Pour la FNAIM, le gouvernement ne prend pas la crise du logement au sérieux
Les ventes de logements sont au plus bas depuis plus de 50 ans, les prix sont à la baisse dans les plus grandes villes de France, le pouvoir d’achat des Français est en berne… Bref, tous les signaux sont au rouge pour le marché de l'immobilier, et pourtant, à l’heure actuelle, aucun ministre du Logement n’a encore été désigné, presque une semaine après le remaniement ministériel. Un constat inquiétant pour la FNAIM, qui fustige l’instabilité dont est victime le ministère du Logement. Si un nouveau ministre est nommé, il y aura eu pas moins de six ministres différents à ce poste en l’espace de six ans. « Un turn-over incompatible avec la lisibilité et la visibilité nécessaires aux professionnels du secteur comme aux Français, à la peine pour se loger », dénonce la FNAIM.
Loïc Cantin, son président, a donc profité de ce point presse pour réitérer nombre de propositions censées apporter des réponses à la crise actuelle.
Suspendre le HCSF et réactiver la portabilité et la transférabilité des prêts
Concernant le Haut Conseil de stabilité financière (HCSF), la FNAIM plaide pour sa suspension, à titre expérimental, pour une période d’un an. « Que vient faire le HCSF dans un marché qui s’autorégule, et qui est limité par les contraintes économiques du crédit ? », questionne Loïc Cantin. « Laissons le marché opérer. Laissons les banques aujourd’hui prendre le risque du prêt, comme elles l’ont toujours fait en fonction de la typologie et du candidat de l’accession. Laissons plus de souplesse dans une période difficile », demande le président de la FNAIM.
M. Cantin prêche également, comme la FNAIM l’avait déjà fait il y a un an, pour la réactivation de la portabilité et la transférabilité des prêts. « Cette technique permet d’accompagner momentanément des Français face à un crédit plus cher. On demande à minima qu’il y ait une portabilité au moins sur une période de deux ans. Faisons l’essai », propose Loïc Cantin.
Il ajoute : « Les banques voient cela d’un mauvais œil, mais rappelons-nous la crise des subprimes. À l’époque, l’État avait accordé une garantie auprès des banques françaises et une vraie capitalisation de ces dernières, notamment pour les plus importantes d’entre elles. Est-ce qu’on ne peut pas imaginer avoir une solidarité républicaine dans un moment comme celui-ci ? De simplement venir au secours de ménages qui demandent à conserver un prêt qui leur avait été accordé à un taux préférentiel ? ».
Lever les freins à la rénovation énergétique
Afin de répondre au mieux à l’urgence climatique, la FNAIM préconise de modifier la loi Climat et Résilience pour sécuriser les bailleurs. La fédération milite pour que la non-décence énergétique ne s’applique qu’aux logements loués « à compter » du 1er janvier 2025 et non « à effet » au 1er janvier 2025. Les baux reconduits tacitement ou renouvelés ne seraient alors plus visés par cette interdiction, ce qui est le cas aujourd’hui. « C’est important pour éviter des actions judiciaires en cascade de la part de locataires à l’encontre de propriétaires », justifie M. Cantin.
Afin d’accélérer et de massifier les travaux de rénovation énergétique, il est également primordial d’accélérer la formation, et que le nombre d’entreprises qualifiées pour mener à bien ce genre de travaux augmente. « Il faut multiplier par quatre le nombre d’entreprises qualifiées RGE pour atteindre les objectifs. Le nombre de ces entreprises est stable, voire baisse, et de façon régulière. Il faut changer cela si nous voulons atteindre les objectifs fixés », explique Loïc Cantin.
Différentes échéances vont arriver pour pimenter encore plus le quotidien de la FNAIM, qui aura fort à faire avec notamment un projet de loi « décentralisation » et politique du logement, ou encore la mission sur la fiscalité du logement.
Jérémy Leduc
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