Vers une démocratisation des transactions immobilières en cryptomonnaies ?
Visites virtuelles, intelligence artificielle, smart home, ou encore transactions en cryptomonnaies. Avec l’arrivée du numérique, le secteur de l’immobilier a subi une véritable révolution digitale. La crise sanitaire survenue début 2020 a par ailleurs accentué l’utilisation du numérique dans le secteur, comme c’est le cas par exemple avec la démocratisation des visites de logements en réalité virtuelle.
Un moyen sécurisé et rapide d’acheter un bien immobilier
Cependant, les visites de logements ne sont pas les seules à se moderniser, puisque les transactions immobilières commencent également à le faire. Bien qu’elles en soient encore qu’à leurs prémices en Europe, les transactions en cryptomonnaies pourraient devenir un moyen de paiement comme un autre, pour une personne souhaitant acheter un bien immobilier.
Pour rappel, les cryptomonnaies sont une monnaie 100 % numérique, indépendante de tout système bancaire ou instance gouvernementale. Liée à un système de cryptage, elles reposent sur la technologie de la blockchain, qui permet de garantir la fiabilité et la traçabilité des transactions. Les cryptomonnaies sont donc entièrement virtuelles, et peuvent être stockées dans un portefeuille numérique protégé par un code secret appartenant à son propriétaire. Parmi les plus connues d’entre elles, figurent par exemple le Bitcoin et l’Ether.
Dans son rapport « immobilier 3.0, de la pierre papier à la pierre crypto », publié au mois de mai 2022, Florian Freyssenet, cofondateur de la communauté crypto The Diggers, leur prédit un très grand avenir dans le secteur de l’immobilier, puisque qu’elles présenteraient selon lui un bon nombre d’avantages.
Tout d’abord, le fait que les échanges en cryptomonnaies s’appuient sur une technologie comme la blockchain garantit à ce type de paiement des transactions hautement sécurisées et infalsifiables. En effet, la trace de chaque transaction est enregistrée pour toujours au sein d’un grand « livre de compte » consultable par tous les utilisateurs, et offrant ainsi à tout le monde la possibilité d’obtenir facilement la preuve de son achat. De plus, le marché des cryptomonnaies est ouvert jour et nuit et permet aux transactions de s’effectuer très rapidement. Autant de points forts qui font dire à Florian Freyssenet que de plus en plus de ventes ou même de locations immobilières s’effectueront via des cryptomonnaies dans le futur.
La France en retard sur les autres pays
Les transactions immobilières en cryptomonnaies ont même d’ores et déjà débuté dans certains pays. Pour l’instant, la plupart des transactions ont lieu aux Etats-Unis, au Canada et en Amérique du Sud, mais le phénomène s’observe également en Europe depuis quelques années. En 2017, le premier achat en cryptomonnaies a par exemple été réalisé en Ukraine lors de la vente dun appartement de Kiev pour 60 000 Ethers. Cette année, un appartement s’est également vendu pour 3 Bitcoins au Portugal, soit environ 110 000 euros au moment de la signature.
En ce qui concerne la France, la possibilité d’utiliser des cryptomonnaies lors de transactions immobilières reste encore assez ambigüe. D’un côté, elles ne bénéficient d’aucune reconnaissance officielle, tandis que d’un autre, légalement, rien n’impose d’acheter un bien ou de payer son loyer dans une monnaie particulière. En effet, ni l’article 1728 du Code civil, ni l’article 7 de la loi du 6 juillet 1989 ne prévoient un règlement du loyer en euros.
Une première transaction immobilière avait tout de même eu lieu en 2019, avec l’acquisition d'un hôtel particulier situé à Boulogne-Billancourt, pour un total de 6,5 millions d'euros payés sur la blockchain Ethereum. Depuis, aucune transaction n'a fait l'objet d'une communication officielle, bien qu'il soit possible que des particuliers aient réalisé une transaction en cryptomonnaies sans communiquer dessus. En avril dernier, un propriétaire parisien avait par exemple mis son appartement en location pour la somme d’un Ether par mois.
Cependant, certaines problématiques subsistent encore aujourd’hui et empêchent la démocratisation des transactions immobilières en cryptomonnaies. D’abord pour ce qui est de l’imposition, puisque le paiement de l'impôt et des droits de mutation, doivent quant à eux être versés en euros au fisc. Mais également au niveau de la valeur des cryptomonnaies, car contrairement aux autres marchés financiers, celui des cryptomonnaies est relativement très instable.
Robin Schmidt
Photo de une : Adobe Stock