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Renodays : « On ne peut parler de durable sans parler de rénovation »

Publié le 04 septembre 2023

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C’est la rentrée. Les écoles rouvrent leurs portes, y compris l’École des Ponts. En plus d’accueillir plus d’étudiants dans ses rangs, l’établissement spécialisé dans l’ingénierie du BTP se montrera sur le salon Renodays. Le point sur son programme et sa vision sur la rénovation énergétique.
Renodays : « On ne peut parler de durable sans parler de rénovation » - Batiweb

Fin mars, l’organisateur d’événements RX France révélait le programme de son salon Renodays. Pour cette première édition, différents espaces seront déployés, dont celui Nouvelles Générations. Comme son nom l’indique, ce lieu sera dédié à des ateliers, des conférences et des meet-ups, afin d’attirer de nouveaux talents vers la rénovation énergétique. 

L’occasion de « mettre en lumière toutes les facettes et toutes les complémentarités de différents profils », nous défend Géraldine Trippitelli, responsable Marketing et Communication du pôle Formation Spécialisée de l’École des Ponts.

L’établissement, qui forme en grande partie à l’ingénierie du BTP, développe depuis une cinquantaine d’années des formations continues répondant à l’actualité des métiers. « Et dans cette partie pôle spécialisé, on reçoit des personnes qui sont, pourquoi pas, des ingénieurs des ponts, mais aussi des gens qui viennent de tous les secteurs bac+5, mais qui ont 5 ans, 10 ans, 20 ans d’expérience et qui viennent se former pour avoir d’autres possibilités », poursuit Dominique Naert, directeur du mastère Immobilier et Bâtiment Durables.


Du génie civil au bâtiment en passant par le BIM, une diversité de cursus mis en avant

 

Ledit cursus « accueille des gens qui sont déjà dans la vie professionnelle et qui veulent monter en compétences, atteindre des objectifs, etc », nous décrit Dominique Naert. Il peut donc s’agir d’un étudiant employé en bureau d’études une mise à jour, comme d’un professionnel des ressources humaines voulant se former aux questions de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). 

« J’essaie d’avoir toujours chaque année un ouvrier ou un artisan du bâtiment, ou un entrepreneur du bâtiment. Le principe c’est qu’un melting pot se fasse, une sorte de think tank, où tout le monde se retrouve et comprend la problématique de l’autre », souligne-t-il, avant d’ajouter : « C’est quelque chose de très complet et qui forme des managers, des gens qui vont prendre des décisions et ont toutes les billes pour prendre les meilleures décisions. À chaque fois qu’un cours se déploie, systématiquement, on parlera de rénovation ».

Et la rénovation s’invite également sur l’ensemble des mastères spécialisés dispensés par l’École des Ponts. « En plus de l’immobilier et le bâtiment durables, il y a le BIM, l’architecture paramétrique, un programme en anglais qui s’appelle digital building design. On forme aussi sur le génie civil des grandes ouvrages pour l’énergie, l’éco-conception, sur les transports », nous énumère Geraldine Trippitelli. Les formations durent entre 12 et 18 mois, comprenant des périodes d’ateliers - dont sur la fresque du climat -, d’alternance mais aussi des thèses professionnelles. 

Un ensemble de programmes que l’École des Ponts tend à présenter sur l’espace Nouvelles Générations, à travers des tables rondes et conférences, entre intervenants et élèves. « Et pas seulement les diplômés de l’École des Ponts, parce qu’on a aidé l’équipe de RX à se coordonner pour inviter d’autres écoles pour avoir aussi une vision plus globale, avec aussi les CFA, le CNAM et l’ESTP, avec laquelle on offre un autre master spécialisé, celui sur le BIM, donc vraiment le numérique. On montrera aussi le double cursus ingénieur-architecte avec l'École d'architecture de la ville & des territoires Paris-Est (EAVT) qui présentera la rénovation sous l’angle du bioclimatique », nous précise la responsable Marketing et Communication du pôle Formation Spécialisée de l’École des Ponts.

Encourager davantage la rénovation dans la formation


Si la rénovation s’invite de plus en plus dans les formations, la tendance est toute récente. « Depuis deux ans, on commence à avoir du durable dans tous les mastères. C’est quelque chose de nouveau. Notre mastère a été créé en 2012, en direction du développement durable. Ce qui veut dire qu’on ne peut parler de durable sans parler de rénovation, c’est impossible », nous confie Dominique Naert.

« Aujourd’hui, à l’École des Ponts, on commence à réfléchir à toutes les problématiques, y compris construction terre, construction paille… Mais l’école d’ingénieur est encore tournée davantage vers la dimension construction, plutôt que rénovation », nous évoque le directeur du mastère Immobilier et Bâtiment Durables. 

« C’est vrai qu’il faut aussi montrer une partie du métier qui est attractive : le réemploi, la réhabilitation des locaux dans d’autres domaines, la rénovation… Le numérique peut aider aussi à optimiser la rénovation énergétique sur l’isolation, les simulations. Je me rappelle d’une thèse qui montrait comment réduire les îlots de chaleur urbains en rénovant les bâtiments », pense de son côté Géraldine Trippitelli. 

« Je pense que les Renodays vont être l’occasion de beaucoup d’échanges et de montrer des innovations ou des nouvelles manières d’aborde le métier et de former qui sont instructives », soutient-elle. 

