« Proposer des produits qui s'intègrent mieux »
Julien Masson : Nous sommes parmi les premiers à avoir importé cette technologie en France. Il s'agit d'adapter la puissance du compresseur dans un système de chauffage-climatisation thermodynamique, qu'on peut aussi appeler pompe à chaleur. Le compresseur est l'élément maître du système, c'est lui qui récupère la chaleur et la transfère dans la partie à chauffer ou refroidir. L'idée est donc d'adapter la puissance du compresseur aux besoins réels au lieu de pratiquer un fonctionnement marche/arrêt, dont les conséquences ne sont pas très bonnes. Comme sur une automobile, un moteur qui s'arrête trop souvent s'abîme plus vite. C'est donc un avantage en terme de pérennité du compresseur mais aussi en termes de consommation. En effet, plutôt que de fonctionner toujours à 100% on peut adapter la puissance du compresseur, généralement de 30 à 100. C'est donc plus économique, plus confortable.
En quoi consiste votre concept baptisé « System Free » ?
C'est une gamme de systèmes de climatisation, réversibles uniquement, donc pouvant être associés à des pompes à chaleur, à détente directe. C'est à dire qu'on a un circuit frigorifique entre un groupe extérieur et des unités intérieures dans lequel circule un gaz – du R410a chez nous. Le principe est d'avoir un parfait échange entre les unités intérieures qu'on peut raccorder soit sur des groupes pour climatiser ou chauffer une seule pièce ; ou des systèmes complets permettant de traiter des ensembles de bureaux, hôtels, commerces, etc. Chez nous, on peut aller jusqu'à 32 unités intérieures sur le même groupe extérieur. Toute cette gamme est déclinée en différents types de groupes extérieurs avec des puissances différentes, avec des particularités. Les groupes centrifugent peuvent être placés à l'intérieur des locaux. Dans le cas d'une ville avec des bâtiments classés, cela permet de ne pas avoir de groupe extérieur accroché aux façades, ce qui est intéressant au niveau esthétique.
Vos produits s'orientent vers de petites dimensions...
Aujourd'hui il y a plusieurs éléments importants auxquels le client-utilisateur est vraiment attaché et pour lesquels il y a une réelle attente. Vu le contexte actuel, la tendance est aux économies d'énergie. Pouvoir réaliser d'importantes économies tout au long de l'année est un premier critère. Un deuxième critère concerne la préservation de l'environnement. Pouvoir proposer des solutions plus écologiques est important. Il y un troisième aspect qui est la gêne, qu'elle soit visuelle ou sonore. Il faut donc pouvoir proposer des produits qui puissent mieux s'intégrer dans l'environnement extérieur comme intérieur. Il faut qu'ils s'intègrent au niveau esthétique mais aussi en termes de niveau sonore, de bruit ambiant. On parle de plus en plus de pollution sonore, plus on peut réduire ce type de pollution, mieux c'est. On travaille donc sur l'encombrement des machines, des groupes extérieures mais aussi des unités intérieures. On travaille aussi l'intégration pour que ce soit plus esthétique. Quant au niveau sonore, on travaille sur des compresseurs rotatifs, qui permettent de diminuer les vibrations, avec des pales de ventilateurs étudiées en soufflerie pour réduire le bruit au niveau de l'air, avec des grilles de soufflage, etc.
Comment gagner en place sans perdre en puissance ?
Il y a bien entendu beaucoup de recherche de faite au niveau d'Hitachi. C'est aussi du fait de l'expérience et d'ingénieurs qui travaillent sur le principe. L'idée n'est pas uniquement de réduire le niveau sonore et les dimensions mais toujours pouvoir proposer des puissances qui correspondent au marché. Logiquement, plus on réduit les dimensions, plus on réduit les performances. Aujourd'hui c'est un peu le challenge qu'il y a à relever : proposer des produits toujours plus compactes mais toujours plus performants. C'est comme dans l'électronique avec la puissance des clés USB qui augmentent alors que leur taille se réduit. Les progrès que l'on peut faire passent essentiellement via l'électronique, Hitachi à l'origine est un industriel réputé pour l'électronique. On en fabrique dans tous les domaines d'activité sans forcément être visible puisqu'on est intégré dans les produits d'autres marques. On bénéficie de cette expérience pour optimiser le fonctionnement de nos produits climatisation et pompes à chaleur. Cela permet d'arriver à diminuer radicalement les dimensions tout en préservant les performances.
Toute la R&D et la fabrication se font elles au Japon ?
En France non. Nous avons une usine en Europe, à côté de Barcelone en Espagne. Elle ne travaille que pour le marché européen et ne produit que des pompes à chaleur pour le résidentiel et le tertiaire. Il y a à Barcelone un centre de R&D (recherche et développement) qui est plus dans l'adaptation des produits au marché européen plutôt qu'un réel centre de développement nouveaux produits. Même si par exemple notre dernière pompe à chaleur air/eau – qui est sortie en octobre 2008 – a été développée à Barcelone. Mais grosso-modo les produits sont développés au Japon et fabriqués en Europe.
Hitachi fêtera ses 100 ans l'année prochaine, qu'y a-t-il de prévu ?
Nous avons plusieurs idées mais tout n'est pas encore validé... c'est trop tôt pour en parler. Connaissant nos patrons japonnais, il y aura certainement des choses d'organisées. Ce qu'on voudrait c'est faire quelque chose de coordonné et pas uniquement chaque division dans son coin. Comme on l'a fait il y a un an à la Défense dans le but de montrer ce qu'Hitachi sait faire dans beaucoup de domaines qui n'ont pas forcément de lien direct, le but est de fédérer.
Propos recueillis par Laurent Perrin