La contrainte majeure de la survie de la planète passe par le Bonus-malus ou un changement de moeurs ?
Compte-tenu "des tensions actuelles sur le pouvoir d'achat", la "taxe pique-nique", qui aurait été appliquée sur les assiettes et verres jetables, est purement et simplement abandonnée.
La décision est un rappel à l'ordre pour le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo, au moins sur la forme. Le ministre paye les flottements de ces dernières semaines, peut-être aussi un excès de confiance quant aux arbitrages présidentiels sur ce dossier.
Depuis des mois, une lutte sourde -et parfois sournoise- oppose ses services à ceux de Bercy, dans un climat de restrictions budgétaires. En filigrane, elle reflète aussi des désaccords avec Matignon qui s'agace de l'énergie incontestable déployée par Borloo, qui plaide pour un changement de paradigme et la prise en compte d'un "prix écologique". "Je sais bien qu'il y a des résistances au sein même de l'exécutif. Il y avait du côté du Premier ministre (François Fillon) des réticences sur la loi OGM, elles se reproduisent", résume Nicolas Hulot. "Pour l'heure, ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui pose problème", ajoute-t-il, rappelant quand même qu'il avait promis comme candidat de "doubler la fiscalité écologique environnementale", et qu'il y a "de la marge".
Certes le bonus-malus n'est qu'un des outils d'un processus qui se poursuit sur de nombreux fronts (logement, transport, biodiversité, etc). Mais le report de son extension est un signal qui n'est pas anodin sur un sujet qui rencontre de fortes résistances au sein de la majorité. Et certains craignent que la semaine écoulée n'entame la relation mise en place dès l'origine entre cinq acteurs pas forcément habitués à travailler ensemble : Etat, collectivités locales, ONG, patronat et syndicats.
"Si cette décision sur le bonus-malus devait se répéter sur d'autres dispositions, ce serait un satisfecit donné à la logique du lobbying contre la logique du Grenelle qui est celle de la négociation", estime Arnaud Gossement, parole-parole du réseau France Nature Environnement, stigmatisant les déclarations "de certains membres du Medef". Le projet de loi "Grenelle 1", qui fixe la feuille de route, sera examiné au Parlement à partir du 6 octobre. Le "Grenelle 2", sa déclinaison technique, secteur par secteur, devrait être transmis dans les jours qui viennent au Conseil d'Etat.
Pour Nicolas Hulot, qui dénonce les "préjugés gigantesques" de certains parlementaires sur le sujet, les débats des semaines à venir constitueront un test crucial pour une initiative qui "n'est pas la panacée" mais a la mérite d'avoir "donné un élan". "Si, dès la première étape importante, on ne parvient pas à montrer un signe fort à la société, qui se traduise par un vote unanime à l'Assemblée nationale, c'est à désespérer", dit-il.