Un artisan du bâtiment suivant le mastère Immobilier et Bâtiment Durables présentera également sur le salon une plateforme, visant à faciliter les démarches d’une entreprise du bâtiment lors de travaux de rénovation énergétique. « Dans une entreprise artisanale, celui qui est le plus compétent et le plus efficace c’est justement celui qui ne peut plus travailler. Et donc la plateforme permet de gérer toutes les problématiques administratives », justifie Dominique Naert. 

L’outil cherche à réunir au même endroit les informations et éviter de répéter de manière chronophage les mêmes procédures pour une demande d’autorisation auprès de la mairie, par exemple. « Ça va jusqu’à la carte d’identité du logement. Ça va jusqu’à la gestion des documents pour renouveler par exemple sa certification RGE », détaille le directeur du mastère Immobilier et Bâtiment Durables.

La rénovation, un problème de transversalité 

 

À l’échelle de l’École des Ponts, il n’empêche que les perspectives sur la rénovation énergétique sont « très optimistes ». « Malgré l’ambition de la tâche, on voit qu’il y a un attrait pour ce programme. Les candidatures sont en forte croissance pour ces programmes qui touchent à l’immobilier et le bâtiment durable », estime Geraldine Trippitelli. 

Et dans ce type de domaine, tout le monde doit se rattraper, y compris chez les professionnels de l’immobilier. « Même les gens de l’immobilier et les gens du bâtiment se côtoient mais ne se connaissent pas. C’est assez impressionnant d’ailleurs. En ce qui concerne l’immobilier, c’est plutôt la finance et le droit, alors qu’effectivement le bâtiment c’est plutôt l’architecture et l’ingénierie », nous livre Dominique Naert. 

Ce qui révèle une autre problèmatique dans le milieu du BTP, et plus précisément dans le chantier de la rénovation : le manque de transversalité entre les métiers. « Le gros souci c’est le manque de conscience professionnelle, le manque de coordination entre les métiers, qui fait la non-qualité sur les chantiers, et qui représentent un gâchis inouï, des sinistres inouïs, et une non-performance inouïe de ces bâtiments. Le gros problème de la rénovation énergétique, ce sont en général les interfaces et la coordination », développe le directeur du mastère Immobilier et Bâtiment Durables

« Je dis en général parce que si vous prenez les chantiers Bouygues, les chantiers Vinci, les chantiers Eiffage, ces problèmes sont résolus. Tout simplement parce qu’ils ont des coordinateurs qui fonctionnent bien, avec des systèmes et processus qui fonctionnent bien. Sauf que les majors en France, représentent 9 % du chiffre d’affaires. Quand on est sur Paris, on a l’impression qu’il n’y a qu’eux qui bossent. Mais non. D’ailleurs ce sont des ensembliers qui travaillent avec des artisans. Ça ne veut pas dire qu’on ne sait pas faire dans le bâtiment, ça veut dire qu’on ne sait pas faire dans le monde artisanal, ce n’est pas pareil », poursuit-il avant de conclure : « De toute façon, la différence entre l’économie fossile et l’économie durable : l’économie fossile est basé sur le silotage et l’individualisme. L’économie durable est basée sur l’intelligence collective, le travail collaboratif. Il faut aussi l’appliquer »

Pour Géraldine Trippitelli, « il y a un besoin de communication. C’est pour ça que les Renodays, c’est intéressant, parce que ça touche aussi les particuliers. Moi-même j’ai parlé à des artisans, dont les clients ne comprenaient pas que les travaux soient plus chers que des travaux classiques ».

« L’idée c’est justement de mettre en valeur les écoles, les systèmes de formation, de faire en sorte de montrer à chaque fois les évolutions, en tout cas les travaux de recherche que fait chaque organisme de formation et de mettre en contact les professionnels, voire les non-professionnels, avec le monde l’éducation, le monde de la formation professionnelle. Souvent les professionnels confient ou à l’Education nationale, aux CFA ou aux grandes écoles la formation des jeunes et arrivent après coup. Et ça, ça ne fonctionne pas. Il faut que tout le monde comprenne qu’on a tous intérêt de se former ensemble », abonde Dominique Naert. 

Aucune visibilité à long-terme sur les financements

 

Et qu’en est-il des problématiques de financements de la rénovation énergétique, malgré les derniers efforts déployés par le gouvernement ? « Là encore, on parle de silotage. Comme vous le savez, aujourd’hui en France, vous devez encore avoir 300 ou 400 possibilités de financements pour faire de la rénovation énergétique, en fonction des territoires. Ça veut dire tout simplement que c’est toujours un problème de cohésion, de cohérence. Il y a un manque de cohérence dans les systèmes de financements, comme il y a un manque de cohérence dans le monde de la formation, comme il y a un manque de cohérence d’avis professionnel », nous répond Dominique Naert.

« Vous allez avoir un problème pour rassembler. Les institutions bancaires ont dû mal à financer de la rénovation énergétique, tout simplement parce que ils n’aiment pas les petits montants. Et la plupart du temps, les propriétaires qui ont des problématiques  de passoire thermique, sont difficilement finançables. Tous ces sujets-là, on a dû mal à les gérer à long-terme. Une deuxième chose, c’est qu’effectivement les politiques publiques sont toujours projetées à cinq ans maximum, mais jamais à 10 ans, 15 ans ou 30 ans », étaye-t-il. 

Et ces flous financiers impactent la visibilité des entreprises du bâtiment. « Si on veut faire le métier de charpentier et qu’on sait que dans dix ans il n’y aura plus de financements pour faire travailler ces métiers-là et bien n’allez pas vers eux. La problématique, elle est là », conclut le directeur du mastère Immobilier et Bâtiment Durables.


Propos recueillis par Virginie Kroun

Photo de Une : École des Ponts

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