Encore +10 % de CA pour Loxam en 2022
Après la reprise, la croissance ? C’est ce que semble le bilan 2022 dévoilé le 15 mars par Loxam. Le groupe spécialisé dans la location de matériel et outillage a enregistré à cette période 2,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Il progresse ainsi de 10 % par rapport à 2021, soit le même rythme de croissance constaté entre 2020 et 2021.
« L’année 2022 avait été pensée dans la continuité de reprise d’activité que l’on avait suite à la pandémie », a commenté en introduction Gérard Déprez, président de Loxam, à l'occasion d’une conférence de presse.
Une expansion du réseau Loxam, tant en France qu’à l’international
« Nous avons bénéficié en 2022, en France, d’un secteur du génie civil assez porteur. Et nous avons commencé nos efforts de diversification envers les PME et les artisans du bâtiment », complète Stéphane Hénon, directeur général de Loxam.
Dans le détail, la croissance est répartie entre ses pôles France (+6 %), pays nordiques (+10 %), et le reste du monde (+16 %). Sur cette dernière division, la croissance a été « particulièrement remarquable en Europe du Sud, en Europe centrale et dans les pays baltes. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, ils n’ont pas été impactés par la guerre en Ukraine. J’aurais même eu tendance à dire que c’est le contraire : il y a eu des activités de construction, d’installations temporaires, liées justement au conflit (…) qui ont généré de l’activité », abonde Stéphane Hénon. 23 agences du loueur ont ouvert dans les pays baltes, en Europe centrale et dans la péninsule ibérique.
À cela s’ajoutent des opérations d’acquisition : Ateixo Maquinaria en Espagne, R - Aluguer de Equipamentos au Portugal, et ATA Hill & Smith AB en Suède. À l’échelle hexagonale, Loxam a consolidé son réseau avec le rachat de Sofranel-SCL, dans les Hauts-de-France.
La stratégie RSE comme catalyseur de la croissance
Comme affirmé l’année précédente, le groupe de location poursuit sa stratégie RSE. En découle un premier rapport, audité en 2022, et servant de référence. Un deuxième est en cours d’audit, mais d’après les premiers retours, « 18 des 20 principaux indicateurs que nous suivons affichent une performance maintenue », confie Alice Hénault, directrice Prospective et Développement de Loxam.
On relève entre autres un recul d’accidents de travail de 15 % par rapport à 2021. Une performance s’expliquant par un recours accru à la sensibilisation, mais aussi par l’innovation. La gamme Loxsafe est porteuse de cette démarche, proposant un chariot téléscopique - fruit d’un partenariat avec Manitou et Bouygues - alertant l’utilisateur en cas de mauvais usage en termes de règles de sécurité, tout en remontant des alertes. Un appareil qui s’accompagnera en 2023 d’une nacelle électrique de 16 mètres.
Mais le cheval de bataille de Loxam, c’est la transition énergétique. « 60% des émissions de Loxam sont générées par l’utilisation de nos équipements par nos clients », précise notamment Alice Hénault. D’où l’investissement massif du groupe dans son parc, alternant tantôt conversion au biocarburant, tantôt électrification.
« C’est jamais du tout électrique », prévient toutefois Thierry Lahuppe, directeur Matériel de Loxam. Il ajoute : « Les solutions sont pour aujourd’hui et pour demain autour d’un mix énergétique ». Le loueur concentre quand même la puissance de ses équipements à moins de 100 kWh, mais fait de plus en plus la part belle à l’électrique, l’hybride diesel/électrique, l’électro-hydrogène, voire le déploiement des technologies batterie et de l’hybride solaire/diesel - en particulier pour les roulottes de chantiers. De quoi sûrement enrichir la gamme Loxgreen, dont le nombre de produits a été multiplié en 2022.
Une croissance verte qui a valu au loueur de matériel un versement de 130 millions d’euros par la Banque Européenne d’Investissement, dans le cadre de son programme InvestEU en France, inclus dans son plan d’investissement de 738 millions d’euros.
Le menace inflationniste plane…
Le verdissement du parc de Loxam n’est pas sans contrainte économique, entrainant une forte augmentation des coûts, de l’ordre de 22 % entre 2019 et 2022.
Et ce dans un contexte d’inflation et de pénuries. Les délais de livraison de fournisseurs ont ainsi quasi-triplé sur certains postes. Les coûts de l’énergie et des pièces détachées ont été inévitablement impactés, tout comme le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciation et amortissement (EBITDA), qui avait pourtant progressé de 9 %, atteignant les 850 millions euros en 2022.
« Il a progressé sensiblement grâce la hausse de nos volumes d’activité, mais aussi grâce aux refacturations de prestations de services, lesquelles sont sujettes à l’inflation. Le résultat opérationnel augmente de 10 %, et cette performance est tirée par la hausse de notre EBITDA, alors que notre charge d’amortissement, principalement sur nos matériels, a augmenté de 10 , sous l’effet de la progression des investissements », décrypte Patrick Bourmaud, directeur financier de Loxam. Et de mentionner la conjoncture DLR fin janvier, qui rapportait déjà une hausse des coûts des loueurs, notamment sur les segments énergie et traitements des déchets.
Soucieux de la santé économique de ses clients, notamment de la construction, Loxam « a constaté en France, depuis le second semestre de l’année dernière, une augmentation des défaillances de tout petits clients, qui signalent des difficultés de trésorerie, associées à des coûts d’exploitation liés à l’inflation et à des remboursements de trésorerie, face aux échéances de remboursement du PGE », explique son directeur financier.
Pour autant, Loxam se montre confiant pour 2023, qui « s’inscrit dans la continuité de 2022, à savoir une tendance porteuse d’activité. Certes les prévisions à fin 2022, sont inférieures à celles de fin 2021, mais elles restent bien orientées » prédit son président.
« En pratique, le génie civil, les travaux induits des plans de transition écologique et numérique continuent jouer en faveur de la construction. Ceci est d’ailleurs bien confirmé par les carnets de commande de nos grands comptes. En revanche, le secteur résidentiel neuf est en baisse, ce qui va affecter davantage les entreprises du bâtiment », développe Gérard Déprez.
Il convient donc pour le groupe de location de rester agile et de se diversifier. En témoigne sa cellule dédiée aux Grands Evènements Sportifs Internationaux (GESI), fondée en 2022. Celle-ci fournira notamment des systèmes d’énergie pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Virginie Kroun
Photo de Une : Loxam