La décarbonation, grand thème des Rencontres Sécurité et Environnement de Loxam
Les enjeux liés au changement climatique étaient au cœur de toutes les discussions lors des Rencontres Loxam. Cet événement, organisé jeudi 29 juin à Meudon (92) au Hangar Y, un lieu historique et récemment réhabilité, a accueilli plus de 300 professionnels du secteur de la construction.
L’ambition ? Échanger sur le thème des chantiers responsables, plus sûrs et plus durables. « Aujourd'hui, plus personne ne conteste le bien-fondé d'une politique exigeante de responsabilité sociale et environnementale. Désormais, la problématique n'est plus la prise de conscience ou l'émergence des solutions mais le déploiement à grande échelle de nos solutions. Je suis certain que l'on peut changer nos habitudes et transformer notre environnement. À nous de vouloir un monde plus sûr et plus vert, et nous aurons un monde plus sûr et plus vert », introduit Gérard Déprez, président du groupe Loxam.
Encore des contraintes
Mais alors quela loi Climat et Résilience est adoptée depuis juillet 2021, avec notamment l'objectif décrié de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) des sols d’ici 2050, les professionnels sont unanimes : il y a encore du travail.
Pour Lionel Allaire, directeur développement durable du groupe Sade, spécialiste dans les travaux publics, « les critères environnementaux ne font pas encore la loi dans les décisions d’appels d’offres », indique-t-il, avant d’ajouter « on sera très loin du compte en 2030 et on sera très loin d’avoir diminué de 30 % nos émissions carbone ».
La loi climat nécessite des changements significatifs dans les réglementations existantes et l'adoption de nouvelles mesures législatives. Cela peut prendre du temps et entraîner des défis supplémentaires. « Les exigences techniques et réglementaires mettent la pression », commente ce dernier. Toutefois, le directeur développement durable nuance son propos, affirmant que « les solutions techniques existent, mais qu’elles nécessitent un engagement fort et une grande motivation ».
« L’adaptation au changement climatique pour le secteur de la construction est un immense champ de gain sur les émissions. Il ne faut absolument pas opposer adaptation et atténuation », commente de son côté Bettina Laville, président et cofondatrice du Comité 21, un réseau d’acteurs qui luttent en faveur de l'environnement et du développement durable. « Il y a des marges d'intervention pour les constructeurs, et ces derniers ont, non seulement une mission technique, mais une mission psychique, c'est-à-dire de prouver qu'on peut agir et qu'on n'est pas dans le désespoir du futur », insiste-t-elle.
Des exemples concrets d'innovations
« Notre métier se transforme », exprime quant à lui Franck Le Guillou, directeur Achats chez Colas, « c’est un mouvement de fond, mais il nous faut encore quelques années pour porter le poids de l’environnement dans nos actions ». Et des actions en faveur de l'environnement pourtant le secteur n’en manque pas. À l’image de Colas et Loxam, qui se sont associés à travers la gamme Loxgreen, pour étudier la faisabilité technique de la décarbonation sur les chantiers.
« Il s'agissait d'un chantier de renouvellement de branchement d'eau potable, de mise en conformité, dont la proposition consistait à faire le chantier avec du matériel et des engins 100 % électriques », explique Franck Le Guillou. Un chantier innovant donc, qui multiplie les avantages : « Au-delà des gains de gaz à effet de serre, ces dispositifs réduisent fortement les nuisances sonores », précise-t-il.
Pour Cédric Conrad, directeur développement durable chez Loxam, « c’est par ces exemples qu'on saura demain ce qui fonctionne et ce qu'on peut déployer. On parle beaucoup de carbone, et c'est vrai que pour résoudre la question du réchauffement climatique, c'est un élément clé. Pour autant, les bénéfices qu'on a aujourd'hui sont la réduction du bruit ainsi que la réduction des particules, et finalement la santé des personnes ».
Une première en France, « qui interroge et qui engage la réflexion à déployer ce type de dispositif sur des zones urbaines denses », commente le directeur Achats de Colas.
Quel avenir pour le secteur de la construction ?
La loi climat, qui encourage ainsi l'utilisation de solutions alternatives, est donc un levier d'innovation important pour le secteur.
Mais la question se pose, quelles seront les grandes innovations de la construction à l’avenir ? Une question à multiples réponses, mais pour Stéphane Hubert, ce sera « sans aucun doute l'utilisation de la data, et peut être l'IA, qui vont nous aider à modéliser encore mieux l'approche des expériences utilisateurs, c'est-à-dire être capable de capitaliser une information immédiatement et de la retranscrire à l'utilisateur avec un retour d’informations », analyse-t-il. « Ça nous permettra de savoir si on est dans la bonne direction et d’adapter nos matériels en conséquence ».
Les professionnels sont formels, le secteur est prêt, mais à condition « qu’on y aille tous ensemble », relève Cédric Conrad. « Le constat est là, le postulat est fait, les envies sont présentes. Les solutions sont également à disposition, qu'est-ce qu'on attend ? », conclut Stéphane Hubert.
Marie Gérald
Photo de une : M.G