitement curatif coûte près de 5000€ ». Une proposition émise alors queles matériaux à base de cellulose, pour les constructions BBC par exemple ou pour l'ITE, se développent. « La ministre prévoit d'arrêter le traitement préventif anti-termite pour des matériaux encore plus propice pour le termite, une véritable incohérence pour nous » précise Julien Drouchaux.
A terme, 2000 à 3000 emplois seraient menacés estime Julien Drouchaux, qui a envoyé un courrier au ministère cette semaine. « Mais surtout », insiste-t-il, « si cette décision est appliquée, ce sont les consommateurs qui trinqueront et qui n'auront pas le choix de payer un traitement curatif coûteux alors qu'actuellement, le traitement préventif prévu dans la garantie décennale leur assure en cas d'infestation un traitement gratuit ».
Bruno Poulard