Les mises en vente de logements neufs en chute libre au 1er trimestre 2024
« Je suis un peu l’oiseau de mauvais augure. À chaque fois, je crois qu’on a touché le fond de la piscine, mais malheureusement, on continue d’avoir des chiffres catastrophiques, cataclysmiques », a déploré Pascal Boulanger, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI), en introduction de la conjoncture trimestrielle.
Comme annoncé en février dernier, la crise de l’offre fait désormais suite à la crise de la demande.
Les mises en vente chutent de plus de 40 % au T1 2024
Ainsi, au premier trimestre 2024, les mises en vente de logements neufs ont chuté de 41,2 % par rapport à un an plus tôt, atteignant un plafond bas de 11 656 logements mis en vente, soit des chiffres qui ont été quasiment divisés par 3 en 6 ans, selon le président de la FPI. « Ce sont autant de logements qui ne seront pas livrés dans 5 ans », souligne la fédération.
La FPI constate que les promoteurs ne mettent plus de logements en vente notamment car les délais d’écoulement ont explosé. Ainsi, toutes les grandes métropoles françaises présentent des délais d’écoulement supérieurs à un an. La moyenne dépasse même les 30 mois à Lille (plus de 39 mois), Nantes, Rennes, Rouen, Lyon, ou encore Bordeaux.
Un allongement des délais d'écoulement. Source : Observatoire de l'immobilier de la FPI
Côté demande, les réservations baissent de -15,4 % par rapport à un an plus tôt, pour un total de 19 135 logements réservés, contre 30 511 en 2020, qui était pourtant l’année du Covid.
Une désertion des investisseurs
Dans le détail, les ventes aux investisseurs ont chuté de 39,9 % par rapport à un an plus tôt, ce qui laisse présager une baisse de l’offre locative dans les années à venir, alors que la crise du logement est déjà prégnante en France.
D’un point de vue macro-économique, la FPI constate que l’investissement des ménages a chuté de 7 % en 2023, et que les prévisions annoncent encore -4 % pour 2024.
Selon la fédération, la fin de la crise immobilière ne serait pas pour tout de suite dans le neuf. « Le jour où il y aura une reprise de la demande, on sera bloqués par le manque d’offre », a par ailleurs déploré le président de la FPI.
Parallèlement, les prix de vente des logements neufs, eux, ne baissent pas, et continuent même d’augmenter légèrement, avec +1,9 % au premier trimestre 2024. « Les prix du neuf ne baisseront pas, ou peu », prédit une nouvelle fois Pascal Boulanger.
Faisant référence aux plans de sauvegarde de l’emploi (PSE) annoncés par certains majors tels que Nexity ou Bouygues Immobilier, le président de la FPI craint une perte « de matière grise et de bras », notamment pour les métiers nécessitant des années d’expérience sur le terrain, avec toujours 300 000 emplois menacés, dont 150 000 dans le bâtiment.
Des mesures plus fortes attendues
Interrogé sur ses échanges avec le gouvernement, le président de la FPI a estimé que Guillaume Kasbarian, nouveau ministre du Logement, et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, étaient à l’écoute et tentaient d’aider. « Mais dès que ça monte des étages, ça coince », a-t-il regretté.
Et de conclure : « On nous propose des mesurettes, un plan logement ouvert à la simplification. C’est bien, ça va dans le bon sens, mais ça n’est vraiment pas du tout à la hauteur des enjeux et de la catastrophe ».
Claire Lemonnier
Photo de une : Adobe Stock