Corruption : le président de la Métropole européenne de Lille face à la justice
Damien Castelain, qui occupe la présidence de la Métropole de Lille depuis 2014, est accusé d'avoir profité, alors qu'il était vice-président de la métropole dans les années 2010, de privilèges liés à la construction par Eiffage du Grand Stade de Lille. Il aurait reçu plus de 17 000 euros de pierres bleues livrées par le constructeur, destinées à l'aménagement de sa terrasse personnelle.
Le dossier du Grand Stade, dans lequel M. Castelain et cinq autres personnes avaient été mises en examen pour des actes allant de la corruption au trafic d'influence, a abouti à un non-lieu, mais l'ombre des allégations de corruption continue de planer.
En plus de ces accusations, l'élu est également jugé pour des dépenses contestées révélées par le site d'investigation Médiacités en 2018. Selon les informations divulguées, des notes de frais auraient été utilisées pour des achats de parfums et des séjours dans des hôtels de luxe.
Une enquête ouverte pour détournement de fonds publics et recel
Le parquet a ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds publics et recel suite à une plainte déposée par le militant anti-corruption Eric Darques et un signalement de l'association Anticor. L'Agence française anticorruption (AFA) a également relevé des « irrégularités » dans un rapport dévoilé par Médiacités.
En réponse à ces accusations, l'avocate de Damien Castelain, Florence Rault, a déclaré en 2019 que son client avait remboursé « l’intégralité des notes de frais » signalées par l'AFA, via « un don » de plus de 20 000 euros à la MEL. Cependant, elle a affirmé que ce remboursement ne constituait pas un aveu de culpabilité.
Outre les accusations directes, M. Castelain est également accusé d'avoir fait prendre en charge par la MEL les frais d'avocat pour sa défense dans le dossier du Grand Stade, ainsi que pour les conditions d'embauche d'une conseillère presse, recrutée sans respecter les règles des marchés publics.
« Il a donné un marché public à sa voisine, qui avait travaillé auparavant au même poste et a défini elle-même le cahier des charges », a souligné Eric Darques, partie civile au procès, lors d'un entretien avec l'AFP.
Aux côtés de M. Castelain sur le banc des prévenus, se trouvent l'ancien directeur général des services de la MEL, Bruno Cassette, aujourd'hui sous-préfet d'Aix-en-Provence, jugé pour complicité de prise illégale d'intérêts et atteinte à la liberté d'accès aux marchés publics, ainsi que l'ex-conseillère presse de la MEL, poursuivie pour recel.
Marie Gérald (avec AFP)
Photo de Une : Linkedin - ©Damien Castelain