Le CNOA propose aux maires 10 solutions pour réussir la transition écologique
Du 15 au 22 mars prochain, les Français devront élire leurs maires. Depuis déjà un an, le Conseil National de l’Ordre des Architectes (CNOA) s’engage à faire de la « transition écologique l’axe principal de ses actions de communication et de sensibilisation ». Les architectes ont conscience que la transition écologique sera au centre des prochaines campagnes, « comme il risque de devenir l’un des postes de dépenses majeurs des collectivités ».
Pour continuer dans cette même direction, les architectes souhaitent s’engager aux côtés des élus locaux, à travailler ensemble autour de 10 solutions pour bien réussir la transition écologique. L’architecte est le plus à même d’accompagner les communes dans cette démarche car il les aide à imaginer des réponses concertées en prenant en compte la globalité des enjeux, « qu’il s’agisse d’analyser les besoins de la commune en revitalisation, rénovation, mobilité, équipements et services, ou de proposer une stratégie à long terme en fonction de la taille et de la spécificité de cette dernière ».
Identifier, analyser, définir…
Les trois premières propositions clés du CNOA sont les étapes amorcant les constructions. La première étape se base sur l’identification des ressources, des atouts et des faiblesses de chaque commune. Il s’agit d’un « état des lieux » évaluant la démographie avec une évolution sur les dix dernières années par exemple, la situation géographique, économique, culturelle, sociale et environnementale des communes, en sa basant sur l’histoire du territoire et ses relations avec les autres communes alentours en concertation avec les habitants.
À partir de cet état des lieux, il conviendrait de proposer une « méthodologie et une stratégie d’accompagnement pour structurer le projet ». Les communes pourront s’appuyer sur des architectes ou des urbanistes pour établir ensemble cette méthodologie. Dans cette seconde étape, une concertation avec les citoyens serait organisée, ils pourront exprimer les besoins « de revitalisation, rénovations, mobilité d’équipements et services pour favoriser liens et équité sur les territoires ».
Enfin, il faudrait « définir une stratégie pour la transition écologique en fonction de la taille et des spécificités de la commune ». Le Conseil National de l’Ordre des Architectes précise dans le document que la ville de demain est déjà construite, ainsi, il faut requalifier, intensifier et reconquérir les espaces existants. Dans ce cadre, la reconstruction des friches doit être envisagée, tout comme la recentralisation des espaces, à l'inverse, les élus locaux doivent limiter la construction de centres commerciaux en dehors des villes. « Bâtir une stratégie responsable et écologique pour la ville ou le village requiert de résister à la tentation de traiter les différents sujets en silos, secteurs par secteurs (transport, habitat, déchets, agriculture, etc… séparément les uns des autres) ou en fonction des outils réglementaires ou opérationnels existants».
Selon Christine Leconte, architecte « si on ne raconte pas un récit collectif de l’écologie on n’arrivera pas à mettre les gens d’accord sur le chemin à parcourir collectivement. Il faut que les élus construisent ce récit écologique, cette vision commune, en amont de tout projet, avec des spécialistes et avec les habitants ».
Amplifier, développer et maîtriser
Selon le CNOA, la transition écologique passe par l’amplification de la rénovation énergétique des logements existants et des équipements publics. Cependant, il précise que l’amélioration seule de la performance thermique des bâtiments est insuffisante, il faut « rechercher du côté de la rénovation du parc de bâtiment existant qui est en France vieillissant ». Si la rénovation du parc bâti est une bonne première piste, l’Ordre des Architectes conseille une « massification des opérations » : « dans le domaine du logement, en particulier individuel, seule la massification des opérations à l’échelle d’un quartier permettra d’observer des résultats significatifs ». Pour cela, une collaboration avec les maires, qui apporteront leurs connaissances du patrimoine communal est préconisée.
Il est également recommandé de « développer l’offre du logement », de l’adapter aux besoins du territoire, de diversifier cette offre de logements pour favoriser la mixité sociale. Le Conseil National de l’Ordre des Architectes explique « que l’habitat privé du centre-ville souffre d’un sous-investissement et se dégrade », pour prévenir cette dégradation, les communes doivent inciter les propriétaires à agir. Le CNOA précise que « des audits menés par des professionnels sont nécessaires ».
Ces mesures passent avant tout par « la maîtrise du foncier », une « ressource rare ». Cette absence de maîtrise constitue un « frein ». Cette maîtrise « devra se saisir de tous les outils à disposition de la commune, qu’ils soient réglementaires (zonage au niveau du PLUI, objectifs au niveau du SCoT) ou opérationnelles (droit de préemption, programmation urbaine, etc.) ». Dans ce même cadre, il est nécéssaire de rendre les centres-villes à nouveau désirables en proposant une mixité du parc bâti (commerces, logements bureau) à l’intérieur de ces centres-villes et non pas en périphérie.
Encourager acteurs du BTP et citoyens
Les quatre dernières clés pour réussir la transition écologique s’articulent tout d’abord autour de l’économie circulaire aux travers de filières courtes et du recyclage de matériaux. Mais mettre en place les éléments de cette économie circulaire « implique d’identifier les ressources et les synergies potentielles pour les économiser et les recycler ». Le CNOA conseille donc le recours aux artisans, permettant de valoriser leur savoir-faire, et souhaite préparer à la RE 2020. « Prendre en compte le cycle de vie d’un projet est nécéssaire pour minimiser ses impacts environnementaux et disposer d’une estimation du coût énergétique global ».
L’expérimentation est également encouragée. Elle permet de tester des solutions innovantes grâce à des procédures dérogatoires permettant d’accompagner les élus souhaitant faire des expérimentations. Ainsi, les acteurs de la construction peuvent collecter, analyser et partager l’information, favorisant ainsi les retours d’expériences et la validation de la pertinence d’un projet.
Les citoyens des différentes communes doivent eux aussi devenir des acteurs engagés pour réussir la transition écologique. Le CNOA décrit la participation des habitants comme un outil « pour concevoir des projets mieux adaptés aux usages » et un élément de « sensibilisation à la diversité des enjeux écologiques ». Les habitants étaient souvent sollicités via des consultations formelles, désormais, « la participation prend de nouvelles dimensions et a aujourd’hui pour objectif la co-construction des projets, et peut aller jusqu’à l’autopromotion et l’autogestion ».
Enfin, la mise en place de chartes locales, un moyen à disposition des élus locaux, est considérée par le CNOA comme un moyen efficace pour réaliser les objectifs précédents. Ces chartes peuvent être définies autour de thématiques comme par exemple : la qualité architecturale ou la commande publique. Ces chartes permettront d’engager tous les acteurs autour d’objectifs communs. « Elles offrent une lisibilité et un accord des parties sur les objectifs de transition écologique. Il s’agit en effet aussi de dépasser des divergences d’intérêt en fixant un cadre d’intention commun à moyen et long terme ».
L'ensemble de ces 10 clés, promettant un partenariat entre les acteurs du bâtiments et les collectivités, devrait permettre de mieux réussir la transition écologique en France.
J.B
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